3 septembre 2013. Ronan Dantec expose les enjeux d’Ecocity, sommet mondial des villes durables, à Nantes du 25 au 27 septembre

Président du comité d’orientation d’Ecocity, Ronan Dantec révèle les enjeux du sommet mondial des villes durables, qui se tiendra à Nantes du 25 au 27 septembre.

Interview parue sur youphil.com, le média de toutes les solidarités (Propos recueillis par Elodie Vialle)

« 2015 sera l’année du développement durable »

Youphil.com: En quoi consiste Ecocity?

Ronan Dantec: Ecocity, c’est le sommet mondial de la ville durable. C’est le moment, tous les deux ans, où l’ensemble des acteurs mondiaux (les élus, les grandes entreprises, les scientifiques, etc.) se regroupent pour échanger sur les défis de la ville durable et connaître les dernières découvertes pour accélérer le changement.

En quoi les villes sont-elles des acteurs du développement durable?

La moitié de la population mondiale est urbaine, et 70% des émissions de gaz à effet de serre sont produites dans les villes. Si on veut répondre quantitativement aux grands enjeux du développement durable (climat, biodiversité, enjeux sociaux), cela se passe dans les villes.

Les grands textes internationaux le disent clairement: il faut organiser la ville pour qu’elle réduise ses émissions de gaz à effets de serre, son alimentation car elle réduit considérablement l’espace agricole pour se nourrir et gaspille beaucoup la terre. On a aujourd’hui besoin d’une ville qui se pose la question de sa responsabilité, qui s’organise autrement.

Quelles sont les villes en avance? Quels exemples pourriez-vous donner?

La ville de Copenhague avec laquelle nous travaillons depuis des années a aujourd’hui l’objectif d’être neutre en carbone. Cela passe par une mobilité où le vélo joue un rôle essentiel, mais aussi un investissement très fort dans l’éolien marin par exemple.

Ces choix peuvent-ils être appliqués dans d’autres villes, comme Nantes?

Nantes est capitale verte de l’Europe. Nous avons un plan climat avec un objectif de moins 35% d’émissions de carbone en 2020 -donc bien plus que les objectifs européens- et pour l’instant nous tenons nos objectifs.

Les émissions de CO2 diminuent dans la ville. La part du déplacement automobile baisse rapidement grâce à une politique très volontariste sur les transports en commun depuis une trentaine d’années, mais aussi une « politique vélo » qui commence à porter ses fruits.

Nous sommes également très investis dans la biodiversité puisque nous avons un classement Natura 2000 en centre urbain. Pratiquement personne ne l’a fait, pas seulement en France, mais aussi en Europe.

Il y aussi des exemples dans les villes chinoises, ou aux Etats Unis. A Seattle par exemple, le transport public est gratuit dans l’hypercentre. C’est une ville qui travaille fortement sur son alimentation en eau.

Moins 35% d’émissions de gaz à effet de serre pour Nantes en 2020… Est-ce tenable si l’on construit un aéroport?

Ce projet n’est pas sur le territoire de l’agglomération, et ne faisait donc pas partie de l’évaluation Nantes capitale verte.

C’est un débat vif à Nantes, et tout le monde connaît mon opposition au projet. Le sommet mondial d’Ecocity est là pour confronter ces différentes visions. Même s’il y a cette opposition forte entre nous sur ce projet d’aéroport, on est d’accord sur le fait qu’on doit assumer notre part de responsabilité globale sur le climat. Il y aura à Ecocity des partisans du pour et du contre.

Vous dites que le financement est l’un des points les plus importants. Avez-vous des exemples de ce qui pourrait fonctionner?

L’un des enjeux sur le financement est de savoir comment on va utiliser tous les fonds des grands accords internationaux: le fonds vert décidé à Copenhague, le fonds d’adaptation qui se précise depuis Durban [novembre 2011]. L’affectation des taxations sur les transactions financières, peut-être demain de nouvelles taxes carbones en France, en Europe ou dans le monde. Ces flux doivent être organisés pour être alloués à des villes qui vont mettre en place des modèles de développement durable sur le plan environnemental et social.

Nous devons aussi réfléchir à des actions sur le climat certifiables dans les systèmes onusiens, afin de faciliter leur accès à des financements.

Autre question: les grandes entreprises ont-elles les nouveaux cadres financiers cohérents pour intervenir dans les villes du Sud, fournir un service de qualité, mais aussi trouver un modèle économique pour permettre de financer l’investissement? Certains ont cru au partenariat public-privé au-delà du raisonnable, après Johannesbourg.

Nous essaierons de voir où nous en sommes, dix ans après.
Nous parlerons aussi, entre autres, des technologies liées au portable: comment les utiliser pour trouver des financements afin de renforcer l’accès à l’eau potable?

Plusieurs acteurs (privés, publics, société civile) participent à Ecocity. Mais la construction des villes durables ne relève-t-elle pas avant tout de la commande publique?

Il y a un enjeu majeur de l’action politique, et derrière, de la commande publique. Aujourd’hui, les règles d’urbanisme ne permettent pas, par exemple, de lutter efficacement contre l’étalement urbain.

Au-delà de la commande publique, c’est aussi la mobilisation de l’ensemble des acteurs et la mise en cohérence d’une vision partagée de la ville qui est essentielle.

Si on a juste la décision politique, mais qu’elle ne s’appuie pas sur des acteurs mobilisés, on n’y arrivera pas. On n’est pas dans un monde ou seul le politique décide. S’il ne décide pas, cela ne marche pas. S’il décide seul, cela ne marche pas non plus.

Cette rencontre s’inscrit dans un contexte international de débats sur le climat… quelles seront les prochaines étapes?

Nous allons notamment présenter la feuille de route mondiale des collectivités jusqu’à Paris 2015. Ecocity s’inscrit dans un calendrier international: l’année 2015, avec la conférence Climat et les discussions sur les Objectifs du millénaire pour le développement, sera l’année la plus importante pour le développement durable, depuis le sommet de Rio en 1992.

Tous ces colloques internationaux où les gens passent leur temps dans l’avion pour venir discuter du climat et du réchauffement climatique, n’est-ce pas un peu problématique?

Non, il faut que les gens se rencontrent, et on ne fera jamais une vidéo conférence vidéo à 3000. L’important est que ces colloques servent à quelque chose, qu’il ne s’agisse pas de refaire le monde en cercle clos, dégagés des agendas internationaux.

Ronan Dantec est sénateur écologiste de Loire-Atlantique, vice-président de la commission développement durable du Sénat, conseiller municipal de Nantes, président du comité d’orientation d’Ecocity, sommet mondial des villes durables.

 

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