Les villes de sud pourront bientôt lancer des « city-wide programmes », financés sur les fonds des crédits carbone, pour réduire les émissions de CO2 sur leur territoire. Celles du nord veulent tirer parti du marché européen des quotas de carbone.
Joel COSSARDEAUX
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Si l’Union européenne et les pays en voie de développement ont beaucoup milité à Durban pour ne pas voir s’éteindre le processus de Kyoto, ils n’ont pas été les seuls. Les gouvernements locaux -villes, provinces, Etats fédérés -ne tiennent pas plus à voir sombrer les instruments que ce traité a fait naître et, notamment, le Mécanisme pour un développement propre (MDP). Les 40 pays les plus industrialisés du globe y ont recours pour s’amender d’une partie de leurs excédents de CO2 en finançant, contre des crédits carbone échangeables, des projets qui concourent à faire baisser le CO2 émis hors de leurs frontières. «Si Durban ouvre une nouvelle période d’engagement des pays riches à baisser leurs production de carbone, le mécanisme survit et avec lui la possibilité pour les villes du sud de faire financer des projets de réduction de CO2», expliquait Renan Dantec, le président de Cités et Gouvernement locaux unis (CGLU), à la veille de la clôture de cette 17e conférence sur le climat.
Les projets en question devront se couler dans le nouveau moule des « city-wide programmes ». Un concept validé l’an dernier à Cancun qui consiste à regrouper dans un seul et même programme les initiatives de réduction de CO2 touchant toute la vie urbaine : transports, industries, logement, etc. Le bureau du MDP vient de livrer la méthodologie qui s’applique à ce dispositif global, mené à « l’échelle de la ville ». La base de financement n’est pas négligeable: le MDP a capté 14% des 107 milliards d’euros de transactions d’actifs carbone enregistrés l’an dernier.
Le CGLU, fédération mondiale de grandes associations de pouvoirs locaux de 136 pays, fait maintenant le forcing pour faciliter l’accès des villes -celles de l’hémisphère nord cette fois -à l’EU-ETS, le système européen des quotas de CO2. «En 2013, la totalité des fonds sera affectée aux Etats dont la moitié devra servir à lutter contre le changement climatique. Dans ce domaine, les collectivités locales, responsables des transports et de l’urbanisme, font 50% du boulot», argumente Renan Dantec. Le CGLU et les grands lobbies européens de pouvoirs locaux (CCRE, Euro-Cities, Climate-Alliance…) suivent de près le processus de mise aux enchères des quotas européens qui doit être activé l’an prochain. «On pourrait capter entre 5 et 10 milliards d’euros à l’échelle européenne dont 500 millions pour la France», assure le sénateur (EELV) de Loire-Atlantique. Une manne à laquelle ne doivent prétendre, selon lui, que les collectivités «dont les émissions de gaz à effet de serre baissent vraiment».