En tant que président de Climate Chance, Ronan Dantec a introduit la conférence commune entre Climate Chance et la PFUE (Présidence française de l’Union européenne). À cette occasion, il a rappelé la nécessité de se mobiliser collectivement pour le climat comme pour la paix en Ukraine.
Madame la secrétaire générale de la Convention sur le climat, Chère Patricia Espinosa, qui nous fait l’honneur d’intervenir pour la deuxième fois, en ouverture du sommet Climate Chance, après Agadir en 2017 ;
Madame la ministre de la Transition écologique, Chère Barbara Pompili, avec qui nous avons une longue histoire commune, et que je remercie d’avoir accepté l’idée de ce moment partagé – qu’il n’était pas si facile d’organiser –, ces deux jours d’échange entre les acteurs non étatiques que fédère Climate Chance et les responsables étatiques conviés ici à Nantes par la France dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne ;
Madame la présidente de Nantes-Métropole, Chère Johanna Rolland, que je remercie très chaleureusement d’avoir accepté de recevoir et de soutenir ce sommet Climate Chance, 6 ans après en avoir accueilli et parrainé la 1ère édition.
Mesdames et messieurs les ambassadeurs, les maires, les représentants des administrations, des territoires, des entreprises, des ONG… et je m’arrête là de ces salutations, en vous disant à quel point nous sommes sensibles à votre présence.
Je dis « sensible », je ne dis pas heureux. En temps normal, j’aurais employé ce terme, mais il ne correspond pas au moment tragique de l’histoire européenne que nous traversons en ce moment.
Jeudi dernier, il y a seulement 10 jours, nous nous sommes réveillés sidérés, abasourdis face à l’impensable. Évidemment la question de l’annulation de ce sommet s’est immédiatement posée : comment parler du réchauffement climatique, dont les conséquences sont déjà là, mais les principaux impacts encore à venir, alors qu’en Europe les bombes tombent sur les populations civiles ? Comment parler de l’avenir quand le présent et notre destinée européenne collective sont aussi incertains ?
En lien étroit avec le ministère de la Transition écologique, dont je salue les représentants ici à Nantes, nous avons néanmoins décidé de maintenir ce sommet, en sachant que nous serions évidemment moins nombreux, lors de cet événement organisé en un temps record en janvier, quand les incertitudes sur l’évolution de la pandémie ont été levées. Dans ce contexte, avoir enregistré, et notamment ces tout derniers jours, près d’un millier d’inscriptions, de personnes issues de nombreux pays européens, et de plusieurs délégations africaines, me semble confirmer la pertinence de ce choix.
Je tiens tout d’abord à préciser que nous n’avons pas maintenu le sommet dans l’idée d’enjamber la crise ukrainienne, de se concentrer uniquement sur les sujets climatiques, qui resteraient donc LA menace, la seule vraie grande menace pour l’avenir et la sécurité du monde. Depuis 10 jours, ce raisonnement ne tient plus, tous les autres risques sont grands, je n’ai pas besoin les développer ici.
En maintenant ce sommet, la première grande rencontre internationale en présentiel de la communauté climat depuis la COP de Glascow, nous avons fait le choix de jeter les bases d’un premier débat, qui ne sera pas tranché à Nantes, sur la modification nécessaire et en profondeur de notre discours global sur les enjeux du climat. Le réchauffement est évidemment toujours une menace absolue pour notre avenir à tous, et en particulier pour les pays qualifiés de moins développés ; mais il entre maintenant dangereusement en résonance avec les autres dangers mortels que nous redécouvrons – cette résurgence des empires guerriers et expansionnistes que nous pensions d’un autre temps.
Il nous faut donc montrer une voie commune, une cohérence dans les décisions que nous allons prendre collectivement, pour démontrer notre unité face à ces périls de diverses natures – sans en négliger aucun !
Premier espace démocratique, première puissance économique, l’Europe a les clefs des réponses globales. Elle a montré son leadership sur les questions climatiques en adoptant l’objectif de réduire de 55 % ces émissions de GES d’ici 2030, un objectif qui appelle une modification en profondeur de pans entiers de nos économies. Non moins important, elle a su afficher son unité face à l’invasion russe en Ukraine.
Ce premier sommet Climate Chance Europe avait vocation à discuter de la mise en oeuvre de cette stratégie, et c’est le sens de la vingtaine d’ateliers que nous organisons, avec de nombreux réseaux partenaires que je salue aussi pour leur mobilisation. Climate Chance s’est créée et développée sur la conviction et la nécessité de casser les logiques de silo entre acteurs, de renforcer le dialogue entre les États, les collectivités, les entreprises et les citoyens sur la meilleure manière de définir et d’engager les politiques publiques nécessaires. Depuis le Sommet Climat et territoire à Lyon en 2015, avant la COP21, nous organisons les principaux sommets climat non étatiques en Afrique et publions chaque année le rapport mondial sur les actions réellement menées.
Ce Sommet Climate Chance Europe répondait donc à cet enjeu de faire remonter aux États membres et à la Commission européenne, les propositions des acteurs non étatiques pour une meilleure mise en œuvre du Green New Deal, la déclinaison du Fit for 55, l’objectif de 55 % de réduction des émissions de CO2 en Europe. Et je remercie encore le Ministère de la Transition écologique et la PFUE de l’intérêt de cet exercice et de cette rencontre.
Cet enjeu existe toujours, et le travail que nous commençons à Nantes doit aboutir à la rédaction d’une adresse très complète à la Commission européenne et aux Etats membres, synthétisant nos propositions. C’est l’engagement et le contrat que l’équipe « Climate Chance », que je remercie aussi pour son engagement extraordinaire, a passé avec tous ceux qui se sont mobilisés. Ce Sommet n’est pas un coup de communication, une réunion dont rien ne sort même si on a été content de se voir, mais bien une première étape d’un processus complet.
Mais n’oublions pas l’Ukraine, et nous avons, je crois, passé ce matin un message fort de soutien aux élus et au peuple ukrainien avec cette première déclaration collective des élus européens, pilotée par l’Association Française du Conseil des Communes et Régions d’Europe (AFCCRE) que je salue aussi pour son engagement. Nous n’oublions pas l’Ukraine et nous savons que la première faiblesse de l’Europe aujourd’hui, c’est sa dépendance aux énergies fossiles et en premier lieu au gaz russe. Ainsi réduire nos consommations en énergies fossiles, c’est à la fois tenir nos objectifs climatiques mais aussi renforcer notre capacité de peser sur la marche du monde, de défendre nos valeurs démocratiques et humanistes sans être entravé par nos dépendances énergétiques.
Pendant deux jours, en parlant de sobriété, de développement des énergies renouvelables, de commande publique responsable ou de forme de la ville, nous agirons donc en faveur de la paix et de la sécurité sur notre continent.
La lutte contre le changement climatique et l’action résolue en faveur de la paix sont intimement liées, nous sommes ici pour le souligner et je vous remercie donc encore une fois d’être venus nombreux, malgré le contexte, pour que nous l’affirmions ensemble.
Je vous remercie.