Imprimer

Cinq mois avant la conférence internationale de Paris, les collectivités du monde entier tiennent 
leur sommet à Lyon. Elles doivent publier ce soir une déclaration pour peser sur les négociations entre États. Mille représentants de gouvernements locaux et de territoires du monde ­entier sont présents à Lyon depuis hier. Quel rôle jouent les collectivités territoriales dans la lutte contre le réchauffement ?

Interview réalsée par Stéphane Guérard le jeudi 2 juillet en ligne ici.

Il a fallu un intense lobbying au long des négociations climat, mais tout le monde admet aujourd'hui que sans les territoires, il est impossible de tenir des objectifs de réduction de gaz à effet de serre. D'une part car 50 % de ces émissions proviennent des activités de la vie quotidienne : le transport, le logement... D'autre part, les populations sont assez conscientes de la gravité du réchauffement climatique. Mais envisager les problèmes à l'échelle du monde rend la question anxiogène. En les prenant au niveau territorial, on montre que chacun d'entre nous peut agir efficacement et exercer sa part de responsabilité. À charge pour les élus locaux de mettre en cohérence les actions de tous les acteurs et de définir le rôle de chacun. Le sommet de Lyon est un moment important pour les collectivités. Pour la première fois, l'ensemble de leurs réseaux mondiaux et européens vont faire des propositions qui seront versées dans le cadre des négociations climat en vue du sommet de Paris.

En cas d'échec des négociations entre États à Paris en décembre, les collectivités peuvent-elles porter un plan B ?

Ronan Dantec Il n'y a pas de plan B. Paris doit aboutir à un accord volontaire qui fournira un scénario crédible pour limiter le réchauffement aux 2 degrés supportables et, donc, un cadre d'action pour les collectivités locales. Le niveau territorial offre les ­garanties de l'efficacité du cadre tel qu'il se dessinera à Paris. Ce dernier ne sera ni parfait, ni contraignant. Mais l'essentiel est que tout le monde s'engage sur la même voie. Or, si les territoires disent qu'ils sont prêts à s'engager dans le scénario trouvé à Paris, cela le crédibilise et le renforce parce que les collectivités sont déjà très fortement mobilisées. Les gouvernements locaux, qu'ils soient au Nord ou au Sud, sont d'ailleurs le seul échelon qui s'exprime d'une même voix sur les ­problèmes climatiques.

Mais qu'avez-vous en commun avec Arnold Schwarzenegger, porte-parole du R20, organisation de collectivités tournée vers les solutions du marché ?

Ronan Dantec Le physique (rires). Il y a des différences d'analyse entre nous sur la place du public et du privé dans la lutte pour le climat. Mais la Californie qu'il a ­gouvernée a donné un prix au carbone. Et ceux qui sont engagés pour le climat sont convaincus qu'il est nécessaire d'établir des régulations.

La lutte contre le réchauffement n'augmentera-t-elle pas les inégalités entre les ­territoires riches et pauvres ?

Ronan Dantec Nous lions les questions climatiques avec celles du développement. C'est très présent dans la déclaration finale du sommet de Lyon que nous publierons ­aujourd'hui. L'argent en faveur du développement doit financer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans l'autre sens, les fonds pour le climat doivent œuvrer au développement. Si on finance un transport public, on obtient une baisse des émissions, mais aussi du développement économique et de la cohésion sur un territoire. Les réponses contre le dérèglement climatique sont ­forcément des réponses de société. Sinon, à quoi servent les efforts consentis par des villes pour réduire leurs émissions si, dans le même temps, nous n'accompagnons pas les villes du Sud sur le même chemin ? Notre chance est que les réponses climatiques à trouver impliquent forcément des solutions de ­développement des territoires.

Ronan 
Dantec est le porte-parole des Cités et gouvernements locaux unis, coorganisateurs du sommet 
de Lyon