Pour Ronan Dantec, chez les écologistes, c'est la voix centrale qui est de plus en plus forte.

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EELV au gouvernement: les «pro-participation» et les «anti» ne désarment pas

La secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse a beau multiplier les appels à cesser les «dénigrements» et autres «délices empoisonnées» dans ses rangs, à quelques mois des régionales, les «pro-participation» au gouvernement et les «anti» ne désarment pas.

Réunion après réunion, la patronne des écologistes martèle que «l'écologie se meurt de ces chamailleries, de ces divisions», que «l'invective, le dénigrement, les délices empoisonnés de la petite phrase calibrée comme une bombe à retardement sont des dangers mortels pour (leur) formation». Rien n'y fait.

La blessure de la division lors du refus de participer au gouvernement Valls ne semble pas vouloir cicatriser. Elle s'est même rouverte à la faveur des rumeurs de remaniement gouvernemental.

Il y a les petites piques autour des ambitions personnelles, comme lorsque l'ex-ministre Cécile Duflot tweete «le premier narcisse a fleuri... au milieu des primevères et des violettes... c'est une jolie journée qui commence». Un tweet posté juste au moment où débute un colloques de parlementaires favorables au retour des écologistes au gouvernement, dont les responsables parlementaires Jean-Vincent Placé et François de Rugy.

Ce dernier, député de Loire-Atlantique, répondait le lendemain par le même canal «À Nantes les jonquilles (lointaines cousines des narcisses) sont déjà fanées... Mais il y a bien d'autres fleurs».

Et puis il y a les médisances. Le vote sur la loi sur le renseignement n'a pas arrangé les choses. Cinq députés, dont le co-président de groupe, François de Rugy, et le vice-président de l'Assemblée nationale Denis Baupin, ont voté pour, onze contre et deux se sont abstenus.

- «L'être politique cicatrise vite» -

On espérait le calme revenu pour les régionales mais lundi, c'est Marie Bové, fille de José Bové et membre du bureau exécutif du parti qui dans une lettre ouverte parle de «clan», de «rancœur», de «revanche». Elle se dit écartée de la liste des régionales en Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin et dénonce un scénario de «l'entre-soi».

«Si elle pense vraiment tout ce qu'elle dit, comment se fait-il qu'elle soit toujours à EELV? Cela n'est pas digne», commente pour l'AFP David Cormand, numéro deux du parti, chargé des élections. «Le vote des militants signifie aussi quelque chose», rappelle-t-il.

«On est passé de la firme à la secte», accuse un autre cadre du parti. «On a un repli sectaire et identitaire du parti, on ressemble au parti d'il y a douze ans», renchérit un autre.

«Le parti est rassemblé autour de la ligne qui a été décidée», affirme David Cormand. Tout juste reconnaît-il qu'«il y a un problème de relations qui deviennent un peu personnelles. Il y a eu un temps de tension mais cela ne concerne pas les militants».

Ce proche de Cécile Duflot dénonce «l'effet grossissant de loupe» qui est «bien éloigné des réalités du parti». «Le travail est fait. Il y a juste une petite partie de râleurs dont le rôle est de faire de la mousse».

«Il y a des blessures et des invectives mais dans quel mouvement n'y en a-t-il pas ?», souligne auprès de l'AFP le sénateur Ronan Dantec, partisan d'une «voix centrale» dans le parti. «En politique, les blessures se pansent vite. L'être politique cicatrise vite», s'amuse-t-il. Selon lui, «la voix centrale est de plus en plus forte» chez les écologistes.

«Certains chez les uns et chez les autres aimeraient que ça explose mais ils ne sont pas nombreux», assure un cadre du parti selon lequel «il y a une avancée sur l'idée de trouver un compromis, les rapports de force ont bougé».

Par exemple «sur la proportionnelle, il y a eu des échanges de noms d'oiseaux par mail mais sur le fond tout le monde est d'accord et une réunion de parlementaires est prévue sur le sujet», selon l'un d'eux. M. de Rugy devrait déposer prochainement une proposition de loi sur ce sujet, une revendication centrale des écologistes.

«Nos désaccords ne doivent pas devenir des actes de décès. Il est donc important de nous réunir aujourd'hui autour d'une idée simple: les écologistes sont de retour», lançait samedi Emmanuelle Cosse lors du conseil fédéral de son parti qui lançait la campagne pour la Cop21.

AFP

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