Intervention à la tribune de l’ONU, lors de la session des villes dans le cadre de la préparation des Objectifs de Développement Durable (ODD), sur les perspectives de la coopération entre les Etats et la société civile
Dialogue n° 2 « Partenariats pour le développement de l’après 2015 : Agenda des gouvernements locaux et régionaux »
Madame la directrice, Mesdames, Messieurs, chers amis,
Concernant l’importance du rôle des villes et des autorités locales pour répondre à l’ensemble des défis liés au développement et à l’environnement du XXIème siècle, je pense que, depuis deux jours, tout ou presque a été dit. Je pense même que la phrase la plus forte sur ce rôle n’aura pas été prononcée par un élu local mais bien par le Secrétaire général des Nations Unies lui-même, M. Ban Ki-moon, qui déclarait hier que, pour le changement climatique, il considérait presque les maires comme plus importants que les ministres, car, je cite, « sans leurs efforts, on ne pourra pas faire de progrès dans la lutte contre le changement climatique ».
On ne peut pas mieux dire !
Cette dernière table ronde revient sur la question des partenariats, des coopérations pour l’agenda du développement pour l’après 2015. Cette question est évidemment cruciale et notre capacité globale de coopération est au cœur de la réponse collective à apporter aux défis de ce siècle.
Dans ce cadre, les élus locaux et régionaux ont un rôle particulier à jouer, car ils sont par définition les élus de la proximité, au contact de tous les acteurs de leur territoire.
Si nous nous mobilisons aujourd’hui pour demander que les prochains objectifs du développement durable intègrent un ODD sur l’urbanisation, c’est évidemment pour mobiliser les Etats sur les enjeux urbains, pour les encourager à nous doter des outils et réglementations nécessaires à notre action, pour renforcer les investissements financiers sur nos territoires, mais c’est tout autant pour justement renforcer notre légitimité à créer les dynamiques de coopération qui sont au cœur de l’avenir de nos territoires.
Dans ce lien entre développement soutenable et urbanisation, c’est d’ailleurs nous qui avons été le plus capable d’innover dans la coopération entre acteurs, en sortant de la logique de décisions politiques pyramidales « top-down » pour développer des Agendas 21, des processus de co-élaboration de politiques publiques avec les acteurs locaux, les associations, les entreprises, pour répondre ainsi plus finement aux enjeux spécifiques de nos territoires.
Cette culture de la coopération, nous la proposons aujourd’hui aux Etats, et je rejoins encore ici les propos du Secrétaire général Ban Ki-moon, qui appelait hier à un nouveau type de dialogue associant tous les niveaux : les gouvernements, les élus locaux et la société civile. La décision des Etats, dans le cadre des mécanismes de négociations multilatéraux de l’ONU, de retenir ou pas un objectif de développement durable sur l’urbanisation, dira d’ailleurs un peu de la volonté des Etats de s ‘engager dans cette voie d’un monde de coopération multiniveaux et multisectorielle, un monde peut-être un peu plus complexe dans sa gouvernance mais au final plus dynamique, plus rapide à agir et à innover, à la fois plus anticipateur et plus résilient.
Le processus actuel vers 2015, des accords sur les ODD et le climat, doit donc être l’occasion de modifier les processus de décision, de sortir des approches cloisonnées entre niveaux de gouvernance comme entre groupes de la société civile.
Et il appartient aux réseaux de collectivités locales de montrer l’exemple. Nous ne serions pas crédibles si nous ne nous l’appliquions pas. Je crois que nous le savons et nous le faisons. Tout d’abord, nous travaillons ensemble, que ce soit pour la Global Taskforce pour l’agenda post 2015 ou pour la négociation climatique. CGLU, ICLEI, NRJ4SD et les réseaux régionaux travaillent ensemble. Sur le climat par exemple, nous avons adopté à Nantes une déclaration commune à tous les réseaux, une Local Climate Roadmap, qui est tout d’abord une véritable offre de coopération et de partenariats pour une action mondiale concertée, adossée à la capacité d’action des élus territoriaux, en insistant sur la nécessaire étroite collaboration entre gouvernements locaux et subnationaux.
Ensuite, nous devons nous aussi renforcer notre dialogue entre groupes de la société civile. Nous avons ainsi profité du Sommet mondial de la ville Ecocity en septembre dernier pour impulser un échange en vue d’une contribution commune de différents groupes majeurs sur les enjeux de l’urbanisation durable. Cet échange dit clairement les convergences de vue entre des acteurs très différents et dessine un monde qui ne peut plus se résumer à la négociation entre Etats. Un monde dans lequel des approches horizontales mondiales se développent, nourri d’expériences communes des différents acteurs, au-delà de leur appartenance à un espace national.
Derrière cet ODD sur l’urbanisation, au-delà de ces importants objectifs opérationnels, c’est donc bien à une nouvelle utopie mondiale que nous appelons, pour un monde qui préfère la coopération à la confrontation, qui développe résolument de nouveaux partenariats pour répondre aux défis du XXIème siècle.