"Hollande et Fabius se sont pris au jeu", confirme le sénateur Ronan Dantec, membre du comité de pilotage de la conférence de Paris, selon qui le ministre des Affaires étrangères en a même fait un "enjeu personnel".

Article par Emmanuel Jarry, en ligne ici

François Hollande s'est laissé convaincre en 2012, contre l'avis de son ministre des Affaires étrangères, d'accueillir à Paris la conférence de l'ONU sur le climat, le seul grand rendez-vous international organisé par laFrance pendant son mandat.

Cette COP21 est une des dernières chances pour les 195 pays participants aux négociations sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre de parvenir à un accord avant que le réchauffement climatique ne soit irréversible.

"Ça collait avec notre projet de transition énergétique et les ambitions du président au niveau européen", se souvient un des avocats de la première heure de la conférence de Paris.

Laurent Fabius n'y voyait, pour sa part, que des coups à prendre, après le sommet climat de Copenhague de 2009, conclu par un compromis a minima à l'issue d'un bras de fer entre le trio Etats-Unis-Chine-Inde, arc-bouté sur son refus d'un accord contraignant, et l'Europe.

La COP21, du 30 novembre au 11 décembre, tombera en outre en pleine campagne pour les élections régionales, scrutin à haut risque pour le chef de l'Etat, à 18 mois de la présidentielle.

Selon des participants au débat, défenseurs et opposants à l'organisation de cette conférence à Paris ont bataillé jusqu'au dernier moment avant que François Hollande n'annonce sa décision lors d'une conférence environnementale, en septembre 2012.

Le chef de l'Etat, dont les questions climatiques n'étaient pas jusque-là un sujet de prédilection, n'a pas immédiatement mesuré les implications d'un événement qui fera de Paris la capitale du monde 12 jours durant, avec 20.000 à 40.000 personnes attendues au Bourget.

"Dans un premier temps, il a compris que c'était une sorte de pince-fesses", raconte une personnalité associée à la préparation de la conférence.

Le déclic est venu en partie de rencontres avec des savants et des économistes spécialistes du sujet, et du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). "Là, il a réalisé que ce n'était pas une histoire d'écolos", se souvient un proche du chef de l'Etat.

Quand ils le voient, ses homologues américain et chinois, la chancelière allemande ou le secrétaire d'Etat américain lui parlent de la COP21. Il comprend alors aussi que c'est "son ticket pour être un grand de ce monde", confie un autre.

"Hollande et Fabius se sont pris au jeu", confirme le sénateur socialiste Ronan Dantec, membre du comité de pilotage de la conférence de Paris, selon qui le ministre des Affaires étrangères en a même fait un "enjeu personnel".

Tout le monde reconnaît aujourd'hui que le chef de ladiplomatie, qui présidera la COP21, s'est investi "à fond" dans sa préparation, avec une équipe de 70 à 80 personnes.

Le comité de pilotage se réunit tous les mois à l'Elysée autour de François Hollande.

 

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