26 novembre 2014. Les élus locaux, acteurs clefs pour le climat. Nicolas Hulot cite le rapport Dantec-Delebarre au congrès des maires

Congrès des maires : Nicolas Hulot fait des élus locaux le moteur de la mobilisation citoyenne

A un an de la conférence mondiale sur le climat qu’accueillera Paris, l’envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète insiste sur la force mobilisatrice des acteurs locaux, assurant que « le changement est en marche » à l’échelle territoriale.

Article de Laurence Madoui dans La Gazette des communes à retrouver en ligne ici

Une « éclaircie » dans le « tunnel » traversé par les acteurs de la lutte contre le changement climatique : c’est ainsi que Nicolas Hulot a qualifié l’action des collectivités, lors de la première séance plénière du 97ème Congères des maires consacrée, le 25 novembre, consacrée à l’environnement et au climat.
« Les quelques éclaircies sont plus manifestes à l’échelle locale qu’à l’échelle nationale et, plus encore, qu’à l’échelle internationale, a déclaré l’envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète. Le changement est en marche, de façon plus probante à l’échelle territoriale. L’innovation est en mouvement, permettant de concilier environnement et économie, qui formaient encore un oxymore il y a peu. »

Pas de camomille – A l’issue des deux heures de débats, le journaliste-reporter relève que « le concept d’économie circulaire a diffusé, dans le vocabulaire et les pratiques, tout comme ceux d’éco-conception ou de bâtiment à énergie positive ». Celui qui avait soumis un « Pacte écologique » à la signature du plus grand nombre, lors du Congrès des maires de 2006, souligne aujourd’hui le rôle des élus locaux en matière de mobilisation et d’entrainement de tous les citoyens dans le développement durable. En exprimant une réserve sur ce dernier terme, pouvant s’apparenter à « une forme de camomille mielleuse permettant de mieux digérer les excès de la civilisation ».

Le créateur de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) cite le rapport de 2013 des sénateurs Ronan Dantec et Michel Delebarre sur « les collectivités territoriales dans la perspective de Paris Climat 2015 [2] « , document mettant en évidence la place essentielle du maillon local dans l’atténuation du changement du climat et dans l’adaptation à son dérèglement. D’où l’impératif de mobilisation citoyenne qu’actionneront les élus locaux, afin de « donner des ailes aux chefs d’Etat ».

Des actes – Voyant dans le conformisme et le scepticisme « nos pires ennemis » à l’heure où les « aberrations climatiques s’observent même sous nos latitudes », Nicolas Hulot martèle que « l’avenir dépend encore de nous ». Pointant le caractère irréversible de l’altération des grands équilibres écologiques, il rappelle que l’accomplissement de l’humanité se jouera vraisemblablement à la conférence de Paris en décembre 2015. « Nous n’avons que trop parlé ».

Côté action, c’est d’abord à l’étranger que le journaliste-reporter puise les exemples, soulignant que « l’exception, parfaitement reproductible, doit devenir le standard ». Gérés comme une matière première à part entière, les déchets apparaissent aujourd’hui dans la colonne « recettes » dans les comptes de la ville de San Francisco. Au Sénégal, un hectare de terres agricoles détruit doit entraîner la réhabilitation de trois hectares.

« Terres rares » – « Peut-être cela pourrait-il vous servir de leçon ? » lance le réalisateur du Syndrome du Titanic aux élus français, dénonçant la « certaine inconscience qui mène à l’artificialisation sols ». Rappelant que l’équivalent d’un département disparaît tous les six ans du fait de l’urbanisation, Nicolas Hulot s’alarme de ce « phénomène tragique ». Assimilant les surfaces agricoles à des « terres rares », il suggère que chaque commune gèle l’espace nécessaire à l’alimentation de sa population. « La responsabilité des élus locaux est très importante, face à un enjeu à la fois de climat et de sécurité alimentaire », souligne-t-il.

L’ancien animateur d’Ushuaïa invite par ailleurs toutes les villes de France à convertir leur éclairage public [3] (50 % de la facture communale d’électricité) aux diodes électroluminescentes et aux détecteurs de présence. « Ce pourrait être leur contribution supplémentaire en vue de la Conférence climat. »

Créer la norme – Autre levier d’action : la commande publique, qui représente 15 à 20 % de la consommation mondiale. « Les élus ont toute latitude pour que l’environnement devienne un critère de premier choix. Il y a de quoi faire de la commande bas carbone la norme ». L’écologiste signale au passage que la FNH lancera, en décembre, un portail sur la restauration collective responsable.

Façon d’excuser la ministre de l’Ecologie, absente du Congrès pour cause de réception du Pape à Strasbourg, Nicolas Hulot cite un récent propos tenu par le Saint-Père lors d’une visite du chef de l’Etat : « Les hommes pardonnent parfois, Dieu pardonne toujours, la nature, jamais. »

 

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