"Il n'est pas acceptable que des centaines de milliers d'enfants soient confrontés à la mort la plus lente et cruelle". Dans "l'Obs" (en ligne ici), 36 parlementaires de tous bords appellent au largage de nourriture et de médicaments.

"Le temps des excuses est fini". Alors que le martyr de la ville d'Alep a atteint son apogée, quelque 200.000 personnes subissant un bombardement continu du régime syrien et de l'aviation russe, 36 parlementaires français de différents bords politiques signent un appel coordonné par l'ONG Avaaz à François Hollande à son ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault pour un largage aérien d’aide humanitaire, dont Cécile Duflot (EELV), Eva Joly (EELV), Noël Mamère (EELV), Razzy Hammadi (PS) ou encore Patrice Verchère (Les Républicains).

Une "pause humanitaire" a eu lieu après la prise par l'armée de Bachar al-Assad de la Vieille ville d'Alep. Mais depuis les frappes ont repris et les Russes ont prévenu que les bombardements continueront tant qu'il restera des "bandits", du nom dont sont désignés les rebelles. Les conditions de vie se détériorent rapidement dans Alep-Est assiégée, soumise au largage de bombes anti-bunker, d'armes à sous-munitions et d'engins incendiaires, tandis que l'accès terrestre de l'aide humanitaire est bloqué. Plus aucun hôpital ne fonctionne et les Nations unies ont averti que la population serait à court de nourriture dans les prochains jours. Des milliers d’enfants sont piégés dans la ville, manquant de ressources alimentaires, d’eau et de médicaments. L’ONU évoque un "cimetière à ciel ouvert", le Programme alimentaire mondial une "lente descente aux enfers".

Cette semaine, les sympathisants d’Avaaz ont envoyé des dizaines de milliers de messages à François Hollande, lui demandant de toute urgence le largage d’aide humanitaire au dessus d’ Alep-Est. Les parlementaires relaient cet appel urgent. Voici leur lettre ouverte ci-dessous :

M. le Président de la République, M. le Ministre des Affaires étrangères,

Un million de Syriens, y compris 275 000 civils à Alep, sont piégées dans leur ville assiégée, en étau entre les bombes et la famine. La diplomatie a indubitablement échoué à arrêter et ne serait-ce même à enrayer les souffrances de ces familles. Notre pays a l’obligation morale de s'assurer qu'au minimum ces familles ne meurent pas de faim à l'approche de l'hiver, en enclenchant des opérations humanitaires, y compris des largages aériens, facilement réalisables.

Alep est à l'épicentre de la crise. Les régimes de Vladimir Poutine et Bachar El Assad avancent pour "exterminer" toutes celles et ceux qui n'ont pas déjà été tués lors de leurs précédentes campagnes de bombardements indiscriminés.

Ces dix derniers jours, tous les hôpitaux, y compris le dernier hôpital pour enfants, ont mis hors service par ces bombes. Des centres appartenant aux volontaires héroïques des Casques Blancs ont également été détruits. La dernière opération d'aide date d'il y a 3 mois et les agents médicaux estiment qu'il nous reste moins de 10 jours avant que la population ne se trouve à court de nourriture.

Avec notre armée de l'air déjà opérationnelle dans le ciel syrien, nous vous appelons à autoriser de toute urgence les largages aériens de l'aide aux populations civiles assiégées. Il n'est tout simplement pas acceptable qu'au cours de la plus grande opération de secours de l'ONU de l'histoire, et devant les caméras du monde entier, des centaines de milliers d'enfants soient confrontés à la mort la plus lente et cruelle, parce que nous ne pouvons pas les atteindre avec de la nourriture et du matériel médical.

Les largages aériens d'aide ne sont certes qu'un dernier recours, mais qui peut aujourd'hui prétendre que nous n'avons pas atteint cette extrémité ? Le gouvernement syrien refuse toutes les demandes d'accès aux agences onusiennes tout en gazant sa population civile.

Notre pays a des partenaires fiables sur le terrain à Alep et dans d'autres villes assiégées, comme les Casques Blancs, qui se tiennent prêts à coordonner la distribution des largages aériens, si seulement nous avons le courage de les engager.

Le temps des excuses est fini.

Les signataires :

Philippe Gosselin (LR), Christophe Premat (PS), Cécile Duflot (EELV), Danièle Auroi (EELV), Eva Sas (EELV), Noël Mamère (EELV), Brigitte Allain (EELV), Sergio Coronado (EELV), Esther Benbassa (EELV), Laurence Cohen (PC), Michel Billout (PC), Marc Philippe Daubresse (LR), Yves Détraigne (UDI-UC), Michèle Bonneton (EELV), Corinne Bouchoux (EELV), Razzy Hammadi (PS), Jean-Michel Couve (LR), Patrice Verchère (Les Républicains), Philippe Duron (PS), Marietta Karamanli (PS), Pascale Crozon (PS), Daniel Raoul (PS), Laurence Abeille (EELV), Gabriel Serville (PS), Laurent Baumel (PS), Michel Liebgott (PS), Michel Ménard (PS), Barbara Romagnan (PS), Jean-Louis Destans (PS), Hervé Féron (PS), Eva Joly (EELV), Jean Desessard (EELV), Ronan Dantec (EELV), André Gattolin (EELV), Andre Trillard (LR), Isabelle Attard (EELV).

 

 

Vous ne pouvez pas laisser de commentaires.