Malgré l'esclandre du MEDEF qui ne visait qu'à masquer la réussite du débat, Ronan Dantec se félicite de l'adoption du document final qui va maintenant servir de base à future loi sur la transition énergétique.

Par AFP

Le débat national sur la transition énergétique, voulu par le président Hollande pour esquisser l'avenir de l'énergie en France, s'est conclu jeudi sur une «synthèse» sans «recommandations» après une réclamation de dernière minute du Medef, laissant au gouvernement la tâche de trancher.

Le Medef a finalement accepté dans l'après-midi un document légèrement remanié sur la forme mais quasiment inchangé sur le fond par rapport au projet de «recommandations» que la première fédération patronale française refusait «d'endosser» le matin même.

«C'est un argument qui pouvait paraître de pure forme, mais appeler un document +recommandations adoptées+ alors qu'en réalité sur plusieurs recommandations, certains veulent ça et d'autres le contraire, ça n'a pas de sens», a expliqué à l'AFP Michel Guilbaud, directeur général du Medef.

Le nouveau document, baptisé «synthèse des travaux», remplace les quinze «recommandations» par quinze «enjeux principaux», a été approuvé le «Parlement» du débat (comprenant patronat, syndicats, ONG, élus et experts) réuni jeudi pour sa dernière séance plénière à Paris.

Cette «synthèse» vise à concilier les intérêts divergents tout en laissant ouverts des désaccords de fond sur certains points, comme l'objectif de diviser par 2 la consommation d'énergie d'ici 2050 ou le nucléaire.

Plutôt consensuelles sur la rénovation énergétique des bâtiments, les conclusions font apparaître explicitement ces divergences, laissant au gouvernement le soin d'arbitrer.

Le matin, le ministre de l'Ecologie et de l'Energie Philippe Martin avait déminé les dissensions en rappelant que «c'est le gouvernement qui, en fin de compte, fait le choix». «Participer à un débat de ce type, ce n'est pas valider a priori les choix et les recommandations que fera le gouvernement», avait ajouté celui qui a succédé début juillet à Delphine Batho.

Prudence

Le Débat national sur la transition énergétique, lancé en novembre, a été rythmé par neuf réunions plénières mais aussi des tenues de groupes de travail spécialisés (financement, renouvelables, etc.) et l'audition d'experts. Voulu par François Hollande, il doit déboucher sur des propositions remises officiellement au gouvernement le 20 septembre lors de la Conférence environnementale annuelle pour nourrir une loi de programmation énergétique présentée à l'automne au conseil des ministres.

L'objectif est d'esquisser une France consommant moins d'énergie, utilisant moins de nucléaire et d'énergies fossiles, à la fois pour tenir les engagements internationaux contre le changement climatique et pour rééquilibrer une balance commerciale plombée par les importations de pétrole et de gaz.

Les divergences portent notamment sur l'évolution de la consommation énergétique.

«Esclandre»

La «synthèse» finale reprend un objectif de réduction de 50% de la consommation d'ici 2050 tout en soulignant que certains acteurs, dont les entreprises, le jugent excessif et proposent une cible plus modérée de -20%.

Autre sujet à trancher pour le gouvernement: la mise en musique de l'engagement de François Hollande de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité. Prudent, le projet plaide pour «une étude pluraliste de faisabilité pour préciser les trajectoires» permettant de respecter cet engagement.

Un engagement auquel ne souscrit pas le Medef.

En dépit des tensions réapparues jeudi, «je trouve que nous avons fait beaucoup de progrès» lors du débat, a assuré la facilitatrice des débats, Laurence Tubiana, citant notamment les propositions sur la rénovation de 500.000 logements par an.

Le document final propose aussi des mesures de soutien aux énergies renouvelables ou pour réduire la consommation d'énergie dans les transports, en développant par exemple les services de partage de voitures ou en réduisant les vitesses maximales autorisées.

Des propositions saluées par le camp «vert».

Pour le sénateur écologiste Ronan Dantec, l'«esclandre» du Medef ne visait ainsi qu'à «masquer la réussite du débat».

Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, s'est également réjoui de voir que la «quasi-totalité du texte a été préservée» tout en reconnaissant que «le document final n'aura que la valeur que le gouvernement voudra lui donner».

«Le débat et les analyses des scénarios ont confirmé ce que nous défendions depuis longtemps : la transition énergétique est une chance pour notre société» en créant des emplois ont réagi Marc Jedliczka et Raphaël Claustre respectivement vice-président et directeur du CLER - Réseau pour la transition énergétique.

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