3 juillet 2013. Le budget 2014 sera «l’épreuve de vérité» entre socialistes et écologistes

Public Sénat a recueilli les réactions de plusieurs sénateurs suite à l’éviction de Delphine Batho de son poste de ministre de l’Ecologie. Retrouvez ci-dessous les propos de Ronan Dantec.

 
Après l’éviction de Batho du gouvernement, les écologistes mettent la pression sur l’exécutif. « Soit le budget 2014 est écolo, soit on partira », prévient Jean-Vincent Placé. Si la baisse du budget de l’Ecologie de 7% est un mauvais signal pour eux, ils attendent de voir les futurs arbitrages.

Finalement, ils restent. Mais entre les écologistes et le gouvernement, après l’éviction de Delphine Batho du ministère de l’Ecologie pour avoir dénoncé un budget en baisse de 7%, c’est compliqué. « Je ne vous dirais pas que c’est un ciel bleu, mais il y a des nuages. L’union est un combat. On se bat pour avancer ensemble », reconnaît ce mercredi François Rebsamen, président du groupe PS au Sénat. En face, on se pose de plus en plus de questions. « Il faut changer de cap politique et avoir enfin une politique écologique », demande Jean-Vincent Placé, patron du groupe écologiste du Sénat. Sinon…

Comme plusieurs de ses collègues, à commencer par le ministre EELV Pascal Canfin, Jean-Vincent Placé menace clairement l’exécutif d’un départ des écologistes du gouvernement. Ce serait une crise grave pour la majorité. « Soit le budget 2014 est écolo, soit on partira », lance-t-il. Europe Ecologie-Les Verts laisse une dernière chance aux socialistes en somme. « Les grandes échéances sur lesquelles on jugera notre participation sont bientôt là. On arrive à l’épreuve de vérité » confirme Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique, ex-adjoint de Jean-Marc Ayrault à Nantes. Reste à voir si les écologistes sont prêts à mettre à exécution leurs menaces ou s’il ne s’agit que d’un concours de muscles.

Fiscalité écologique et taxe sur le diesel

Les écologistes veulent que le prochain projet de loi de finance (PLF), examiné à l’automne, soit vert. Les paroles tenues à Public Sénat la semaine dernière par le rapporteur socialiste de la commission des finances, François Marc, pourraient être de nature à les rassurer. « Il va falloir chercher du côté d’une nouvelle taxe carbone, de la taxation plus importante du diesel », a-t-il affirmé. Mais toutes les demandes des écologistes ne pourront être satisfaites. « C’est plus difficile aujourd’hui d’intégrer ces exigences que pour certains pays qui, depuis 15 ou 20 ans, ont fait des efforts », prévient François Marc ce mercredi. Il ajoute : « C’est un peu le souci, comme le président de la République a dit qu’il ne fallait pas alourdir la fiscalité des Français »…

Le crédit d’impôt pour les entreprises doit être en parti financé par la fiscalité écologique. Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve, qui a déjeuné avec des parlementaires écologistes mardi, a confirmé qu’un tel projet était dans les cartons. « La première année a été très faible » constate cependant Jean-Vincent Placé, qui mise sur la seconde.

Tout n’est pas noir

Tout n’est cependant pas noir, aux yeux des alliés écolo. « Contrairement à ce qu’on dit, aujourd’hui les grands arbitrages ne nous sont pas encore défavorables », minimise Ronan Dantec. « Par exemple le rapport Duron affirme qu’il faut arrêter avec les infrastructures lourdes et mettre l’accent sur les transports de proximité. Sur la transition écologique, la méthode très participative de Batho a eu une certaine efficacité. Il y a une marginalisation du scénario du tout nucléaire, avec toujours l’objectif de réduire la part du nucléaire dans l’électricité à 50% en 2025 ». Si Ronan Dantec n’attend pas de « déclaration d’amour », il compte au moins sur « une déclaration d’intérêts bien compris ».

Les écologistes n’en sont pas encore au divorce. Les deux parties n’en tireraient pas avantage. François Rebsamen le sait bien : « J’espère qu’on continuera ce rassemblement, notamment à l’occasion des prochaines élections, car il n’y a pas d’avenir hors de ce rassemblement ». Les municipales de mars 2014 sont dans toutes les têtes. Si les écologistes présenteront des listes autonomes dans les grandes villes, ils sauront retrouver les socialistes pour le second tour.

François Vignal, avec Marie Bremeau
03/07/2013
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