10 février 2017. Dernière intervention de Ronan Dantec au conseil métropolitain de Nantes Métropole

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Madame la présidente, cher(s) collègues,

Je profite de ce dossier pour vous indiquer que j’ai décidé de mettre un terme à mon mandat de conseiller métropolitain. Cette décision n’est pas en soi une surprise pour mes camarades du groupe écologiste et citoyen puisque nous avions décidé ensemble, lors des municipales de 2014, que j’effectuerai ce demi-mandat pour poursuivre jusqu’à la COP22 mon action de représentation, au nom de Nantes Métropole, des villes du monde dans les négociations sur le climat.

Je le fais sereinement car il est important que nous assurions le renouvellement des élus et c’est donc mon collègue écologiste nantais Nicolas Martin qui siégera désormais dans le dynamique groupe écologiste et citoyens. J’en profite pour en saluer affectueusement tous les membres.

Cette décision n’est pas liée à une situation de cumul, je me permets de le souligner, puisque j’applique par anticipation depuis l’automne 2011, et mon élection comme sénateur, la loi sur le non cumul des mandats qui s’appliquera pour les parlementaires aux élections de 2017. J’avais, je le rappelle, démissionné, dès mon élection, de mes mandats exécutifs de vice-président et d’adjoint au maire de Nantes. Cette loi est une avancée nécessaire, je l’ai évidemment soutenue, elle laisse aussi ouverte la possibilité de rester membre non exécutif des conseils. Il n’est d’ailleurs pas injustifié, que les sénateurs, représentants des territoires, gardent un œil sur les difficultés locales, les conséquences des baisses de dotations, ou la montée des précarités, nous avons eu l’occasion d’en discuter lors du dernier conseil, la semaine dernière à Nantes. Dans cette logique, je resterai donc conseiller municipal, au moins pour avoir l’occasion de vérifier que le cheminement de la Bretonnière, initié dès 2002, est bel et bien enfin terminé !

Un dernier conseil, après 16 ans de présence, c’est quand même un moment un peu particulier. Rassurez-vous, je ne vais pas vous proposer un long bilan de mon action, ne serait-ce que parce que je l’ai déjà un peu fait en quittant la vice-présidence en 2011.

Quelques mots seulement de remerciements, d’abord pour les services de Nantes Métropole. C’est une vraie chance, je pense que nous en sommes tous conscients, de pouvoir nous appuyer sur une administration territoriale aussi mobilisée et dynamique, et je rends notamment hommage à la direction de Philippe Marest avec laquelle j’ai eu grand plaisir à travailler. Et un salut tout particulier à Marilyne Guillard, directrice de l’environnement, avec laquelle nous avons beaucoup partagé et bâti, en partant vraiment de zéro, cette direction de l’environnement, qui n’était au départ qu’une toute petite mission.

Je retiendrai de notre action l’Agenda 21, adopté en 2006, un moment politique que je continue à considérer comme à part, quand des centaines d’acteurs du territoire, de tous statuts et sensibilités, ont donné mandat aux élus, après des mois d’élaboration, du développement de pas moins de 21 politiques publiques nouvelles, comme le plan climat ou la politique des temps. Je voulais donc ici encore en remercier Hélène Combe, trop tôt disparue, qui nous avait accompagnés dans cette démarche plus que participative, et vous inciter à relire le diagnostic de territoires alors élaborés qui me semble encore aujourd’hui particulièrement pertinent.

La présidence de Jean-Marc Ayrault aura évidemment marqué ces années et je continue de souligner, contrairement peut-être à certaines idées reçues, sa précieuse capacité de délégation auprès de ses adjoints et vice-présidents sans laquelle je n’aurai mené les politiques publiques dont j’avais la responsabilité. Nous garderons en souvenir commun ce prix de capitale verte de l’Europe, reçu à la mairie de Stockholm en 2010, avec un commissaire européen tellement peu chaleureux avant la remise des prix que Jean-Marc était convaincu que nous n’avions pas le prix et que je l’avais fait venir pour rien !

Je voulais enfin vous remercier, madame la présidente, d’avoir dit banco à ma proposition d’organiser un sommet mondial sur le climat à Nantes après la COP21. Le Climate chance aura été un réel succès et nous annoncerons dans quelques jours au Maroc la date et le lieu de l’édition 2017, avant, n’en doutons pas, de retrouver Nantes pour une future édition. La lutte contre le changement climatique et les atteintes à l’environnement auront été, vous le savez tous, le fil de mon action à Nantes Métropole, tant je suis convaincu que nos sociétés ne pourront survivre au XXIème siècle si elles ne répondent pas à ces défis. C’est la raison de mon opposition ferme à certains projets d’infrastructures en contradiction flagrante avec ces priorités. Je suis d’ailleurs très heureux de quitter ce conseil sans que l’irréparable ne se soit produit, j’ai même le sentiment que ce risque s’éloigne durablement, ce qui est une très bonne nouvelle pour la nécessaire cohésion et capacité de projet partagé de ce territoire, qui est justement à mon avis, son bien le plus précieux.

Je voulais justement en conclusion, avec le recul de ces années, dire une chose très simple, qui fait écho au débat budgétaire de ce matin. Ce territoire s’est très fortement et très positivement développé depuis 25 ans, il crée des emplois, attire des entreprises, assume mieux que d’autres sa capacité à redistribuer les richesses produites vers les plus fragiles. Il apprend aussi à travailler plus étroitement en réseau avec les territoires qui l’entourent et je sais, madame la présidente, que c’est une préoccupation que nous partageons. Mais un îlot de prospérité ne fait pas le monde ! Si nous pouvons être collectivement fiers du travail accompli, nous ne pouvons éluder cette question. A quoi sert d’être les gagnants d’un monde qui se perd ? L’ouest, depuis les années 50 et les actions du CELIB, comité d’étude et de liaison des intérêts bretons, a constamment construit ses discours de mobilisation économique sur son risque de marginalisation à l’ouest de l’Europe. Il fallait lutter pour ne pas être seulement territoire d’émigration. C’était alors l’urgence et nous avons gagné ce combat. Mais ce paradigme est aujourd’hui en grande partie dépassé, trop de territoires s’effondrent, dans la France de la diagonale du vide ou ailleurs dans le monde. Il est aussi de notre responsabilité d’y répondre. Ce n’est pas si facile, c’est un vrai défi pédagogique et démocratique d’expliquer à nos habitants, nos citoyens, plus que jamais tentés par le repli, que leur avenir passe au contraire par plus de solidarité, de répartition de richesse, d’accueil des plus fragiles, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, de responsabilité renforcée sur les défis environnementaux planétaires. Nous ne sommes pas seulement responsables de nous-mêmes, mais bien porteurs d’une part de la responsabilité collective. C’est notre enjeu d’élus de transformer cette responsabilité en politiques publiques. C’est dans cet esprit que j’ai apporté ma modeste contribution à cette construction toujours collective des politiques communautaires et je voulais vous dire, madame la présidente, chers collègues, que ce furent des années absolument passionnantes. Je vous remercie.

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