Communiqué de presse de réaction de Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique, à la réponse de Delphine Batho, ministre de l’Ecologie, à sa question d’actualité cet après-midi au Sénat, sur le calendrier de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.
A la suite du communiqué, ci-dessous : la question d’actualité posée par Ronan Dantec ainsi que la dépêche AFP parue ce jour.
Paris, le 13 septembre 2012
Le sénateur écologiste Ronan Dantec se déclare déçu de la réponse apportée par la ministre de l’Ecologie à sa question d’actualité sur le calendrier de fermeture de la centrale de Fessenheim.
Alors que les dernières déclarations de Delphine Batho sur la fermeture de la centrale, « le plus tôt possible», semblaient totalement cohérentes avec les propos du président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste[1], la réponse de la ministre ce jour au Sénat, envisageant de nouveaux travaux sur la centrale pour permettre la poursuite de son activité, suscite bien des interrogations.
Réaliser des dizaines de millions d’euros de travaux, voire davantage, sur une centrale qui doit fermer « le plus tôt possible », serait incompréhensible. L’aberration économique semble évidente, sans compter une faisabilité technique qui est loin d’être acquise et un calendrier de décision incompatible avec le débat sur la transition énergétique.
Pour Ronan Dantec, « ce gaspillage financier sur une centrale en fin de vie n’aurait aucun sens et donnerait un signal très négatif aux acteurs industriels et financiers auxquels nous demandons aujourd’hui de s’engager résolument dans la transition écologique.»
[1] André-Claude Lacoste, déclaration devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, 5 juillet 2012 : « Suite à la révision qui a été menée sur le réacteur n°1 de la centrale, en sus des examens de sûreté post – Fukushima, nous avons exigé l’épaississement du béton du radier. Cette mesure devra être effective d’ici à l’été 2013, sans quoi le réacteur ne pourra continuer à fonctionner. Nous prendrons sans doute les mêmes prescriptions pour Fessenheim 2 »
Question d’actualité posée par Ronan Dantec
Mme la Ministre,
Vous avez déclaré il y a quelques jours que la centrale nucléaire de Fessenheim, je vous cite, serait fermée « le plus tôt possible ». Nous nous réjouissons bien évidemment de cette déclaration, cohérente avec les engagements du Président de la République et l’accord politique passé entre les formations de la majorité gouvernementale.
Nous attendons maintenant les conclusions de l’enquête que vous avez demandée sur les circonstances de l’incident, qui a blessé la semaine dernière deux agents d’EDF, mais elles ne feront certainement que confirmer ce que nous savons déjà : que cette centrale est la plus vétuste du parc nucléaire français, et qu’elle est particulièrement dangereuse, en raison de ses spécificités bien connues – faible épaisseur du radier, situation en zone sismique et en contrebas d’un canal – mais aussi au vu de problèmes de fonctionnement et de maintenance qui font régulièrement parler d’eux. On se souvient de l’incendie observé en avril dans le réacteur 2, et ce n’est qu’un exemple : on a recensé pas moins de 23 incidents depuis le redémarrage de ce même réacteur, le 8 mars dernier !
Il est donc évident que cette centrale fait peser un risque environnemental extrêmement lourd et qu’elle doit être fermée de manière urgente, « le plus tôt possible ».
Cette urgence est aussi économique si nous voulons mobiliser l’ensemble des acteurs industriels sur la voie de la transition énergétique. Il leur faut un signal politique clair pour lancer la dynamique financière et industrielle de la transition écologique, et nous n’avons ici aucune raison d’attendre.
Début juillet, André-Claude Lacoste, président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, a affirmé devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, je cite : « Suite à la révision qui a été menée sur le réacteur n°1 de la centrale, en sus des examens de sûreté post- Fukushima, nous avons exigé l’épaississement du béton du radier. Cette mesure devra être effective d’ici à l’été 2013, sans quoi le réacteur ne pourra continuer à fonctionner. Nous prendrons sans doute les mêmes prescriptions pour Fessenheim 2 ». Nous avons donc peut-être là le calendrier de fermeture, ce premier signal fort de mobilisation des acteurs économiques de la transition énergétique.
Ma question, Mme la Ministre, est donc fort simple : pensez-vous, au vu des coûts extrêmement importants des travaux de renforcement du radier (plusieurs dizaines de millions d’euros), imaginable d’engager des investissements aussi importants pour une centrale amenée à fermer le plus tôt possible, et votre gouvernement ayant multiplié les déclarations selon lesquelles il respecterait scrupuleusement les avis de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, l’ASN mettant donc une date butoir à l’été 2013 ? De fait, le véritable calendrier de fermeture de Fessenheim n’est-il donc pas, tout simplement et en toute logique, l’été 2013 ?
dépêche AFP, 13/09/2012
Les travaux à Fessenheim ne sont pas un obstacle à la fermeture de la centrale selon Delphine Batho
Interrogée lors des questions orales au Sénat par le sénateur EELV Ronan Dantec sur l’incident qui s’est produit le 5 septembre à Fessenheim, la ministre a indiqué que le rapport demandé à EDF serait complété par un rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire.
Les travaux demandés par l’Autorité de sûreté nucléaire sur la centrale de Fessenheim ne feront pas « obstacle » à l’engagement pris de fermer la centrale d’ici la fin du quinquennat, a assuré jeudi 13 septembre la ministre de l’Ecologie et de l’Energie Delphine Batho.
« Cet engagement sera tenu, le calendrier précis pour pouvoir procéder à cette fermeture dans des conditions responsables, en termes de sécurité d’approvisionnement électrique et pour la préservation des emplois, sera discuté dans le débat national sur la transition énergétique », a réitéré la ministre.
Elle a souligné aussi que « les prescriptions de l’Autorité de sûreté nucléaire s’imposent à tous », et que les travaux seraient donc faits d’ici le 30 juin, « sans faire obstacle a l’engagement pris pour la fermeture de Fessenheim ».
Dans un communiqué, Ronan Dantec s’est dit « déçu » de cette réponse, estimant que « réaliser des dizaines de millions d’euros de travaux, voire davantage, sur une centrale qui doit fermer +le plus tôt possible+ », selon la ministre, serait « incompréhensible ».
Pour Ronan Dantec, « ce gaspillage financier sur une centrale en fin de vie n’aurait aucun sens et donnerait un signal très négatif aux acteurs industriels et financiers auxquels nous demandons aujourd’hui de s’engager résolument dans la transition écologique ».
Greenpeace a réclamé cette semaine un moratoire sur les travaux prévus à la centrale nucléaire de Fessenheim, estimant qu’il serait « inacceptable que l’Etat autorise (EDF) à investir des millions d’euros dans cette centrale qu’il s’est engagé à fermer ».