Création du pôle métropolitain Loire-Bretagne : une logique de développement où la coopération prend le pas sur la compétition

Intervention de Ronan Dantec

Groupe des élus Verts, régionalistes et solidaires

21 octobre 2011

Monsieur le président, chers collègues,

Je ne partage évidemment pas l’approche craintive de mon collègue de travail, Joël Guerriau.

La création du pôle métropolitain Loire-Bretagne est un acte majeur pour notre collectivité, qui affirme de manière explicite, la communauté de destin des habitants de ces territoires, et rompt avec des logiques de compétition qui ont longtemps été nefastes à l’efficacité de l’action politique, particulièrement en matière de recherche, de développement économique et d’aménagement du territoire.

Si le terme « historique » peut paraître un peu exagéré pour une délibération de collaboration technique, et sans développer ici un trop long cours d’histoire, il me semble quand même important de souligner à quel point cette délibération rompt avec une logique d’opposition quasi historique entre villes de l’ouest avec des sentiments de jalousie et de méfiance qui au final débouchent sur l’ignorance de l’autre pourtant si proche.

Sans remonter aux XVI et XVII ème siècles, aux débats sur l’implantation de l’université ou du siège du parlement des Etats de Bretagne, il est évident que ces oppositions, notamment entre Nantes et Rennes, ont beaucoup influencé les logiques de développement des villes et des territoires, nécessitant même, au mépris du respect de l’histoire de l’identité commune, la création de deux régions administratives, une pour Nantes, l’autre pour Rennes.

Cette création du pôle métropolitain Loire-Bretagne me semble être d’ailleurs le premier pas concret vers le dépassement de cette aberration administrativo-politique, et c’est une des raisons de notre soutien à cette délibération.

Les grandes villes de l’ouest ont aujourd’hui un rôle majeur et le développement de leurs aires d’influence en témoigne.

La carte que le Télégramme de Brest a publiée cette semaine est en ce sens tout à fait édifiant. Les zones d’emplois de Brest, Rennes, Nantes ont progressé respectivement de 46, 96 et 33% en une dizaine d’années. Là où les bassins d’emplois de Redon et Chateaubriant séparaient encore Nantes et Rennes, il y a seulement 11 ans, aujourd’hui les séparations sont réduites à une portion congrue, et les aires d’influence de Nantes et de Rennes sont maintenant en contact direct.

Comment dans ce cadre pourrait-on imaginer ne pas dialoguer et ne pas concevoir l’avenir ensemble ? Ce serait évidemment absurde. Quand Joël Guerriau dit qu’il faut attendre, je vois qu’il risque de rater encore une fois le train Nantes-Rennes.

Cette délibération évoque les principes et les enjeux du développement durable, je ne peux que m’en réjouir. Un des grands principes du développement durable est justement de se poser constamment la question de l’impact de nos propres décisions sur les autres territoires, qu’ils soient lointains ou proches.

En ce sens, le pôle métropolitain doit être l’occasion de renforcer les autres collaborations avec des villes moyennes, elles aussi dynamiques comme Vannes ou Quimper, mais aussi des espaces plus ruraux, qui ne peuvent pas être considérés que comme des espaces « interstitiels ».

Il faut trouver les formes de cette coopération, complémentaire au pôle métropolitain. On peut par exemple s’inspirer de la conférence des pays de Bretagne, qui permet chaque année à la région de réunir les élus des intercommunalités et des conseils de développement : il nous faut de nouveaux espaces de dialogue et donner des signes.

Dans les coopérations concrètes entre les grandes villes de l’ouest, les questions environnementales sont importantes et nous avons l’opportunité du développement d’une filière économique des énergies renouvelables qui peut être très créative d’emplois.

Il faut encore y travailler, Nantes et St Nazaire doivent par exemple renforcer leur coopération sur le grand éolien, et nous devons les y aider. Sur ce point, nous savons que tout n’est pas parfait.

C’est donc avec enthousiasme que nous voterons cette délibération qui participe d’une logique de développement, où la coopération prend le pas sur la compétition.

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