Interview parue le 12 mars 2013 et accessible sur le site de l’enerpresse
« Le débat s’engage sur de bonnes bases »
Quels rôles complémentaires imaginer pour les différents échelons locaux (communes, départements, régions) en matière d’énergie ?
Cela doit faire l’objet d’échanges dans le cadre du débat, sachant que la déclinaison des compétences devra s’inscrire dans la future loi sur la décentralisation. Il faut absolument que les réseaux de collectivités locales se mettent d’accord pour faire des propositions cohérentes et collectives sur leur rôle à jouer en matière d’énergie. Les collectivités s’accordent déjà sur un point : elles souhaitent avoir des compétences dans le cadre de la transition énergétique. La cogestion des compétences entre État et territoires me semble quasiment actée. Reste que peu de gens ont une vision cohérente de la manière dont doivent s’articuler les six niveaux de décision : mondial, européen, national, régional, local, voire du citoyen. C’est toute la difficulté intellectuelle du débat.
Qu’attendre de la participation des citoyens au débat ?
Dans un pays comme le Danemark, le débat citoyen permet de dégager des attentes très claires de la population sur les politiques à suivre. Je ne suis pas sûr que cela puisse être le cas dans notre pays car la société française est beaucoup plus clivée sur les questions énergétiques ; on n’y trouve pas un tel niveau de consensus. Mais le débat citoyen devra permettre de dégager des priorités, des grands axes à suivre. Je pense qu’il y a une vraie volonté, de la part de la ministre de l’Écologie, du développement durable et de l’Énergie, Delphine Batho, de s’appuyer sur un débat décentralisé. C’est la première fois qu’on a l’opportunité, en France, d’un débat sur l’énergie aussi ouvert et aussi large. Les grands objectifs chiffrés à atteindre sont déjà connus (faire passer la part du nucléaire dans le mix électrique de 75 % à 50 % d’ici à 2025 ; réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030…). Il y a en outre une vraie volonté de transparence (le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur le coût réel de l’électricité témoigne par exemple de cette volonté). Tout cela m’amène à penser que le débat s’engage sur de bonnes bases.
Quelle place pour les questions de compétitivité économique ?
Ces questions doivent faire partie des réflexions. Il faut notamment faire des comparaisons avec ce qui se fait ailleurs. L’Allemagne, par exemple, a choisi de faire payer la transition par les consommateurs en préservant les entreprises. Devrait-on faire un tel choix en France ? Pour ce qui est du secteur énergétique, la France n’a pas les moyens de tout financer. Or, que ce soit dans le nucléaire ou l’éolien, des projets français concurrents sont menés en parallèle ! Le débat devra permettre de faire des choix. Par ailleurs, il faut raisonner davantage en termes de synergies. Exemple : le stockage d’électricité éolienne sous forme d’hydrogène pourra permettre demain de conforter les activités du terminal méthanier de Saint-Nazaire, où l’hydrogène pourra être incorporé dans le gaz naturel.