Ces mercredi 1er Juillet et jeudi 2 juillet a lieu à Lyon le sommet mondial climat et territoires, copiloté par Ronan Dantec, sénateur et porte-parole CLIMAT de Cités et gouvernements locaux unis (CGLU). Ce rendez-vous des acteurs non-étatiques avant la COP21 se tient en présence du Président de la République et de personnalités du monde entier.
A six mois de la COP21, ce Sommet permettra à l’ensemble des acteurs non-étatiques (collectivités territoriales, ONG, acteurs économiques, partenaires sociaux, jeunes, femmes, scientifiques) de faire entendre leur voix, de souligner l’importance d’une approche territoriale des enjeux climatiques. A Lyon, ils soumettront leurs engagements concrets et propositions spécifiques aux Etats négociateurs chargés de conclure un nouvel accord climat ambitieux et universel à Paris en décembre.
Cet événement est issu d’une des recommandations du rapport qu’il a rendu avec Michel Delebarre à la demande du Premier ministre sur le rôle des collectivités locales dans la lutte contre le changement climatique.
Ci-dessous un retour journalier du Sommet et, sur Public Senat, la grille spécialement modifiée pour le suivre.
3 juillet :
– Le Monde (Laetitia Van Eeckhout) : Les villes et les régions veulent montrer l’exemple dans la lutte contre le changement climatique
Un milliard et demi de tonnes de CO2 : c’est la somme des engagements de réduction de gaz à effet de serre d’ici à 2020, d’ores et déjà pris par des collectivités locales à l’échelle de leurs territoires. A moins de cinq mois de la Conférence de Paris sur le climat (COP21), élus locaux et acteurs non étatiques, réunis à Lyon mercredi 1er et jeudi 2 juillet pour le sommet « Climat et Territoires », sont déterminés à peser sur les négociations pour qu’elles aboutissent à un accord « contraignant, équitable et universel ».
« Cet engagement contribue à crédibiliser le scénario de stabilisation du climat en dessous de 2 °C. Ce 1,5 milliard de tonnes déjà mis sur la table par les territoires représente 15 % des 9 milliards de tonnes de CO2 qui, selon la communauté scientifique, doivent être évitées d’ici à 2020 pour respecter cet objectif. Or ces décisions prises par les collectivités couvrent plus de 11 % de la population mondiale. Si l’ensemble des territoires de la planète se mobilisent alors nous tenons le scénario 2 °C », a soutenu Ronan Dantec sénateur EELV et porte-parole chargé du climat pour le réseau Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) en clôture de ces deux journées qui ont réuni plus d’un millier d’élus locaux et acteurs non étatiques.
Les sept grands réseaux de collectivités territoriales présents à ce sommet se sont engagés à poursuivre cette dynamique et ont appelé les Etats à trouver un accord « ambitieux » en décembre, sans pour autant annoncer un objectif formel de baisse des émissions.
Coalition de régions et provinces
Bâtiments à énergie positive, méthanisation des déchets, reforestation volontaire, développement des mobilités durables, épuration biologique des eaux usées… Les initiatives et les solutions concrètes présentées au cours de ces deux jours ont néanmoins montré que ces engagements contre le réchauffement climatique n’étaient pas théoriques à l’échelle des territoires. Le premier ministre d’Australie-Méridionale, Jay Weatherill, est venu témoigner que même dans un contexte politique national peu favorable il était possible d’agir. Dans son Etat régional, le solaire et l’éolien fournissent déjà 40 % de l’électricité et l’objectif est d’atteindre 50 % en 2025.
« Nous n’attendons pas les gouvernements nationaux pour avancer, car le risque que pose le changement climatique est réel. Le temps de l’action c’est maintenant », a martelé Matt Rodriguez, secrétaire à l’environnement de la Californie. Un message également adressé au Congrès américain à majorité républicaine qui demeure fortement opposé à la conclusion d’un accord contraignant à Paris. Cela n’a pas empêché la Californie de lancer une coalition de régions et de provinces du monde prêtes à prendre des engagements ambitieux en matière de baisse des émissions de CO2.
Les signataires de ce protocole d’accord, nommé « Under 2 °C » et lancé en mai 2015 à Sacramento, s’engagent à réduire de 80 à 95 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, par rapport aux niveaux enregistrés en 1990. La région Rhône-Alpes, le Pays basque (Espagne) et l’Ecosse (Royaume-Uni) ont, au premier jour du sommet, rejoint le mouvement qui compte déjà 17 autres régions, dont le Bade-Wurtemberg en Allemagne, les Etats de Washington, du Vermont et de l’Oregon aux Etats-Unis, le Chiapas au Mexique ou encore la Catalogne en Espagne… Au total, les signataires de l’accord représentent une population de 123 millions de personnes et 5 000 milliards de dollars de PIB.
« En l’espace de quatre ans, en Californie, nous avons tiré des bénéfices importants de notre engagement en faveur du climat, avec la création par exemple de 65 000 emplois dans l’industrie solaire, a insisté Matt Rodriguez. Nous pouvons lutter contre le changement climatique tout en restant une économie forte. »
Les territoires participeront aux négociations
Saluant le rôle exemplaire des collectivités et des acteurs territoriaux dans la lutte contre les changements, François Hollande, qui a clôturé la première journée du sommet, a exprimé le souhait que les gouvernements locaux soient « associés à la conférence » sur le climat. « À Paris, une journée sera dédiée uniquement aux territoires. Ils ne feront pas que prendre la parole, mais, a-t-il assuré, participeront aux négociations », pourtant réservées aux Etats.
Le président de la République a apporté son soutien à une des grandes revendications des acteurs locaux : l’accès direct des collectivités territoriales, et notamment des villes du sud, aux fonds pour le climat. Le financement est « l’aspect le plus important [des négociations]. C’est là que cela va se jouer… Aussi, il faut faire droit à votre demande : il faut que les gouvernements locaux puissent accéder aux 100 milliards qui seront mobilisés chaque année pour le climat [à partir de 2020] », a déclaré le chef de l’Etat.
« Les solutions réelles sur le terrain sont déjà beaucoup plus en avance que les gouvernements dans les négociations », a insisté pour sa part Janos Pasztor, sous-secrétaire général des Nations unies aux changements climatiques. « En tant que maires, présidents de régions et de collectivités territoriales, a-t-il affirmé, vous avez la capacité de donner confiance à vos gouvernements, de leur montrer que c’est possible : ils ont besoin de votre soutien pour relever le niveau de leurs ambitions. »
Avouant être parfois « découragée » dans cette « négociation difficile », Laurence Tubiana, l’ambassadrice française chargée des négociations sur le changement climatique, s’est dite, à l’issue du sommet, « regonflée à bloc » pour les cinq derniers mois avant la conférence de Paris.
2 Juillet :
– Libération (Isabelle Hanne) : Climat : A lyon, les collectivités refusent le « fatalisme »
Souvent plus ambitieux que leurs gouvernements, les acteurs non-étatiques veulent avancer sur la route de la COP21.
Transports, agriculture, éducation, accès à l’électricité, aux financements… Après deux jours de débats et d’ateliers, les acteurs non-étatiques, réunis au Sommet mondial Climat et Territoires à Lyon, ont annoncé jeudi après-midi leurs projets et engagements communs. En matière d’adaptation aux changements climatiques, et en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
Ces acteurs – villes, régions, entreprises – représentent aujourd’hui près de deux tiers des émissions de la planète. Dans le même temps, ils disposent de leviers d’action essentiels contre le réchauffement : transports, traitement des déchets, efficacité énergétique des bâtiments… Selon le programme des Nations Unies pour le Développement, près de 70% des actions pour le climat doivent être menées à l’échelle locale.
Réduction d’1,5 milliards de tonnes de CO2
Leurs initiatives devraient permettre de réduire ces émission «d’environ 1,5 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2020», a annoncé le sénateur EE-LV Ronan Dantec, porte-parole climat de Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU), qui coorganise l’événement, en clôture du sommet. «C’est 15% de l’effort mondial d’atténuation», a précisé Dantec, pour rester sous l’objectif des 2 degrés d’augmentation des températures d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle. C’est l’ambition de l’Accord de Paris, qui doit être signé en décembre lors de la COP21.
«Par votre mobilisation, vous donnez la possibilité à vos gouvernements de se fixer des objectifs plus ambitieux», a avancé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui préside la COP21, dans un message vidéo projeté devant un parterre d’un millier d’élus et responsables de 400 collectivités du monde entier. Ceux-ci n’ont, statutairement, pas directement voix au chapitre dans les négociations climat, menées sous l’égide de l’ONU par les seuls Etats. Mais les territoires sont aujourd’hui reconnus comme partie essentielle de la solution, alors qu’ils n’étaient même pas mentionnés dans le protocole de Kyoto de 1997. Leur rôle a été plus clairement établi lors de la conférence de Copenhague en 2009, notamment avec la création de certains réseaux de villes et de régions.
D’autres plateformes, comme le Pacte des maires, ou le Pacte des Etats et régions, ont été créées en septembre dernier, lors du sommet climat de l’ONU, dans le but d’évaluer les engagements des territoires à réduire leurs émissions. Le Québec par exemple, bien plus volontaire sur ces questions que l’Etat canadien, pousse d’ailleurs pour que les provinces soient directement associées aux négociations onusiennes. Le Sommet de Lyon doit permettre de «montrer aux négociateurs que non seulement c’est possible, mais que les solutions réelles sur le terrain sont déjà beaucoup plus en avance que les gouvernements dans les négociations», a souligné Janos Pasztor, le «monsieur climat» du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Vers une économie décarbonée
Réunis pendant deux jours à l’Hôtel de Région dans le quartier de la Confluence, à l’extêmité de la presqu’île lyonnaise entre Rhône et Saône, ces acteurs non-étatiques ont accouché d’une déclaration commune. Ils y affirment leur volonté «d’inscrire leur propre action, quotidienne et territoriale, dans une trajectoire de décarbonation de l’économie mondiale (…) tout en considérant que tous se doivent d’envisager l’avenir de leur société dans une perspective d’économie faiblement carbonée et résiliente.»
Ils insistent également sur l’importance de renforcer les financements qui leurs sont alloués «par les Etats et les institutions financières internationales» pour lutter contre le dérèglement climatique, et appellent «à la mise en œuvre de nouveaux mécanismes (garantie d’emprunts, green bonds, tiers-financements, intégration d’un prix du carbone dans l’économie) pour démultiplier les capacités d’action.» Il est «essentiel que les collectivités territoriales des pays en développement aient un accès facilité aux fonds internationaux».
Le risque du «fatalisme»
Le Réseau Action Climat (RAC), qui fédère les associations impliquées dans la lutte contre le réchauffement climatique, a rappelé «le rôle crucial des collectivités locales», mais prévenu que «la déclaration finale du Sommet risqu[ait] d’être le résultat d’un travail de consensus et n’a[vait] aucune valeur règlementaire.»
«Le plus important, c’est d’avoir des engagements concrets qui nous permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, a rappelé Hakima El Haite, ministre déléguée à l’Environnement du Maroc, pays hôte de la Conférence climat en 2016 après Paris. Quand un maire vient nous dire « moi j’ai un quartier à énergie positive », c’est ça le plus important : c’est tangible, c’est concret.» Ronan Dantec s’est lui aussi voulu positif à l’issue de ce sommet : «On est tous conscients que le risque de Paris, après avoir connu l’échec de Copenhague, c’est le fatalisme.»
Déclaration du sommet mondial climat et territoires
L’action territoriale au cœur de la réponse au défi climatique. Lyon, Rhône-Alpes, le 2 juillet 2015
Il s’agit de la déclaration la plus largement soutenue par les réseaux les plus représentatifs de différents acteurs non étatiques jamais présentée. Elle insiste sur les engagements de ces réseaux, sur le lien entre climat et développement et sur les enjeux du financement.
Au titre des engagements, ont été présentés aujourd’hui à Lyon plusieurs chiffres : une réduction d’1.5 giga tonnes d’émissions de gaz à effet de serre en 2020 par agrégation des décisions déjà prises formellement par des municipalités et régions des cinq continents avec leur engagement de soumettre leurs émissions à un rapport et une vérification réguliers. Rapporté au fossé en termes d’ambition d’ici 2020 indiqué par le PNUE (8 à 10 Gt) pour respecter une trajectoire compatible avec l’objectif 2°, cela représente 1/6 de l’effort à fournir au niveau global, par un peu moins de 12% de la population mondiale.
Les engagements de tous les grands réseaux mondiaux de collectivités territoriales d’accompagner leurs membres entre 2020 et 2050 pour qu’ils réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre sont en cohérence avec l’objectif de limiter la hausse des températures en-deçà de 2° tel que nous le demande la communauté internationale. Les engagements des réseaux signataires recouvrent les 2/3 des habitants de la planète.
« Lutter contre les dérèglements climatiques, en évitant une montée des températures supérieure à 2°Celsius, avec en perspective une limitation à 1,5° Celsius, tel qu’adopté dans les Accords de Cancún, est aujourd’hui un défi majeur pour l’ensemble de l’humanité, une obligation commune des Etats mais aussi de toutes les organisations et individus en capacité d’agir, chacun se devant d’assumer sa part de la responsabilité globale.
Réunis à Lyon, en Région Rhône-Alpes, pendant deux jours, à travers les réseaux qui les représentent, ces acteurs non-étatiques, comme « non-Parties concernées », aux côtés des Parties Contractantes à la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques), ont affirmé leur volonté commune de relever ce défi, d’inscrire leur propre action, quotidienne et territoriale, dans une trajectoire de décarbonation de l’économie mondiale, en tenant compte des différentes situations nationales, régionales et locales, et de leurs capacités d’action respectives, tout en considérant que tous se doivent d’envisager l’avenir de leur société dans une perspective d’économie faiblement carbonée et résiliente.
Le Sommet mondial Climat & Territoires n’est pas un évènement isolé et s’inscrit dans une dynamique de renforcement des expressions communes des acteurs non-étatiques. Il s’appuie sur les précédentes résolutions des réseaux de collectivités territoriales, notamment les feuilles de route climat des gouvernements locaux et infranationaux (Bali 2007 et Nantes 2013), la Charte sur l’Adaptation (Durban 2009), les Sommets des Régions à Montréal (2005), Rio (2012) et Paris (2014), les appels de Bordeaux et de Yamoussoukro (2015). Il s’inscrit aussi dans la suite des déclarations communes d’acteurs non-étatiques « Catalyser l’action » (New York 2014), la déclaration de Lifou (Oceania 21) et celle de la MEDCOP21 (Marseille 2015). Il nourrira les autres étapes mondiales de mobilisation des acteurs territoriaux (Ontario, Bogota…) jusqu’au Sommet des Dirigeants Locaux pour le Climat, à Paris le 4 décembre. Il représente un moment de dialogue participatif, d’engagements et d’élaboration de propositions entre acteurs non-étatiques, à un niveau d’approfondissement et de représentativité encore jamais atteint.
Dans la diversité de nos origines, de nos cultures et de nos sensibilités, nous, participants à ce Sommet, voulons affirmer aujourd’hui collectivement notre engagement et nos convergences, et souligner l’importance d’une approche collaborative dans la lutte contre le dérèglement climatique:
Nous défendons une approche territoriale de l’action climatique
Nous considérons tout d’abord que, sans une réelle approche territoriale, tenant compte des réalités économiques, sociales, culturelles et environnementales, sans une mise en cohérence à cette échelle des politiques publiques et des capacités d’action de tous les acteurs non-étatiques, avec une forte exigence de renforcement de la gouvernance locale et régionale, de la protection des droits fondamentaux et d’un développement humain durable et sensible au genre, alors il ne sera pas possible de lutter efficacement contre le dérèglement climatique. La 21ème Conférence des Parties à la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques), qui se tiendra en décembre 2015 à Paris, devra ainsi reconnaitre la nécessité de cette approche territoriale. Nous accueillons ainsi favorablement la définition d’un quatrième pilier pour un succès à Paris, dit « Agenda des Solutions », l´initiative du plan d´action Lima-Paris, et nous soulignons notre engagement pour renforcer l´ambition avant et après 2020.
Nous affirmons le caractère indissociable des accords mondiaux sur le développement et le climat, la nécessaire synergie entre les négociations, sur le financement du développement, de l´agenda post-2015, Habitat III, et la CDP/COP21: les outils de lutte contre le dérèglement climatique doivent aussi permettre de répondre aux autres grands défis de ce siècle et réciproquement : lutte contre la pauvreté, accès à l’énergie durable, à l’eau et aux autres ressources, développement urbain durable, aménagement des territoires ruraux, souveraineté alimentaire, santé des populations, égalité homme-femme, travail décent et droits des travailleurs, comprenant les agriculteurs, respect des droits des peuples autochtones, protection des forêts et de la biodiversité, la préservation des ressources naturelles… Affirmer et montrer cette synergie est nécessaire à la mobilisation de l’ensemble des acteurs pour l’élimination progressive des émissions de gaz à effet de serre. Nous insistons particulièrement sur les actions d’adaptation qui doivent évidemment conforter la résilience et le développement durable des territoires, s’appuyer sur les initiatives locales et régionales et les connaissances traditionnelles, sur la nécessité d’assurer une transition juste pour les territoires, les entreprises et leurs salariés dans cette période de transformation vers une économie bas-carbone, sur le renforcement de l’influence des femmes et de leur capacité d’action, en particulier dans la gouvernance territoriale. Nous soulignons le rôle fondamental de l’éducation. Former les jeunes générations, renforcer leur capacité d’intervention sont des enjeux majeurs d’un monde en mutation.
Nous insistons sur l’enjeu du financement des actions territoriales.
Mobiliser de nouvelles ressources est une condition incontournable pour renforcer les capacités locales et régionales, avoir une action globale forte par démultiplication des actions locales et régionales. Notre expérience souligne aussi que cette transition vers une économie faiblement carbonée et résiliente génèrera des créations d’emplois, des économies et une amélioration de la qualité de la vie, grâce aux co-bénéfices sociaux et environnementaux dans de nombreux domaines. Nous appelons au renforcement des moyens dédiés par les Etats et les institutions financières internationales à la lutte contre le dérèglement climatique, à la mise en œuvre de nouveaux mécanismes (garantie d’emprunts, green bonds, tiers-financements, intégration d’un prix du carbone dans l’économie) pour démultiplier les capacités d’action. Nous défendons l’intégration des secteurs économiques privés et des acteurs syndicaux dans cette mobilisation collective, l’association de tous les acteurs territoriaux dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des projets, ainsi qu’une approche décentralisée des enjeux énergétiques.
Il nous apparait essentiel que les collectivités territoriales des pays en développement aient un accès facilité aux fonds internationaux, comme le Fonds vert. Le renforcement de leur capacité à monter des projets finançables doit être une priorité dans l’agenda international. Nous considérons aussi pertinente l´étude de la faisabilité de fonds spécifiques dédiés à l´action territoriale, pouvant être abondés directement par les collectivités ou des financements innovants. Face à la diversification des financements (aide publique au développement, prêts ou garanties publics ou privés, affectation de recettes liées à la taxation du carbone, philanthropie…) nous défendons une approche intégrée permettant la synergie de ces différentes sources, qui travaillent encore le plus souvent sans se coordonner.
Nous prenons l’engagement de poursuivre et de renforcer notre action
Les engagements portés à Lyon par les responsables des réseaux internationaux, en particulier par les maires, les présidents et chefs de gouvernements infranationaux pouvant s’engager au nom de leurs territoires, sont une contribution majeure à la construction d’un agenda des solutions nécessaire à la crédibilité d’un scénario de stabilisation du climat. Ces engagements collectifs ne sont pas théoriques, ils sont crédibilisés par le résultat concret de nombre de territoires qui ont déjà réussi à faire baisser fortement leurs émissions de gaz à effet de serre, qui ont engagé aussi des politiques d’adaptation ambitieuses. Les initiatives soutenues par les réseaux de collectivités territoriales, la Convention des Maires, le Pacte des régions et Etats fédérés, et le Pacte des maires, témoignent de leur volonté. Nous préconisons des évaluations régulières et indépendantes des actions engagées, des comptabilisations fiables et accessibles des émissions évitées. C’est une condition de la confiance, comme le respect des engagements de financement. Afin d’appuyer cette mobilisation, nous renforcerons la mutualisation des bonnes expériences et le soutien au montage de projets, la coopération entre gouvernements locaux et infranationaux, conforterons dialogues et synergie d’actions entre l’ensemble des acteurs non-étatiques, associerons les citoyens, hommes et femmes, à la co-construction des plans d’action et à leur mise en œuvre.
Ainsi, dans la suite des ateliers du Sommet mondial Climat & Territoires, nous prenons l’engagement de soutenir le développement de coalitions d’actions, rassemblant tous les acteurs concernés, sur le transport sobre en carbone, le développement des énergies renouvelables, l’habitat durable, l’accès à l’énergie durable, le droit à l’alimentation, etc. Nous appelons donc les Etats à soutenir les propositions élaborées collectivement par les ateliers du Sommet mondial Climat & Territoires, propositions qui ont fait l’objet de consensus et qui permettent de renforcer les capacités concrètes d’intervention des acteurs non-étatiques, nous leur demandons aussi de tous prendre en compte et de valoriser dans leurs propres contributions déterminées à l’échelle nationale (CPDN/INDC), les actions de leurs acteurs non-étatiques, et en premier lieu celles de leurs gouvernements locaux et infranationaux.
Nos engagements, appuyés sur une dynamique de dialogue entre acteurs non-étatiques, aux vécus et origines diverses, doivent conforter les Etats dans leurs propres contributions pour un accord à Paris, robuste, contraignant, équitable et universel, qui soit un message clair à l’action de tous, au service du bien collectif. La réponse au défi climatique doit ainsi nous amener à renforcer les régulations internationales, les coopérations entre et dans les territoires, l’égalité et la solidarité entre les habitants de notre planète aux équilibres fragiles. C’est la conviction que la réponse à ce défi passe par l’action de tous qui nous rassemble. »
Liste des signataires:
Réseaux internationaux de collectivités territoriales:
UCLG/ICLEI/C40/The Climate Group/R20/nrg4SD/ORU-FOGAR/FMDV/
AIMF/AIRF/Energy cities/CCRE-CEMR/Eurocities/Climate Alliance
Réseaux internationaux d’acteurs non-étatiques:
CAN/WWF/ITUC/Climates/Women and Gender NGO constituency/ICC/Global
Compact/Codatu/IPACC/Tebtebba/COICA / Green Cross/Enda Tiers-Monde/ ROPPA/World
Wide Views
Réseaux français de collectivités territoriales:
ADF/ARF/AFCCRE/CUF/AMGVF/ACUF/ADCF/FNAU
Réseaux français d’acteurs non-étatiques:
CFDT/4D/Comité21/Club France Développement durable/FNE/FNH/Les Petits
débrouillards/GERES/RAC/CLER
1er Juillet :
– Public Senat : « Climat : « Les territoires sont en mouvement, il faut que les Etats le soient aussi » selon Ronan Dantec«
C’est un peu la répétition générale de la conférence climat de Paris (Cope 21), les Etats en moins. A cinq mois du grand rendez-vous prévu en décembre prochain, le monde entier se retrouve aujourd’hui et demain à Lyon pour le sommet mondial climat et territoires. Le monde, ou plutôt des élus représentant les villes et collectivités locales de nombreux pays, ainsi que la communauté mondiale non-étatique : ONG, syndicats, entreprises. Les 400 collectivités présentes, recouvrant 70 nationalités, devraient réaffirmer leur volonté de peser dans la lutte contre le réchauffement climatique, qui menace l’humanité. François Hollande tiendra un discours sur place ce mercredi en fin de journée, à voir sur Public Sénat qui couvre les deux jours de l’événement.
Le sénateur Europe Ecologie-Les Verts, Ronan Dantec, s’active depuis des mois pour préparer le sommet de Lyon. « On va délivrer un message aux Etats en disant « dans cinq-six mois à Paris vous devez prendre vos responsabilités ». Nous les prenons dans les territoires. Aujourd’hui, les territoires sont en mouvement. Certains – je pense à Vancouver, Copenhague – ont déjà une stratégie pour être neutre en carbone dès les années 2025-2030. Les territoires sont en mouvement, il faut que les Etats prennent aussi leur responsabilité, trouvent à la fin de l’année un accord ambitieux qui crédibilise un scénario de stabilisation du climat » explique Ronan Dantec, co-président du sommet de Lyon et porte-parole climat de la coalition Cités et gouvernements locaux (CGLU).
« Tout ce qui se passe depuis une vingtaine d’année va plus vite que ce que les experts ont prévu »
« Nous allons aussi prendre des engagements. Pour la première fois à Lyon, la totalité des réseaux de collectivités du monde est là. Nous allons agréer la totalité des engagements pris à titre individuel. (…) Nous avons besoin que la Cop intègre notre action. Et nous avons des propositions à faire, notamment en terme de capacité de financement » ajoute le sénateur écologiste. « Ce qu’on doit attendre, c’est que le résultat de Paris intègre la question territoriale », insiste-t-il. « Il faut que le Président dise (dans son discours aujourd’hui) à quel point l’action territoriale est la clef à l’échelle mondiale ».
Et ça presse. « Tout ce qui se passe depuis une vingtaine d’année va plus vite que ce que les experts ont prévu » en terme de réchauffement climatique. « Là, il y a catastrophe » et « fatalisme, qui est terrible » met en garde Ronan Dantec, pour qui la lutte contre le réchauffement climatique passe autant par les Etats que le local : « Les territoires, c’est la vie quotidienne et c’est la grande masse des émissions de CO2 »
– Interview Novethic (Concepcion Alvarez) : Ronan Dantec : « Il y a enfin une prise de conscience du rôle des collectivités sur le climat »
Longtemps écartées des négociations climatiques, les collectivités territoriales y prennent de plus en plus de place, même si elles n’y ont pas un statut de négociateur officiel. C’est dans ce cadre qu’elles organisent un sommet mondial Climat et territoires cette semaine à Lyon, en amont de la grande Conférence de décembre sur le climat à Paris (COP 21). À la tête du comité de pilotage, Ronan Dantec. Le sénateur EELV de Loire-Atlantique, porte-parole climat de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), se bat depuis des années pour faire reconnaître l’action territoriale dans la lutte contre le changement climatique.
Novethic : Comment l’action des collectivités a-t-elle réussi à s’imposer face aux États, seuls acteurs officiels des négociations climat ?
Ronan Dantec : Cela a été un travail de longue haleine pour faire comprendre que, sans l’action territoriale, on ne pourrait pas rester en-dessous des 2 degrés de réchauffement global d’ici 2100. Il fallait arrêter de faire comme si on n’existait pas !
Dans le protocole de Kyoto, il n’y avait pas un mot sur les collectivités territoriales. Il a fallu attendre la conférence de Cancun, en 2010, pour qu’il y ait quelques mots en préambule. À Lima (2014), on a beaucoup progressé avec la mise en place d’un « Agenda des solutions » [qui regroupe les engagements des villes, des régions, des entreprises, NDLR] en tant que quatrième pilier de l’Accord de Paris. C’est une vraie révolution.
Cela montre qu’il y a une prise de conscience. Sans les collectivités, les citoyens et les entreprises, nous n’y arriverons pas. À Paris, en décembre, nous veillerons à ce que nous ne soyons pas oubliés du texte des négociations. C’est notamment le sens de la déclaration qui doit sortir du sommet Climat et territoires de Lyon.
Novethic :L’un des enjeux pour développer l’action territoriale est l’accès au financement. Quelles sont vos propositions ?
Ronan Dantec : L’enjeu est d’améliorer l’accès au financement pour les villes du Sud. C’est l’un des messages forts que nous porterons à Lyon. L’argent mobilisé sur le climat doit aller aux territoires du Sud dans le cadre de leurs politiques de développement.
En France, avant de demander plus d’argent, nous avons déjà une palette d’outils à notre disposition, dont nous devons nous saisir. Il y a eu des annonces fortes, notamment sur des prêts à taux réduit, des éco-prêts… Il faut que l’on apprivoise ces dispositifs, qu’on les évalue et qu’on les généralise quand ils fonctionnent.
Par ailleurs, je suis persuadé que le marché carbone européen va finir par repartir, quand on voit que des pays comme la Chine l’expérimentent. Cela permettra aussi de continuer à financer l’efficacité énergétique dans les territoires.
Novethic : Justement, comment la loi sur la transition énergétique, réexaminée au Sénat, peut soutenir et accélérer l’action des territoires sur le climat ?
Ronan Dantec : Elle va donner aux territoires de vraies capacités d’action. Dans leur nouvelle version, les PCET (plans climat énergie territoriaux) vont forcer les collectivités à s’engager sur la réduction d’émissions de CO2. Tous les territoires devront donc avoir un objectif en accord avec les objectifs européens (- 40% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030).
Cela va entraîner une dynamique globale intéressante, où chacun prendra ses responsabilités et sera aidé par les États. En ce sens, la loi de transition énergétique est une bonne loi.
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Discours prononcé par Ronan Dantec en ouverture du sommet mondial Climat et territoires
Discours de Ronan Dantec en ouverture du Sommet mondial Climat et Territoires (Photo @fvccre)
Madame la Ministre, chère Annick Girardin,
M. le Président de la Région Rhône-Alpes, cher Jean-Jack Queyranne, qui avez pris la responsabilité de l’accueil de ce Sommet, et je crois que l’affluence de ce matin vous donne déjà raison d’avoir répondu présent.
M. le Vice-président de la région Rhône-Alpes, cher Bernard Soulage, sans l’énergie duquel ce sommet n’aurait pas pu avoir lieu, et je rajoute à ces remerciements toute l’équipe de la région Rhône-Alpes, ses services et prestataires, ainsi que vos collègues élus, notamment Benoît Leclair, lui aussi très impliqué dans la réussite de ce Sommet.
Mesdames et Messieurs les élus et représentants des acteurs territoriaux venus du monde entier,
Chers amis,
Il y a maintenant 18 ans, à Kyoto, la communauté internationale accouchait au bout de la nuit d’un accord sur le climat, qui devait permettre de stabiliser les émissions mondiales de CO2 et éviter une catastrophe déjà parfaitement décrite. Presque une génération plus tard, nous vivons les années les plus chaudes jamais enregistrées. Les catastrophes se multiplient, cyclones, sécheresses, canicules sévères, exodes et déstabilisations de régions entières, etc.
Pourtant, la communauté internationale semble s’obstiner dans un jeu de mistigri, ou chacun attend toujours de l’autre qu’il agisse le premier, avant d’assumer lui-même sa part de responsabilité.
Ce jeu de dupe ne fera que des perdants, nous le savons tous, et pourtant nous continuons à en perpétuer les règles, malgré les désillusions de l’après-Kyoto ou de Copenhague.
Ce Sommet a donc vocation à un peu changer ces règles, qui nourrissent l’attentisme et paralysent l’action.
« Nous n’avons pas de plan B parce que nous n’avons pas de planète B » a coutume de dire le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, pour exhorter à l’action. C’est vrai, mais nous avons peut-être des voies de traverse, des voies B, qui permettent de contourner les pesanteurs, de bousculer ce climato-fatalisme qui se développe insidieusement, et qui nourrit peu à peu le repli sur soi de territoires qui voient le monde de demain comme un monde de menace.
Ce Sommet est l’antidote à ce fatalisme, il dit l’optimisme de l’action face au sentiment d’impuissance, il dit notre capacité à agir concrètement, il se nourrit d’expériences réussies, et ancrées dans le quotidien et les territoires, d’engagements ambitieux et réalisables. Il dit un monde où les valeurs sont la solidarité, la mobilisation et la coopération, seuls antidotes réels au dérèglement climatique.
Cher Jean-Jack Queyranne, en vous portant candidat pour l’organisation de ce Sommet, vous avez assumé votre part de la responsabilité globale et participé à la construction de ce chemin qui rouvre la voie de l’avenir, face aux dangers d’un monde niant la fragilité de son propre environnement.
Ce Sommet ne vient pas de nulle part, il se nourrit d’action commune, de capacité d’expression collective, celles de réseaux de collectivités territoriales réunis depuis 10 ans dans des feuilles de route communes avant chaque grande étape de négociation, les plus récentes déclarations communes des acteurs non-étatiques comme lors du Sommet de l’ONU en septembre « Catalysing action », il correspond surtout à la volonté des acteurs non-étatiques à peser ensemble en amont des négociations.
Cette volonté, nous l’avions bien ressentie, avec Michel Delebarre, lors de la rédaction de notre rapport parlementaire sur le rôle des collectivités territoriales dans la COP21, rapport demandé à l’époque par Jean-Marc Ayrault et Pascal Canfin. Une des propositions de ce rapport concluait à l’intérêt d’organiser un Sommet des acteurs non-étatiques en amont de la COP, et je suis heureux que la région Rhône-Alpes se soit portées candidate pour l’accueillir.
Je ne crois pas que nous nous soyons trompés.
Depuis bientôt 6 mois, les travaux en ateliers ont déjà montré la capacité d’acteurs aux cultures différentes, collectivités, ONG, entreprises, syndicats… à élaborer ensemble engagements et propositions, l’affluence de ce sommet, avec beaucoup d’acteurs du Sud, montre aussi la compréhension commune que nous ne répondrons pas aux enjeux climatiques sans répondre aux défis du développement, et réciproquement.
Chers amis, l’heure est à l’échange et à la finalisation de nos propositions, et par la même à la construction d’une communauté d’acteurs respectueux de leur différence, mais profondément convaincus de la valeur de ce travail collectif.
Le message que nous allons délivré ici à Lyon, en région Rhône-Alpes, est précieux, peut modifier le cours de la négociation sur le climat. Et je sais que si nous sommes ici tous ensemble, c’est justement parce que nous en sommes tous convaincus.
Je vous remercie
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– Environnement-magazine: Cop 21 : Anne Hidalgo et Michael Bloomberg en première ligne du Sommet mondial des élus locaux pour le climat
A la veille du sommet mondial du Sommet mondial Climat et territoires qui se réunit les 1er et 2 juillet à Lyon, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et Michael Bloomberg, envoyé spécial des Nations Unies pour les villes et le changement climatique, ont annoncé qu’ils coprésideront le Sommet des élus locaux pour le climat qui se tiendra à Paris le 4 décembre prochain pendant la Cop 21.
Les collectivités et leurs élus n’ont pas vraiment l’intention de faire de la figuration à la Cop 21. A l’instar d’Anne Hidalgo, ils sont même persuadés d’en être une des solutions. « Pour la première fois à la Cop 21, les villes et le secteur privés sont reconnus comme des acteurs à part entière. Les maires seront présents pour dire quelles sont leurs solutions et quelles sont leurs ambitions », a déclaré la maire de Paris en recevant Michael Bloomberg à Paris.
L’ancien maire de New York, aujourd’hui envoyé spécial des Nations Unies pour les villes et le changement climatique, avait été reçu par le Président de la République quelques heures auparavant. Le chef de l’État a souhaité que les initiatives des villes et des régions et leurs réseaux convergent vers une plateforme d’actions communes, et développent davantage de partenariats avec les territoires des pays en développement. François Hollande a également sollicité Michael Bloomberg pour améliorer et structurer l’accès des collectivités territoriales aux financements climat, en lien avec les institutions financières internationales.
Tous ces sujets devraient être abordés à Lyon les 1er et 2 juillet lors du Sommet mondial Climat et territoires qui rassemble près d’un millier d’élus et d’acteurs non étatiques. L’événement doit se clore par des engagements clairs des acteurs territoriaux en termes de réduction des gaz à effet de serre. « Nous présenterons à la fois la somme des engagements déjà pris individuellement par des collectivités mais aussi les engagements des réseaux d’acteurs à convaincre leurs adhérents de s’impliquer », explique Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique et porte-parole climat de l’organisation mondiale des villes Cités et Gouvernements locaux unis.
L’objectif de ces deux journées rhônalpines est bien de préparer le sommet de Paris à travers les apports des territoires aux négociations. Le gouvernement se n’y trompe pas. La ministre de l’Ecologie y sera présente et le Président de la République clôturera la manifestation.
– Dossier complet dans libération
– Les Echos (par Joël Cossardeaux) : les villes et les régions du monde pressent les états d’agir
A cinq mois de la COP de Paris, les collectivités font leur sommet climat à Lyon. Elles veulent peser dans le processus de négociation qui doit déboucher sur un accord en décembre.
Les villes et les régions se mettent dans la roue des Etats pour épargner à la terre de se réchauffer de plus de 2 degrés d’ici à la fin du siècle. A cinq mois de la conférence de Paris sur le climat, la COP21, Lyon accueille ce mercredi et jeudi un millier d’élus et de ressortissants des « territoires » de la planète. Habituellement organisé en même temps que la COP et dans la ville qui l’accueille, ce rendez-vous des acteurs locaux est toujours un peu resté dans l’ombre.
Ce devrait être beaucoup moins le cas cette fois. Lyon figure sur l’agenda climatique du chef de l’Etat, et depuis longtemps. Cet après-midi, François Hollande participera aux premiers travaux de ce sommet avant de les clore sur un discours. Pas moins d’une centaine de grands élus, comme le Premier ministre d’Australie du Sud, Jay Weatherill, Raymond Louie, le maire de Vancouver, ou Kadir Topbas, le maire d’Istanbul, sont annoncés.
Surtout, ce sommet s’inscrit dans le mouvement de mobilisation porté par les grands réseaux internationaux de collectivités et ONG. On y compte R20 Regions of Climate Action, fondée par Arnold Schwarzenegger, l’ex-gouverneur de la Californie, ou encore le C40, longtemps animé par l’ex-maire de New York, Michael Bloomberg, aujourd’hui envoyé spécial des Nations unies pour les villes et le changement climatique. De quoi donner une portée médiatique à des initiatives locales souvent ambitieuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). « Les provinces du Canada, à elles toutes, sont décidées à aller plus loin que l’Etat fédéral. Elles le poussent même à s’engager davantage », explique Ronan Dantec, sénateur Europe Ecologie -Les Verts (EELV) et porte-parole de « Cités et gouvernements locaux unis » (CGLU, la principale organisation mondiale des villes jumelées). Le Québec s’est doté d’un marché du carbone et s’est allié à la Californie qui a eu la même démarche.
Les territoires en première ligne
A Lyon, tous ces réseaux doivent annoncer des engagements de réduction de CO2. Ceux que leurs collectivités mandantes ont décidé de prendre d’ici à 2020 à l’échelle de leur territoire et pour les émissions dont elles portent une part de responsabilité (transports, chauffage, etc.). La somme totale de ce qu’il faudra éviter d’envoyer dans l’atmosphère sera dévoilée jeudi. L’initiative rappelle les contributions nationales (INDC) demandées pour la fin octobre aux 196 Etats et membres de la convention de l’ONU sur le climat (lire ci-dessus). Comme pour elles, les résultats obtenus seront soumis chaque année à la vigilance d’organismes vérificateurs. A eux de veiller, notamment, à ce que les émissions n’apparaissent bien qu’une fois, dans la comptabilité carbone des Etats ou celle des collectivités. Ronan Dantec est confiant sur les performances des villes : « Celles qui se sont engagées ont déjà baissé leurs émissions de 27 % par rapport à 1990. » Une déclaration doit être adoptée à Lyon pour que les contributions des Etats intègrent mieux leurs territoires. « Il est clair que sans eux, ils ne pourront pas tenir leurs engagements », estime Bernard Soulage, vice-président de la région de Lyon qui coorganise ce sommet. Cette même déclaration comprendra quelques propositions que d’aucuns espèrent voir reprises dans le document de négociation de l’accord de Paris. Notamment un accès facilité des collectivités au nouveau fonds vert pour le climat.
– l’Est Républicain :Réchauffement : une canicule qui en appelle d’autres
Mardi 30 juin :
Sans engagement des territoires, aucun Etat ne peut atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre. J-1 avant le sommet Climat et territoires à Lyon, où se réuniront 900 personnes représentant plus de 70 nationalités, en présence du Président de la République, de Ségolène Royal, Laurent Fabius, Anne Hidalgo et de nombreux acteurs de la société civile mondiale.