Le 10/12/11 par Laure Nouahlat

"Hallucinant!", "Du jamais vu!", ce matin dans le centre de conférences de Durban, les quelques participants encore présents sont atterrés. Ceux qui étaient partis se coucher hier soir, pensant que les tractations nocturnes aboutiraient à un accord matinal, n'en reviennent pas: après deux semaines de négociations, Durban débouche... sur rien.

A 10 heures, la présidence sud-africaine a programmé une conférence plénière avant de l'annuler. Rebelote à midi. Lors de son point presse, Nathalie Kosciusko-Morizet a confié qu'elle ne voyait "pas comment un accord pouvait désormais être possible". En effet, beaucoup de délégués et plusieurs ministres, sont repartis avec leurs valises à roulettes. "Certains ont voulu décaler leurs avions, mais les vols sont complets jusqu'à mercredi.", explique l'expert climatique Pierre Radanne. "Certaines délégations n'ont pas les moyens de rester plus longtemps ou de rebooker leurs avions", prévient NKM. "L'échec de Durban est le pire des échecs, c'est un échec par défaut, à cause d'une mauvaise gestion du temps de la présidence sud-africaine."

L'excuse est un peu facile, mais elle est réelle. Décidée à faire de Durban un succès, la présidence sud-africaine, menée par la douce Maite Nkoana-Mashabane, a tenu à préserver le processus ultra-démocratique onusien. Ce faisant, elle a perdu du temps et n'a pressé personne. "Disons que les sud-africains ont un rapport au temps peu ordinaire", plaisante Radanne. La présidence a livré un premier texte pouvant servir de base aux négociations jeudi soir, comme c'est l'usage lors des COP (conférence des parties) climatiques, mais elle ne s'est guère montrée autoritaire par la suite, lors de la conduite des fameuses indabas, ces conférences ministérielles où devait se décider l'accord politique de Durban. "Normalement, ces indabas se déroulent avec une quarantaine de participants, c'est à dire un ministre par groupe de pays, suivi d'un expert, mais là, c'était assez ouvert. On a vu des délégations avec dix personnes pour un pays.", raconte NKM. A la cool, quoi.

Le problème désormais, c'est que tous les pays ne sont plus représentés à la COP. Si vote il y a (le quorum pourrait ne pas être atteint), il sera forcément constestable. "Et pendant ce temps, on ne parle presque plus de climat", déplore Benoît Faraco, porte-parole de la Fondation pour la Nature et l'Homme. Le désordre ambiant masque en effet les faiblesses de l'accord qui était "en train d'aboutir", selon les termes d'un ministre. Le texte final prévoyait une convergence des pays dans un accord global dans 5 ans, c'est à dire un engagement pour tous, pays développés et pays émergents, à réduire leurs émissions de CO2. "Dans l'absolu, ce n'était pas un super texte, mais dans le relatif, c'était pas mal." décrypte le sénateur vert Ronan Dantec avant de filer prendre son avion.

http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2011/12/durban-des-négociations-à-la-sauce-africaine.html

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