Dans l'article de l'AFP sur la proposition de François Hollande d'organiser un référendum local à propos du projet de Notre-Dame-des-Landes, Ronan Dantec rappelle son soutien au principe d'un tel référendum mais pose des conditions sur les règles partagées entre pro et anti, le calendrier, le périmètre et la finalisation les études.

Hollande recule sur Notre-Dame-des-Landes pour séduire les écologistes

François Hollande veut tenter de mettre fin au blocage interminable sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec l'arme risquée du référendum local, qui lui permet aussi d'obtenir l'entrée au gouvernement d'Emmanuelle Cosse, jusqu'ici patronne d'Europe Ecologie-Les Verts.

"A un moment il faut prendre une décision, nous savons que des travaux doivent commencer au mois d'octobre, et bien d'ici le mois d'octobre je demande au gouvernement (...) d'organiser un référendum local pour que l'on sache exactement ce que veut la population", a déclaré jeudi soir le chef de l'Etat.

"Si c'est oui et que la population veut cet aéroport, alors tout le monde devra accepter cette décision. Si c'est non, vous savez que c'est un projet porté par l'Etat, l'Etat en tirera les conséquences", a-t-il expliqué.

M. Hollande a contesté tout "marchandage", mais le résultat est que le retour au gouvernement d'une écologiste se solde par un recul sur ce dossier enkysté depuis plus de vingt ans.

Le projet de Notre-Dame-des-Landes, qui date des années 60 mais a été relancé à la fin des années 90, aura empoisonné le quinquennat de François Hollande. L'accord passé entre le parti socialiste et EELV en vue des législatives de 2012 incluait déjà un constat de désaccord sur la construction de l'aéroport.

L'arrivée à Matignon de Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et farouche défenseur du projet, au nom du bruit, de la sécurité et du développement économique que ne permet pas l'actuel aéroport situé dans l'agglomération, avait remis la question sur la table.

-"C'est plus piégeux qu'autre chose"-

M. Hollande a d'ailleurs souligné que son ancien Premier ministre appartenait à nouveau au gouvernement au poste prestigieux de ministre des Affaires étrangères. "Vous savez combien il est attaché à cet aéroport", a-t-il rappelé, laissant entendre que tant M. Ayrault que Mme Cosse, opposante acharnée du projet, seraient désormais tenus par le résultat de la consultation.

"J'ai toujours défendu le principe d'un référendum donc c'est une bonne nouvelle", a déclaré à l'AFP Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique. Mais, a-t-il nuancé, "il y a des conditions: il faut se donner les moyens de trouver une règle du jeu commune entre les pour et les contre". Il a cité les questions du calendrier de ce référendum, de son périmètre et de la finalisation des études en cours pour que les électeurs soient parfaitement informés.

"C'est plus piégeux qu'autre chose", a réagi Denez L'Hostis, président de France Nature Environnement, première fédération environnementale de France (3.000 assos), qui n'est "pas favorable" à un référendum local selon lui "source de manipulations".

Conseillère régionale des Pays-de-la-Loire, Sophie Bringuy (EELV) a regretté que le président n'ait pas franchi le pas d'un "abandon" pur et simple. Pour le referendum, il faudra organiser "un débat public", "une remise à plat de toutes les informations sur ce dossier", ainsi qu'"une étude sérieuse, indépendante sur l'optimisation de (l'aéroport actuel de) Nantes-Atlantique", a-t-elle expliqué à l'AFP.

"Il est évident que ce référendum est le prix d'un marchandage pour l'entrée des écologistes au gouvernement", a commenté le président de la région Bruno Retailleau (LR), pour qui le président "refuse de décider".

Alors que plus personne ne s'y attendait, le gouvernement avait annoncé début février "l'engagement effectif des travaux" de construction de l'aéroport. Mais la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal s'était montrée beaucoup moins affirmative. Opposée au maintien de ce projet, elle a commandé un rapport pour évaluer les projets "alternatifs ou complémentaires" à l'aéroport.

Le site est occupé depuis 2009 par des militants anticapitalistes qui se relaient sur cette zone d'aménagement différé (ZAD) rebaptisée "zone à défendre". Ils entendent protéger un environnement qu'ils jugent fragiles et permettre à des agriculteurs installés sur le site de poursuivre leurs activités. Le 25 janvier, une décision de justice a ordonné l'expulsion des derniers habitants historiques des lieux, y compris les agriculteurs.

Les travaux n'ont jamais repris depuis 2012, soit un retard de déjà quatre ans pour un projet qui aurait dû être achevé en 2017.
afp

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