5 décembre 2015. #COP21. Bilan de la première semaine

Petit récapitulatif de cette 1ère semaine de COP21 à laquelle je participe au titre de porte-parole climat de CGLU, organisation mondiale des villes.

La venue de 150 chefs d’Etat en ouverture de la COP le 30 novembre était un signal fort pour témoigner de la volonté des Etats d’aboutir à un accord. Il est notamment ressorti des discours que pour les pays du Sud, la priorité est plus que jamais le financement, et c’est bien sûr un point d’achoppement important de cette négociation, la plus complexe menée au niveau mondial, avec la recherche d’un accord à 196 parties (195 Etats + l’Union européenne) qui ne peut être adopté qu’à l’unanimité. Même si rien n’est encore joué à l’heure où j’écris ces lignes, un autre fait marquant de ces annonces au plus haut niveau est que le prix du carbone n’est plus un tabou de la négociation.

Avec les « constituencies » (les 9 composantes de la société civile représentées à l’ONU : gouvernements locaux, ONG, jeunes, femmes, peuples autochtones, entreprises, syndicats, paysans, chercheurs) nous nous mobilisons depuis de nombreuses années pour que le rôle des acteurs non étatiques ou les « acteurs non parties à l’accord » soient reconnus dans le texte de l’accord pour leur action décisive dans la lutte contre le dérèglement climatique. Cette approche territoriale, faite de milliers d’initiatives, permet de combler le fossé entre les +3 degrés pour l’instant en mesure d’être atteints par les Etats s’ils concrétisent leurs engagements, et les +2 degrés de réchauffement, seuil à ne pas dépasser pour ne pas subir un basculement climatique.

C’est au nom des LGMA (Local governments and municipal authorities ou gouvernements locaux et autorités municipales) que je suis intervenu mardi 1er décembre, dans la plénière d’ouverture de la COP21. Le texte de mon intervention ici « Trouvez l’accord, nous ferons le travail ». A cette page, la vidéo complète de la plénière : à partir de 35’30 les interventions de la société civile ; à partir de 47’50, mon intervention.

Le lendemain, mercredi 2 décembre, la dynamique des acteurs non étatiques s’est encore renforcée. Une déclaration des acteurs non étatiques (dont les réseaux de collectivités locales), dont j’ai coordonnée la rédaction en tant que porte-parole climat de Cités et gouvernements locaux unis, a été adoptée. Cette déclaration transmise aux délégations nationales, souligne notre grande inquiétude face aux contributions volontaires des Etats, nous mettant sur une trajectoire insupportable d’augmentation de 3 degrés Celsius des températures. Elle insiste sur l’impératif d’un principe de progression des engagements fondé sur un mécanisme d’évaluation. Nous soulignons toujours les points essentiels de la déclaration de Lyon : enjeu-clé de l’approche territoriale, lien indissociable entre agendas du climat et du développement, nécessité de financements accessibles pour les territoires. Nous appelons enfin les Etats à ouvrir la gouvernance de l’Agenda de l’action aux acteurs non-étatiques, gage d’efficacité et de transparence, aucun Etat ne pouvant atteindre ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre sans l’action et la mobilisation des acteurs non-étatiques.

Le même jour, nous annoncions avec Johanna Rolland, maire de Nantes, Ségolène Royal et Hakima El Haite, ministre de l’environnement du Maroc, pays hôte de la COP22 en 2016, la tenue du Climate Chance, le 1er sommet de l’action climatique à Nantes du 26 au 28 septembre 2016.

Le 3 décembre était le 4ème jour de négociation. Tous les groupes de travail bloquent lorsqu’il s’agit de parler de finances. La question des transferts de technologie est également un point important de la négociation. Un point de décryptage au 3 décembre en vidéo : les négociateurs gardent leur rythme pour aboutir au texte d’étape de l’accord qui doit être remis samedi 5 décembre à Laurent Fabius puis soumis à négociation pendant la 2ème semaine.

Le 4 décembre, plus de 1000 maires du monde entier étaient réunis à l’hôtel de ville de Paris. Ils ont fait des annonces extrêmement ambitieuses en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Leur message : Notre mobilisation peut résoudre la moitié de l’équation climatique ! Ceci est d’autant plus important que les collectivités locales sont à ce jour le seul niveau politique à pouvoir s’exprimer d’une seule voix, à la différence des Etats.

Cette mobilisation et ce foisonnement d’initiatives très positives – des mouvements comme Alternatiba montrent aussi le visage d’une mobilisation citoyenne qui dit aux Etats : nous sommes prêts, nous agissons déjà, à vous de trouver un accord portant une trajectoire crédible de réduction des émissions, et nous ferons le travail, mais pour cela, nous avons besoin d’être reconnus et soutenus (financements, gouvernance partagée…)

Malgré cette dynamique citoyenne, le même jour, les négociateurs au Bourget supprimaient la mention aux gouvernements locaux et subnationaux du préambule du texte. Rien n’est jamais gagné … Retour sur cette journée en vidéo

Ce samedi 5 décembre, vient d’être remis le texte d’étape, le texte sur la base duquel les négociateurs vont travailler pendant la 2ème semaine. Il a été adopté par tous, ce qui est un signal positif sur la volonté collective d’arriver à un accord, même si les points durs, financement, transfert de technologie, répartition de l’effort de réduction des émissions… sont loin d’être tranchés.

Ce jour était aussi celui de l’Action day : mise en scène des initiatives des acteurs non-étatiques par l’ONU, avec en conclusion le président de la République qui a insisté sur la volonté de renforcer le Lima Paris Action Agenda.

Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, l’accord n’est pas encore trouvé, mais c’est mieux parti qu’à Copenhague en 2009.

Je continuerai de publier une vidéo quotidienne à cette page pour analyser et décrypter l’avancement de la négociation.

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