11 septembre 2017. 2ème sommet Climate Chance à Agadir « Nous n’avons même plus le temps de la colère, nous n’avons plus que le temps de la coopération ».

Discours Ronan BD

Discours de Ronan Dantec lors de la plénière d’ouverture de la 2eme édition du sommet Climate Chance à Agadir en présence de plus de 5000 personnes et 400 intervenants, venant tous de 80 pays différents. Ce sommet, « une des plus importantes manifestations internationales sur le climat jamais organisée » doit servir à conforter « les dynamiques d’action » et être « un point de départ à un renforcement des coopérations entre acteurs non-étatiques africains ».

Monsieur le Président de la Région, monsieur le Président de la COP 22, madame la Secrétaire Exécutive CCNUCC, messieurs les Ministres de l’agriculture et de l’énergie, mesdames et messieurs les Ambassadeurs, mesdames et messieurs les élus, madame la Championne de Haut Niveau pour le Climat, monsieur le Secrétaire à la Protection de l’Environnement de la Californie, mesdames et messieurs représentant les acteurs non-étatiques,

Ces derniers jours ont encore été marqués par des catastrophes terribles, cyclones, inondations, et nous ne pouvons pas ouvrir ce sommet mondial sans avoir une pensée pour les victimes de ces évènements, dont l’ampleur inégalée est due, nous le savons tous, au dérèglement climatique.

Comment ainsi ne pas ressentir de la colère face à cette impuissance de la communauté internationale à lutter efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre, alors que nous célébrons cette année les 25 ans du sommet de la Terre à Rio, qui avait justement décidé la mise en place de la convention des nations unies sur le changement climatique.

La montée des colères, des désespoirs pourrait être dans les prochaines années l’une des grandes conséquences du dérèglement climatique, et cette révolte des peuples contre les cynismes et les impuissances collectives pourraient au final se révéler des ouragans bien plus dévastateurs encore que les cyclones des caraïbes.

Mais dans cette course contre la montre pour réduire à temps les émissions de gaz à effet de serre, nous n’avons en fait pas le temps de la colère, nous n’avons que le temps de la mobilisation et de la coopération, exercice bien plus difficile tant nous convions à cette action commune des acteurs différents, et que parfois tout oppose.

Réunir ensemble tous ces acteurs dans la diversité de leurs origines, champs d’intervention, visions du monde, c’est justement le pari de l’association « Climate Chance », à travers notamment l’organisation de son sommet annuel.

Notre conviction profonde est qu’au-delà des accords internationaux, nécessaire boussole pour orienter la mobilisation et en fixer l’ambition, c’est bien par l’action concrète quotidienne de dizaines de milliers d’acteurs, de collectivités, d’ONG, d’entreprises et de citoyens, que nous pouvons réussir à stabiliser le climat et offrir un avenir apaisé à nos sociétés.

C’est nourris de cette conviction que nous avions organisé à Lyon en 2015, sous l’égide du Secrétaire Général de notre association Bernard Soulage, que je salue, un premier sommet Climat et Territoires, appuyé sur la mobilisation de tous les réseaux de collectivités territoriales du monde. Il avait montré, à travers les engagements de réduction des émissions pris par des milliers de villes et de régions, que si ces engagements étaient généralisés à tous les territoires du monde, alors nous étions en mesure de tenir les trajectoires de stabilisation du climat que nous propose la communauté scientifique.

A Nantes, l’année dernière, nous organisions le premier « Climate Chance », après l’accord historique de la COP 21, et avant la magnifique COP 22 de Marrakech, cher Président Mezzouar. Il avait confirmé les dynamiques de rassemblement des acteurs non-étatiques. Ce sommet s’était conclu par une déclaration d’engagement et de propositions des acteurs dans toute leur diversité, déclaration mondiale à ce jour la plus largement signée de l’histoire des négociations sur le climat.

Mais que dire de ce qui va se passer ici à Agadir pendant ces trois jours. Vous êtes maintenant plus de 5 000 inscrits, ce qui fait de ce sommet, à notre connaissance, une des plus importantes manifestations internationales sur le climat jamais organisée, et je voulais déjà en votre nom et au nom de l’association Climate Chance remercier chaleureusement le Président Brahim Hafidi et toutes ses équipes pour leur investissement, et leur souhaite aussi bon courage pour les derniers jours.

Agadir est donc un moment très important dans notre lutte contre le réchauffement climatique. Il est une réponse concrète, commune, à ces quelques dirigeants du monde qui refusent encore l’effort collectif, nient l’évidence du risque climatique, au risque d’être eux aussi balayés par les tourbillons de l’Histoire. Et je salue tout particulièrement aussi la délégation américaine présente ici, et qui nous dit justement et fortement, « We are still in ».

Echanges de bonnes pratiques dans les ateliers, focus sur les initiatives les plus importantes, notamment du continent africain, renforcement des coalitions, Agadir doit servir à conforter les dynamiques d’action. J’insiste tout particulièrement sur l’importance d’un renforcement des coalitions thématiques, qui doivent sortir de ces 3 jours de sommet avec des priorités claires et un plan de travail partagé.

Climate Chance se terminera par une importante réunion du Global Climate Agenda et je remercie tout particulièrement Hakima el Haïté, une grande amie du Climate Chance, pour avoir ainsi invité à Agadir tous les acteurs des alliances du GCA, pour avoir organisé ce rendez-vous commun avec les coalitions que supporte Climate Chance depuis deux ans. Ces feuilles de route par secteur sont essentielles pour crédibiliser un scénario de stabilisation du climat, et il est très important que toutes ces coalitions ressortent de ce sommet en s’étant ouvertes à de nouveaux acteurs, en particulier du continent africain.

Nous sommes particulièrement heureux que ce second Climate Chance se déroule en Afrique, continent le plus exposé aujourd’hui au changement climatique, avec des enjeux extrêmement importants et immédiats en termes d’adaptation, mais continent aussi, qui par ses propres choix, notamment en termes de développement urbain et d’agriculture, va aussi décider demain de l’évolution mondiale des émissions de CO2, de leur réduction ou de leur explosion.

Le sommet accueillera d’importantes initiatives des acteurs africains eux-mêmes, notamment des élus des territoires. Agadir doit être un point de départ à un renforcement des coopérations entre tous les acteurs non-étatiques africains, et nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous à Brazzaville, lors d’Africités en décembre 2018, pour faire le point sur l’avancée des initiatives qui vont être lancées à Agadir.

Le Climate Chance refuse le climato-pessimisme, le climato-fatalisme. Même si cela peut apparaître provocateur, nous pensons même que la mobilisation sur le front du dérèglement climatique peut avoir des conséquences positives sur d’autres enjeux. C’est la raison de ce nom « Climate Chance ».

C’est particulièrement le cas dans le domaine du développement. 2015 fut l’année de l’adoption de l’accord de Paris, mais ce fut aussi l’année de l’adoption de 17 objectifs de développement durable à New-York. Leur mise en œuvre nécessite la stabilisation du climat, et les politiques de lutte contre le dérèglement climatique n’ont de sens que si elles intègrent l’ensemble des enjeux de développement, c’est notre conviction, et les sessions que nous organiserons ici sur l’agenda 2030 ou sur le plan d’action femme le rappelle fortement. En ce sens, le renforcement des actions contre le dérèglement climatique est aussi une opportunité pour réaliser plus rapidement les ODD. Quand nous découvrons les initiatives des communautés de femmes de la région de Souss-Massa pour la culture de l’arganier, ou votre plan, Monsieur le Président, pour l’autonomie énergétique de votre région grâce aux énergies renouvelables, nous savons que nous partageons la même vision. Aussi, l’association Climate Chance est très heureuse de vous avoir confié l’organisation de ce deuxième sommet.

Nous avons trois jours pour renforcer notre communauté des acteurs du climat. Au nom donc de toute l’équipe de Climate Chance que je salue aussi pour son engagement : Bon sommet à tous ! 

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