Ronan Dantec s'est exprimé sur la nécessité de prendre en compte la complémentarité des mobilités dans la stratégie nationale du véhicule autonome lors de ce débat à l'initiative du groupe UC (Union Centriste).

Ci-après le texte de sa question et la réponse d'Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire, chargée des Transports.

"Nous avons cet après-midi un débat tout à fait intéressant intellectuellement, entre prospective et science-fiction. Le véhicule autonome nous permettra de circuler sans tenir le volant. Par conséquent, tout ce qu’il est aujourd’hui interdit de faire quand on conduit – manger, regarder la télévision, téléphoner... – va devenir possible. Dès lors, le temps de transport sera un temps extrêmement agréable, vécu dans un habitacle sécurisé. Nonobstant son prix, qui sera évidemment l’une des grandes questions sur le plan social, on peut donc penser que les gens privilégieront le véhicule autonome.

Si le véhicule autonome se développe dans des conditions économiques satisfaisantes et si nous ne prenons pas en compte les autres formes de transport dans la réflexion, il y aura partout dans nos villes, qui depuis le Moyen Âge n’ont pas été adaptées aux véhicules, des embouteillages. Certes, il y aura moins de pollution atmosphérique parce que les véhicules seront électriques, mais tous les problèmes n’auront donc pas été réglés, sauf pour ceux qui se réjouiront d’avoir le temps de regarder leurs séries préférées, bloqués dans les embouteillages...

Madame la ministre, la question de la complémentarité des mobilités est-elle aujourd’hui au cœur de la réflexion que vous avez engagée avec Mme Idrac ou est-elle encore considérée comme secondaire par rapport à d’autres déjà soulevées ? Il faudra mettre en place des échanges de données en temps réel entre les différentes offres de transport, qu’il s’agisse des transports publics, des transports « doux » ou du véhicule autonome. Comment comptez-vous agir pour clarifier les enjeux en vue de l’arrivée massive des véhicules autonomes sur nos routes ?"

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Je vous le confirme, nous menons une réflexion globale pour élaborer une stratégie du véhicule autonome, dans la foulée des Assises nationales de la mobilité : j’ai souhaité que, à cette occasion, puisse s’instaurer avec les citoyens et l’ensemble des acteurs – élus, opérateurs, associations, experts – un débat sur notre mobilité de demain, l’objectif étant que celle-ci soit plus propre, plus partagée, plus connectée et plus autonome.

Je l’ai dit, notre stratégie en termes de véhicules autonomes va dans le sens du développement de véhicules propres. Elle vise aussi à développer prioritairement les cas d’usage permettant de fournir de nouveaux services de mobilité et elle s’inscrit dans une réflexion globale qui débouchera, dans le cadre de l’examen de la loi d’orientation des mobilités, sur des propositions tendant à favoriser l’utilisation du mode de transport le plus adapté dans chaque environnement. Je ne doute pas que, dans les grands centres urbains qui souffrent aujourd’hui à la fois de congestion et de pollution, les métros, les tramways et les bus resteront des moyens de transport irremplaçables. Quelle que soit la pertinence du véhicule autonome, son encombrement de la chaussée restera supérieur à celui des transports en commun. Pour prendre un seul exemple, le RER A transporte 1,2 million de voyageurs par jour, soit l’équivalent du trafic d’une autoroute à deux fois trente voies pour rentrer dans Paris... Le mass transit, comme on l’appelle, est à mes yeux irremplaçable : il doit s’articuler de façon fluide avec les autres mobilités. Le véhicule autonome sera un outil supplémentaire au service d’une politique globale de mobilité."

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