En réaction à la décision de Nicolas Hulot de quitter le gouvernement, Ronan Dantec était interviewé par Presse Océan sur le devenir de la centrale à charbon de Cordemais. Il appelle tous les élus de la Région, du Département et de la Métropole « à se mobiliser sur ce dossier de manière urgente et très forte ».
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Course contre la montre
Une course contre la montre est engagée à Cordemais avec le développement d’Ecocombust, projet visant à convertir la centrale à charbon à un mode de production d’électricité plus écologique, axé sur la biomasse, soit l’utilisation de végétaux.
La bataille technologique est en passe d’être remportée. Le 24 mai, une première victoire a été engrangée. Au terme d’une semaine d’essais, la centrale a produit de l’énergie sur une tranche en utilisant 80 % de biomasse et 20 % de charbon. « Le cap des 87 % a même été atteint », indiquait Gwénaël Plagne, de la CGT.
Moratoire réclamé
Le 1er août, l’expérimentation a été éprouvée avec succès sur une durée plus importante. « 80 % de biomasse et 20 % de charbon ont été injectés dans nos chaudières durant plus de 4 heures », rapporte EDF.
À terme, l’entreprise ambitionne de remplacer totalement le charbon avec de la biomasse, ou de garantir à tout le moins « une production neutre en carbone », ainsi que l’a déclaré Dominique Minière, directeur exécutif d’EDF, lors d’une visite le 19 juillet. « On peut réussir à tourner sans charbon, soutient Gwénaël Plagne. Mais pas avant 2025 au moins. »
Direction du site de Cordemais, salariés et élus de Loire-Atlantique rivalisent donc d’efforts pour arracher « un moratoire » au gouvernement, tout en s’engageant à réduire de 50 % la part du charbon dans la production d’énergie à l’horizon 2022.
Ronan Dantec reste « convaincu que le lobby pronucléaire, actif au sein d’EDF, ne voit pas d’un bon œil le programme de Cordemais ».
« Appel à la mobilisation »
Le sénateur écologiste appelle donc tous les élus de la Région, du Département et de la métropole « à se mobiliser sur ce dossier de manière urgente et très forte ».
Pour rappel, Rémy Nicoleau, président de l’intercommunalité « Estuaire et Sillon » qui englobe Cordemais, a écrit au printemps au Premier ministre pour défendre la centrale et ses salariés. Le courrier a été cosigné par tous les élus de poids de Loire-Atlantique, quelle que soit leur tendance politique, parlementaires inclus. « La centrale doit être maintenue comme site d’appoint pour répondre à la variabilité des énergies renouvelables, en utilisant comme carburant un mix biomasse/charbon », défendaient les élus d’une même voix, aspirant à transformer le site en « laboratoire expérimental exemplaire en matière de transition écologique autour des énergies renouvelables et de l’innovation ».
A la recherche du modèle économique
« Il faut vraiment y aller franco, reprend Ronan Dantec. Il y a urgence à agir tous ensemble où l’on va perdre. Sébastien Lecornu (Ndlr: secrétaire d’État à la Transition écologique) vient tout juste de confirmer les centrales à charbon françaises, grandes émettrices de CO2, seraient fermées en 2022, conformément aux engagements pris lors du sommet climatique de 2017. On est tous d’accord pour dire que le charbon, c’est fini. Mais là, on tient un projet qui divise par 40 les rejets de CO2 dans l’atmosphère. J’ai repassé en juillet des infos sur le dossier au cabinet d’Hulot. Il était sensible à notre argumentaire et m’avait appelé directement pour que l’on discute du sujet. Au début de l’été, on a discuté du prix de sortie de l’électricité produite via le procédé biomasse. Le problème est que cela reste assez cher. »
En juin, une source figurant au cœur du réacteur gouvernemental indiquait qu’EDF proposait de facturer le MW autour de 150 €. « Prix trop élevé, dit un spécialiste, qui note : C’est moins cher que l’éolien offshore mais c’est presque deux fois plus que le charbon ».
« Un enjeu d’exportation »
Ronan Dantec pense qu’EDF peut se montrer moins gourmand mais note aussi: « La préservation de l’environnement, ça ne peut pas être un truc qui serve seulement à faire joli dans les discours. Cela coûte cher et hélas, le gouvernement ne veut pas entendre parler de la question financière. »
Le projet de cordemais, avance-t-il, « vaut le coup. C’est un enjeu d’exportation. À terme, le savoir-faire de Cordemais, en terme de conversion écologique, pourrait se poser en modèle et s’exporter vers des pays africains, tels que le Kenya, le Nigeria ou à la Côte d’Ivoire, qui se lancent dans des investissements charbon ».
Les salariés « dans le flou »
À Cordemais, Gwénaël Plagne, élu CGT, veut croire que le départ de Nicolas Hulot « ne change rien à la donne locale. Le seul souci, c’est que cela risque encore de retarder la prise de décision et ça prolonge le flou pour les salariés. On reste dans l’attente, avec l’espoir de voir le projet validé. Sans quoi ce sera la fermeture. »
Lui se garde bien de lier le sort de Cordemais à la réduction de la part du nucléaire: « On a prouvé la faisabilité technique du procédé, on est capacité de réussir notre transition écologique. On veut juste que cela aboutisse pour nous donner un avenir. »