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Ronan Dantec, EELV, vice-président de la Commission du développement durable au Sénat, réagit aux rapports de la Commission de dialogue sur Notre-Dame-des-Landes. (L'interview sur le site ici)

La Commission de dialogue mise en place fin novembre 2012 par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et la ministre de l'Ecologie Delphine Batho a rendu son rapport au ministre délégué en charge des Transports Frédéric Cuvellier ce mardi 9 avril. Dans ce texte, elle justifie la nécessité d'abandonner l'aéroport de Nantes-Atlantique et de construire un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, mais recommande des aménagements, notamment en matière environnementale. Ronan Dantec, vice-président Europe Ecologie-Les Verts de la Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire au Sénat, applaudit.

Comment accueillez-vous les conclusions de la commission du dialogue sur Notre-Dame-des-Landes ?

- En réalité, trois rapports ont été remis au ministre des Transports aujourd’hui : celui de la commission du dialogue, celui de la commission agriculture et celui de la commission scientifique. Ce dernier est le plus important à mes yeux. Il porte en lui le report inévitable du projet. La commission scientifique émet en effet un réquisitoire sévère sur la méthodologie de compensation des zones humides, point sur lequel nous nous sommes beaucoup battu. Et elle formule dans la foulée 13 recommandations. Voyez la première : "Caractériser rigoureusement (…) l’état initial des sites impactés et de leur environnement proche, ainsi que des territoires envisagés pour la compensation". Rien que cette première phrase du point un prend un temps considérable ! A commencer par un cycle biologique complet !

Ces conclusions correspondent en réalité à une remise à plat totale du projet sur le plan environnemental. Qui prendra plusieurs années. De toute évidence, la commission a travaillé de façon indépendante. Il faut prévoir plusieurs années de report.

La commission de dialogue justifie tout de même le projet sur le fond…

- Nous n’attendions pas d’abandon, ce n’était pas l’objet de cette commission. Mais elle souligne également de nombreux points qui nous satisfont. Elle propose notamment une évaluation du réaménagement de l’aéroport existant, Nantes-Atlantique, en intégrant dans le débat les opposants. Autrement dit, elle rouvre le débat.

Elle invite même à actualiser le Plan d’exposition au bruit. Un des arguments principaux des partisans du projet pour justifier le transfert de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes et rendre de nouvelles zones constructibles en périphérie de Nantes.

Il faut donc tout remettre à plat. La commission scientifique reporte, la commission de dialogue émet des réserves… Voilà qui nous donne du temps pour recréer un espace politique de débat. On entre dans un nouveau cycle. A nous de faire preuve de responsabilité. Sortons de l’affrontement. Rediscutons de la réalité de la saturation de Nantes-Atlantique et de son impact bruit sur l’agglomération.

La remise de ce rapport lève la trêve des expulsions. Comment voyez-vous l'évolution de la situation sur le terrain ?

- A partir du moment où il ne peut y avoir de travaux rapides, personne n’a intérêt à l’affrontement sur le terrain. De ce point de vue, force est de reconnaître que le Premier ministre et la ministre de l’Ecologie ont joué le jeu de la reprise du dialogue.

Propos de recueillis par Morgane Bertrand, le 9 avril 2013 - Le Nouvel Observateur