Interview de Ronan Dantec faisant suite à la conférence de presse sur la publication du rapport de la commission d’enquête sur le coût réel de l’électricité parue ce mercredi 18 juillet dans Mediapart.
Le rapport en pdf ici
Cette commission d’enquête, créée à l’initiative du groupe écologiste du Sénat en février et avec Jean Desessard pour rapporteur, a achevé ses travaux fin juin. Le rapport a été adopté le 11 juillet par les membres de cette commission, constituée à la proportionnelle des groupes politiques du Sénat.
Ce rapport comprend en annexes des contributions de chaque groupe politique. Dans ce cadre, Ronan Dantec, membre de la commission d’enquête, a réalisé au nom du groupe écologiste une contribution, que vous trouverez en téléchargement ici.
A partir des éléments contenus dans le rapport, les points essentiels développés par Ronan Dantec dans cette contribution sont :
- la nécessité d‘inscrire la stratégie électrique française dans le cadre européen, dominé par l’essor rapide des énergies renouvelables
- la non compétitivité du mégawattheure nucléaire, qu’il soit produit par les centrales prolongées ou par un EPR
- l’exigence d’une nouvelle approche de la gestion publique du système électrique et de la mise en œuvre d’une véritable politique d’efficacité énergétique
Entretien : Par Jade Lindgaard – article publié le mercredi 18 juillet 2012 ici
« L’information est passée un peu inaperçue pour cause de campagne présidentielle : en février, le Sénat a constitué une commission d’enquête «sur le coût réel de l’électricité afin d’en déterminer l’imputation aux différents agents économiques». Créée à l’initiative des élus écologistes, elle a tenu une centaine d’auditions de responsables industriels, politiques, et associatifs, a commandé une enquête sur la contribution au service public de l’électricité (CSPE) à la Cour des comptes et a fait usage de ses « pouvoirs d’investigation » sur les tarifs d’achat de l’électricité d’origine photovoltaïque. Présidée par Ladislas Poniatowski, sénateur UMP de l’Eure, elle a rendu son rapport mercredi 18 juillet.
Les chiffres qu’elle publie sont inquiétants sur les perspectives de l’industrie nucléaire : en cas de prolongement de la vie des centrales à 60 ans, comme le préconise EDF, le coût réel du mégawattheure (MWh) pourrait atteindre jusqu’à 75 euros en coût courant économique, contre 49,5 euros aujourd’hui selon la Cour des comptes. À ce niveau-là, il commencerait à perdre son avantage compétitif sur les énergies renouvelables les plus matures, à commencer
par l’éolien terrestre. Ce chiffrage, d’une ampleur inédite, ne figure pas en tant que tel dans le rapport. Un « choix politique », explique Jean Desessard, parlementaire écologiste et rapporteur de la commission, car tous les élus ne sont pas d’accord. Mais ils ont réalisé un tableau énumérant les dépenses aujourd’hui non prises en compte dans le coût du nucléaire, alors qu’elles sont à la charge, ou pourraient le devenir, de la collectivité: démantèlement, gestion des combustibles usés et des déchets, recherche publique, assurance d’accident, révision du taux d’actualisation des investissements. Leur somme atteint 20,85 euros de surcoût au MWh. En les ajoutant aux 54,2 euros dont la Cour des comptes estime qu’ils représentent le coût courant économique une fois pris en compte le programme de maintenance et les dépenses post Fukushima, on obtient 75 euros le MWh d’électricité nucléaire. «Certains d’entre nous font ce calcul, d’autres non, estimant qu’ils cumulent trop d’incertitudes » précise le rapporteur. Alain Fauconnier (PS) «conteste» le chiffrage à 75 euros le MWh (pour lui, ni la recherche publique, ni les coûts d’assurance ne doivent forcément être pris en compte dans le coût) mais reconnaît que des dépenses importantes devront être faites et qu’elles vont renchérir la valeur du Mwh. Par ailleurs, le rapport décrit une industrie énergétique européenne aujourd’hui beaucoup plus tournée vers les renouvelables que vers l’atome, avec 250 milliards d’euros d’investissement prévus dans l’éolien, le photovoltaïque et la biomasse d’ici 2020 contre seulement 16 milliards dans le nucléaire. Et il insiste sur la prime aux renouvelables qui structure désormais le réseau électrique européen. Pour préserver son équilibre politique – tous les partis y sont représentés – la commission a focalisé son travail sur le rapport d’enquête, voté à la quasi unanimité, à l’exception de la sénatrice communiste de l’Allier, Mireille Schurch. Son groupe reproche au rapport de justifier l’augmentation du prix de l’électricité. Chaque courant propose ensuite ses propres conclusions, pas nécessairement au diapason les unes des autres.
Mediapart a interrogé l’un des membres de la commission, le sénateur écologiste de la Loire-Atlantique, Ronan Dantec, selon qui, au vu de l’enquête parlementaire, « dans la situation économique qui est la nôtre, il est totalement irresponsable » de fonder le système électrique français sur le nucléaire
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