EELV : les «ni gauchistes ni démissionnaires» cherchent à se faire entendre.
Plus de 300 membres du parti ont signé un texte des parlementaires Ronan Dantec et Yannick Jadot, qui réaffirme l'autonomie du mouvement envers le PS mais aussi la gauche radicale

Publié le dimanche 11 octobre à 12h10. Par Raphaël Proust, Journaliste. En ligne ici.

Les faits - Le sénateur de Loire-Atlantique Ronan Dantec et le député européen Yannick Jadot font circuler un «appel à la responsabilité des écologistes» qui rencontre depuis un écho favorable dans la formation. Le texte renvoie dos à dos les deux ailes du parti et réaffirme l'autonomie d'Europe Ecologie-Les Verts tout en appelant à se concentrer sur les élections régionales.

C'est un duo qui, depuis des mois, tente de remettre Europe Ecologie-Les Verts (EELV) sur les rails. Le sénateur Ronan Dantec et le député européen Yannick Jadot ont lancé vendredi un «appel à la responsabilité des écologistes» qui rencontre un écho favorable dans la formation.

Après la diffusion d'un premier texte entre les deux tours des départementales, ils avaient une nouvelle fois appelé leurs camarades, lors des Journées d’été d'EELV fin août, à revenir aux fondamentaux, à laisser les débats stratégiques et la présidentielle de côté et à se concentrer sur la campagne des régionales et la COP 21. L'initiative semblait isolée au sein d'un mouvement déchiré en deux camps, entre lesquels la rupture n'était alors plus qu'une question de jours.

Sabotage et cartel des gauches. Qu’est ce qui a changé depuis ? «C’est un texte plus politique et, surtout, qui intègre la situation», souligne Ronan Dantec. La «situation», ce sont bien sûr les départs de militants et cadres du parti dans le sillage de François de Rugy et Jean-Vincent Placé. Ces démissions «troublent car elles sont scientifiquement organisées pour nous perturber, à défaut d’être nombreuses», affirme Yannick Jadot. Le député européen en veut pour exemple le départ de la députée de la Vienne Véronique Massonneau : «Elle a attendu trois semaines et la veille du meeting dans sa région pour s’en aller, c’est minable vis-à-vis de ceux qui se sont battus pour qu’elle soit élue».

Dans ce contexte, les initiateurs de l’appel rejettent ce qu’ils décrivent comme un «sabotage» en règle d’EELV. Surtout, ils écartent «sans ambiguïté la stratégie de ceux [...] qui croient que des accords de gouvernement sont possibles sans rapport de force». Si le rapprochement inconditionnel des démissionnaires avec le PS est «une impasse dans laquelle ils se fourvoient», les auteurs insistent également sur le fait que l’avenir d'EELV «n s’inscrit pas dans un cartel des gauches qualifiées de radicales».
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Enfin, ils soulignent que l’élection présidentielle, «dont le contexte est encore largement inconnu», ne doit pas «distraire» le parti de l'objectif des régionales. Une manière de faire savoir à Cécile Duflot qu'elle met la charrue avant les bœufs en se préparant à une éventuelle candidature.

«Ni ni». S’agit-il de renvoyer dos à dos Duflot et Placé ? «Notre démarche n’est pas un “ni-ni”, mais une réaffirmation de notre spécificité et donc de notre autonomie politique. Nous voulons revenir au cœur de notre identité, en cela nous sommes plus centraux que centristes», précise Yannick Jadot.

L’appel a d’ailleurs été signé par plus de 300 membres d’EELV, parmi lesquels quatre têtes de liste aux régionales et huit parlementaires... dont Cécile Duflot ! Pour Ronan Dantec, récolter «autant de signatures en quelques jours veut dire quelque chose, je pense que nous représentons la ligne historique de ce mouvement et que nous devons maintenant y peser».

Si l’aile gauche d’EELV ne s’est pas montrée hostile au texte, certains doutent de son utilité et se demandent s'il ne sert pas surtout à poser les bases d'une motion lors du prochain congrès du parti au printemps. D'autres y voient une forme de «non soutien» aux listes qui, en Nord-Pas-de-Calais-Picardie ou encore en PACA, ont choisi l'alliance avec le Front de gauche au premier tour des régionales.

«Pas du tout, répond Yannick Jadot, nous ne sommes nulle part dans la stratégie du pire et personne ne veut la défaite de la gauche !» Il n'empêche que le bilan devra être tiré dès janvier prochain. L'un des signataires de l'appel espère alors que la secrétaire nationale (et tête de liste en Ile-de-France) Emmanuelle Cosse exprimera plus ouvertement le soutien qu'elle leur a apporté jusqu'ici en toute discrétion...

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