Longévité. Son secret ? Il a su s’entourer et miser sur des projets d’avant-garde.
Philippe Dossal (Le Point)
http://www.lepoint.fr/villes/le-cas-ayrault-15-12-2011-1408037_27.php
Jean-Marc Ayrault est assis dans le fauteuil de maire de Nantes depuis le printemps de 1989, soit un peu plus de vingt-deux ans. Autant dire une génération. On a presque du mal à y croire, tant l’homme a su se préserver de l’usure du pouvoir. Son allure d’éternel gendre idéal, malgré ses 61 ans (il est né en 1950) et sa mise impeccable jouent en faveur de ce socialiste modéré. Mais le secret de sa longévité est ailleurs. Jean-Marc Ayrault a d’entrée inscrit son action dans la durée, commençant par redonner confiance à une ville secouée par une sérieuse crise existentielle. Il accompagne, depuis lors, le réveil de la cité des ducs et en incarne habilement le renouveau depuis la fin des années 80.
« Sa grande force est d’avoir toujours un coup d’avance, explique Ronan Dantec, adjoint écologiste à l’environnement et tout nouveau sénateur. Ainsi, dès le début de son premier mandat, il a misé sur la culture. Il a ensuite compris l’importance de la préservation de l’environnement, ce qui a nous a permis d’obtenir le titre de capitale verte de l’Europe pour 2013. » De fait, en ouvrant les portes dès 1989 à la compagnie Royal de luxe, sur les conseils de l’un de ses fidèles, Jean Blaise, Jean-Marc Ayrault a réussi un coup de maître dont il ne mesurait sans doute pas toutes les conséquences à l’époque. Le débarquement de cette troupe de bricoleurs de génie a ouvert une ère d’effervescence culturelle, suivie pendant dix ans par une série de manifestations festives dont les Nantais se souviennent encore. « Le grand éléphant » de l’île de Nantes, qui attire des curieux de l’Europe entière, en est aujourd’hui le symbole. Cette agitation culturelle a donné un coup de jeune à une ville qui se morfondait dans le marasme économique au lendemain de la fermeture de ses derniers chantiers navals.
Alliance. Les milieux économiques ont tout d’abord regardé cette ébullition avec scepticisme. Mais JMA, comme on l’appelle sur les bords de Loire, a très vite rassuré les industriels nantais, notamment en s’associant au grand projet de la chambre de commerce, qui militait pour un rapprochement avec Saint-Nazaire dans le domaine des industries aéronautique et navale. Cette alliance avec le monde économique, que la plupart des grands patrons évitent de confesser publiquement, de peur de se marquer politiquement dans une ville où la discrétion est considérée comme une vertu, est une constante depuis le début de son accession au pouvoir. Selon certains, cette entente expliquerait la faiblesse endémique de l’opposition à Nantes. Pourquoi changer de cheval, alors que celui-ci donne toute satisfaction ? En témoigne la défense sans faille du projet de plate-forme aéroportuaire à Notre-Dame-des-Landes, qui vaut pourtant au maire de Nantes une guerre acharnée depuis bientôt dix ans avec ses alliés écologistes, farouchement hostiles au projet.
Jean-Marc Ayrault a une conviction : Nantes doit prendre la place de capitale économique du Grand Ouest qui lui revient et se doter d’équipements à la hauteur de ses ambitions. N’en déplaise aux mauvais coucheurs. Le maire de Nantes s’inscrit dans une vieille tradition nantaise qui commande de laisser ses convictions politiques au vestiaire lorsqu’il s’agit de discuter du développement local ou régional. Il a ainsi travaillé en bonne intelligence avec Olivier Guichard, lorsque ce dernier présidait la région, pour implanter de grandes écoles d’ingénieurs à Nantes. Il n’hésite pas à dérouler le tapis rouge au maire de La Baule, Yves Métaireau, pour évoquer l’avenir de l’estuaire. Consensuel à Nantes, plus marqué politiquement à Paris, le député maire, président du groupe socialiste à l’Assemblée, sait jouer sur tous les claviers pour promouvoir sa ville.
Pour parvenir à ses fins, JMA n’en gouverne pas moins d’une main de fer dans un gant de velours. Son secret ? Une équipe restreinte de collaborateurs, qui lui vouent une fidélité sans faille depuis une trentaine d’années. Et à qui il confie, les yeux fermés, les dossiers les plus épineux. Le premier d’entre eux, Benoist Pavageau, a été son directeur de cabinet à Saint-Herblain, son premier mandat de maire, dans la périphérie nantaise. Passé du côté de l’administration, Benoist Pavageau cumule aujourd’hui les fonctions de directeur général des services de Nantes et de Nantes Métropole. C’est l’homme de confiance, le maire bis, celui qui a l’oeil sur tous les projets, tous les budgets. C’est aussi celui qui dit non, cristallisant sur sa personne toutes les inimitiés, toutes les frustrations, laissant à Jean-Marc Ayrault le soin de dire oui, d’annoncer les bonnes nouvelles. Un rôle difficile que ce collaborateur fidèle assume sans états d’âme apparents, n’hésitant pas au besoin à demander des têtes, comme celle de Laurent Théry, l’urbaniste de l’île de Nantes, trop indépendant à son goût et écarté l’an dernier. Le second lieutenant Jean Blaise, qui bénéficie lui aussi d’une confiance à toute épreuve, a un autre profil (voir encadré). Homme de culture, il est celui qui a redonné une image positive à la ville.
Il y a également les membres de son cabinet, comme Crystel Jarnoux, la « nounou », celle qui tient aussi son agenda privé, en lien étroit avec Brigitte, l’épouse de JMA. Conseillère de tous les instants, elle est aussi très engagée, bien qu’elle ait renoncé en 2001 à mener sa propre carrière politique. Ce cabinet, fort de dix-huit membres entre la ville et la communauté urbaine, est la force de frappe du maire. Et si Jean-Marc Ayrault a épuisé une demi-douzaine de directeurs depuis son accession au pouvoir, il sait récompenser les collaborateurs qu’il considère comme les meilleurs en leur offrant des postes pour voler de leurs propres ailes. Ainsi, Thierry Violland (voir encadré) est devenu directeur de l’agence d’urbanisme de l’agglomération et Jean-Luc Charles, directeur de la Samoa, la société d’économie mixte qui préside au développement de l’île de Nantes. Frédéric Vasse, socialiste tendance écolo, fait partie de la nouvelle génération des collaborateurs du maire, qui a renouvelé ses équipes lors des municipales de 2008. La moitié du conseil a été remerciée, au profit d’une équipe plus jeune. JMA souhaitait montrer qu’il repartait pour un nouveau cycle et qu’il commençait à penser à l’avenir. »Mon devoir est de préparer la relève », expliquait-il pendant la campagne. Pari réussi puisque le maire a été réélu dès le premier tour avec 55,71 %, alors que sa principale opposante, Sophie Jozan, UMP, n’atteignait pas 30 %.
Omniprésence. Issu d’un milieu modeste, devenu professeur d’allemand grâce à une bourse de l’Etat, Jean-Marc Ayrault doit aussi sa longévité à sa force de caractère. Il n’hésite jamais à mouiller sa chemise, notamment lors des campagnes électorales. Il fait partie de ces maires qui grimpent les escaliers des quartiers populaires et tirent des centaines de sonnettes à chaque échéance. Ce qui lui vaut une grande popularité dans les quartiers déshérités de la ville. Ses adjoints en savent quelque chose, qui sont invités à l’imiter et à payer, eux aussi, de leur personne. »Lorsque Pascal Bolo, son adjoint aux finances et conseiller général, se lance dans une campagne, il commence par s’acheter deux paires de baskets », confirme, amusé, un militant socialiste. Cette omniprésence sur le terrain, que le maire laboure du jeudi au lundi, avant de regagner l’Assemblée nationale, agace une opposition qui peine à trouver ses marques face à ce bourreau de travail. Et dont le principal reproche est le cumul des fonctions que JMA exerce sur la ville. »Quand le président de Nantes Métropole rencontre le maire de Nantes et le président du CHU, il n’y a pas besoin d’un grand bureau, lâche Joël Guerriau, sénateur maire Nouveau Centre de Saint-Sébastien-sur-Loire.Jean-Marc Ayrault cumule les pouvoirs à un point qui dépasse l’entendement. » De fait, l’ombre portée par la toute-puissance du maire, en contradiction avec les grands principes érigés par son parti, dérange jusque dans les rangs de sa majorité. Et il n’est pas exclu que le destin national, qui pourrait s’ouvrir à lui en 2012 dans le sillage de François Hollande, marque une période de turbulences à la tête de la ville et de l’agglomération, en dépit de la présence rassurante de son premier adjoint, Patrick Rimbert. Mais les choses changent et le maire semble en avoir pris conscience : pour la première fois, JMA laisse aujourd’hui planer un doute sur sa candidature en 2014. Et il n’exclut plus de renoncer à son fauteuil de maire s’il était appelé à d’autres fonctions, tout en précisant : « En tout état de cause, je ne laisserai pas tomber Nantes. »
La rose se flétrit-elle avec les Verts ?
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Crises. Depuis les européennes de 2009, la montée en puissance des Verts agace…
« La vie avec le PS n’est pas un long fleuve tranquille », lâche François de Rugy. Nul n’ignore que les rapports entre le député Vert et le maire, Jean-Marc Ayrault, ne sont pas toujours au beau fixe. Ce qui n’empêche pas l’écolo d’adresser un satisfecit à l’édile pour « son souci permanent du rassemblement et sa qualité d’écoute des aspirations des Nantais ».
En dépit des petites crises, cette union tient depuis 1989, lors de la constitution de la liste municipale pour conquérir la ville de Nantes. Jean-Marc Ayrault embarque alors deux hommes à la sensibilité environnementale solide : Jean-Claude Demaure et Marc Elion. Ils sont rejoints six ans plus tard par Gérard Aubron, Mireille Ferri, Marie-Françoise Gonin… Mais c’est à partir de 2001 que les Verts s’organisent pour devenir officiellement une composante à part entière de la majorité municipale. »Cette mandature s’est bien passée. Les élus Verts se sont vu confier des responsabilités. Et nous avons prouvé que nous tenions la route, même dans les bourrasques », analyse François de Rugy. »Jean-Marc Ayrault est davantage un intégrateur qu’un tueur. Il m’a laissé les clés dans le domaine de l’environnement », confirme Ronan Dantec, adjoint au maire de Nantes et nouveau sénateur Europe Ecologie-Les Verts. C’est ce duo qui a permis à Nantes de décrocher en 2010 le titre symbolique de capitale Verte européenne en 2013.
Reste que la montée en puissance des écologistes a peu à peu agacé. Ainsi, certains socialistes dénoncent régulièrement l’ingratitude des Verts, qui doivent beaucoup, selon eux, au tremplin qu’a constitué l’union avec le PS. »On me l’a souvent rappelé », reconnaît François de Rugy, qui, en 2007, a été l’un des seuls députés Verts à bénéficier d’un accord avec le PS. Les résultats des élections européennes n’ont pas arrangé les choses. En 2009, Europe Ecologie a en effet devancé le PS en Loire-Atlantique, et encore plus nettement à Nantes. Un coup de tonnerre. Dès lors, les relations n’ont plus été tout à fait les mêmes. »A l’occasion des dernières élections des conseillers généraux, nous nous sommes heurtés directement sur les cantons nantais, confirme François de Rugy.C’était la première fois. Peut-être Jean-Marc Ayrault a-t-il voulu nous signifier que nous étions trop gourmands. Il a souhaité marquer un coup d’arrêt. De fait, nous avons perdu le seul représentant Vert de l’assemblée départementale. » Il n’empêche : à l’occasion de ces élections, le candidat EELV est arrivé devant le candidat PS dans certains bureaux nantais…
Tensions. Mais le point de friction le plus sensible a pour nom Notre-Dame-des-Landes. Les écologistes s’opposent énergiquement à ce nouvel aéroport. Alors que le processus de réalisation est enclenché, le débat fait toujours rage dans les assemblées régionales et municipales. Et s’il n’y a pas eu de clash jusqu’à maintenant, »les tensions vont crescendo », reconnaît François de Rugy, qui regrette les priorités budgétaires qui en découlent. »De nombreux projets de Nantes Métropole ont été retardés dans le domaine du traitement des déchets et des transports comme Chronobus, qui ne verra le jour qu’en septembre 2012″, précise le député.
Pour Ronan Dantec, la coproduction « très poussée » dans les domaines de l’économie sociale et de l’environnement « permet d’assumer ce désaccord profond sur l’aéroport ». Mais lui aussi reconnaît une crispation croissante : « Jean-Marc Ayrault se contente de dire : « C’est comme ça et on n’y revient pas. » » Ce Vert que l’on disait beaucoup plus Ayrault-compatible a même reçu une volée de bois vert quand il a récemment demandé l’abrogation de la déclaration publique. »Quand les écologistes négocient des places sur les listes, ils n’ont pas d’états d’âme », a sèchement répliqué le maire de Nantes (Ouest-France, 27 octobre). Aussi, il n’est guère étonnant que les écologistes de la région, même s’ils ne l’avouent pas ouvertement, voient avec soulagement la patate chaude de l’aéroport reprise en main par les dirigeants nationaux d’EELV. Ces « postures politiques », dixit Jean-Marc Ayrault, survivront-elles aux rendez-vous de 2012 ? Le maire n’y croit pas une seconde. »L’aéroport ne sera pas pris en otage », affirme-t-il (voir interview).
Les écologistes seront-ils tentés de présenter leur propre liste pour les municipales de 2014 ? Rien n’est moins sûr. Pour Ronan Dantec, élu sénateur en octobre 2011 sur une liste commune PS-EELV, des leçons sont à tirer des dernières cantonales, où Verts et socialistes étaient partis sous leur propre bannière : « Il y a eu des morts de chaque côté. C’est ce qui arrive quand on ne s’entend pas », souligne-t-il. Tout se décidera après 2012, quand Jean-Marc Ayrault aura fait le choix de se représenter ou pas. François de Rugy souhaite que le député maire fasse connaître sa position le plus rapidement possible. Une chose est sûre : si d’aventure Pascal Bolo est finalement désigné pour mener la liste socialiste, les discussions pourraient tourner au vinaigre. Les propos de l’adjoint aux finances de la ville de Nantes sur l’alliance entre Verts et MoDem à l’occasion des régionales de 2010 ont laissé des traces, bien au-delà de la blogosphère. Et pourtant, Pascal Bolo est le suppléant du député Vert !
» François Hollande compte sur moi. Il me l’a dit plusieurs fois. »
Entretien. Satisfait de son bilan, le député maire voit plus loin.
Propos recueillis par Denis Roux et Philippe Dossal
http://www.lepoint.fr/villes/francois-hollande-compte-sur-moi-il-me-l-a-dit-plusieurs-fois-15-12-2011-1408065_27.php
Jean-Marc Ayrault : Nantes est une construction permanente. Rien n’est jamais acquis. Une ville, c’est une communauté de destins, qui dépasse les clivages politiques. C’est une France en réduction, composée de femmes et d’hommes de générations et d’origines différentes. Pour bien gérer une ville, il faut être attentif au quotidien de ses concitoyens mais aussi avoir des projets à moyen et long terme pour le développement de sa ville. Nous devons tous nous préparer à accueillir 100 000 habitants supplémentaires d’ici à 2030 dans la communauté urbaine de Nantes.
Cette croissance démographique ne menace-t-elle pas un cadre de vie jusqu’ici préservé ?
Ce qui fait l’attractivité de Nantes, c’est la qualité de vie qui va au-delà de la présence de parcs, de jardins et d’un environnement agréable. C’est la qualité du vivre-ensemble qui définit le mieux le Nantais. Un sentiment de légèreté, de liberté et une faculté à « jouer ensemble » quand les enjeux sont essentiels. Comment concilier la dynamique démographique sans casser ce qui fait cette particularité ? C’est l’objet de notre consultation citoyenne Ma ville demain. Il en ressort chez certains la tentation de faire une pause dans le développement de la métropole. Je suis conscient des problèmes de circulation et de logement, et c’est pour cela que je prône un développement maîtrisé. Je veille aussi à préserver la cohésion sociale, essentielle à mes yeux : pas de ville à deux vitesses, pas de quartiers mis à l’écart. Je rappelle d’ailleurs que, malgré le dynamisme immobilier de Nantes, le parc locatif social a augmenté et représente un quart de l’habitat nantais.
Les automobilistes pensent que vous voulez chasser la voiture du centre-ville.
Certes, le centre sera de plus en plus piétonnier. Mais nous ne créerons pas de péages urbains. C’est ségrégatif. Nous mettrons en place des solutions alternatives. Les Nantais ont déjà modifié leurs habitudes de transport. Observez ce qui se passe dans le nouveau centre commercial Beaulieu. A l’occasion de sa rénovation, le parking a été agrandi et aujourd’hui il est en partie vide car de plus en plus de clients viennent en Busway. C’est devenu le centre commercial du centre-ville.
Où en est le projet de nouveau franchissement à l’ouest de Nantes ?
Je suis le maire qui a inauguré le plus de ponts à Nantes. Un nouveau franchissement est envisagé en face de Chantenay. Mais le dossier est complexe, notamment en raison des contraintes liées au port et à la navigation fluviale. En outre, il ne faut pas oublier que l’implantation est prévue dans l’une des plus belles perspectives de Nantes. Une étude est en cours et une décision politique sera prise en 2013 ou 2014.
Un second franchissement pour doubler le pont Cheviré est-il envisageable ?
Il n’en est pas question. Ces ouvrages sont extrêmement coûteux et destinés uniquement à l’automobile. Nous devons nous situer dans la perspective du modèle urbain de 2030.
Le futur emplacement du CHU dans le centre-ville est-il incontournable ?
Actuellement, les sites hospitaliers sont dispersés et le CHU hôtel-Dieu est obsolète et irréformable, ne serait-ce que pour le mettre aux normes de sécurité. Toutes les études, dont la plus récente de l’Igas, ont montré qu’il fallait réunir tout le court séjour sur un même site. Et c’est sur la zone la plus peuplée, au coeur de Nantes, que l’hôpital doit construire son avenir. C’est pour moi un enjeu de santé publique et de pérennité du CHU dans un contexte de concurrence avec les cliniques privées. Ce déménagement est aussi l’occasion d’enrichir le projet urbain de l’île de Nantes.
Est-ce que le projet de la nouvelle gare avance ?
Il n’y a pas de temps à perdre. Nous arrivons en effet à saturation avec un trafic TGV toujours croissant, tout comme celui des TER. L’arrivée prochaine du tram-train ne fera qu’accroître ce problème. Il est nécessaire de réaliser avant 2020 une gare moderne conçue comme un pôle multimodal. Un projet a la fois ferroviaire et urbain. Reste le financement. Une partie de bras de fer est engagée avec la SNCF et RFF. Il est injuste que les collectivités territoriales soient ponctionnées exagérément pour financer la construction d’une gare. Nous nous battons pour défendre les intérêts des contribuables.
L’aéroport fait toujours débat…
La décision est prise. Ceux qui pensent que ce projet peut faire l’objet d’un compromis entre les socialistes et les écologistes à l’occasion de la présidentielle se trompent. L’aéroport ne sera pas pris en otage. Et je ne pense pas que les écologistes prennent le risque de faire capoter nos discussions pour les échéances de 2012 en mettant en balance la question de l’aéroport. En outre, je vois trois raisons majeures à sa réalisation. La sécurité, tout d’abord. Tous les cinq ans, le trafic augmente de 30 %, et les Nantais s’en rendent compte en voyant les avions survoler la ville. C’est aussi un projet d’aménagement du territoire pour tout l’Ouest. Il y a consensus des collectivités territoriales pour cet investissement, qui s’inscrit dans la volonté de nous rapprocher du centre de l’Europe. Enfin, nous avons veillé à ce que l’architecture et la conception de cet équipement donnent naissance à un aéroport simple et fonctionnel avec un coût de réalisation modeste. Et c’est le cas. 581 millions d’euros dont seulement 17,5 à la charge de Nantes Métropole : cette somme correspond à la moitié du coût du pont Tabarly. Sur vingt-cinq ou trente ans, cela me semble raisonnable, alors que pour la ligne LGV Atlantique, les collectivités locales paieront globalement 900 millions d’euros, dont 100 pour la seule région des Pays de la Loire !
Cet aéroport est pourtant vivement contesté par les écologistes…
J’y vois une forme de radicalité caricaturale. Ces attitudes politiciennes opportunistes finiront par desservir leurs auteurs. Cela se terminera par un rétropédalage quand il s’agira de négocier avec les socialistes après la présidentielle. A Nantes, nous avons une très bonne alliance avec les écologistes. Cela fonctionne très bien et je souhaite que cela continue. Avec Ronan Dantec, nous travaillons main dans la main. Et c’est ensemble que nous nous sommes rendus à Stockholm pour la désignation officielle de Nantes comme capitale verte européenne. Je note d’ailleurs que, pour la constitution de la liste PS-EELV aux sénatoriales, il n’y a eu aucune exigence concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Pour la primaire, votre soutien à François Hollande était une évidence ?
Nous siégeons côte à côte à l’Assemblée depuis quinze ans. Nous avons travaillé étroitement ensemble, notamment lorsque Lionel Jospin, Premier ministre, nous réunissait tous les mardis matin pour examiner l’ensemble des questions politiques. J’ai beaucoup appris pendant cette période. Après le difficile congrès de Reims, François Hollande a pris de la distance. J’ai attendu qu’il se déclare pour m’engager à ses côtés. C’est quelqu’un de solide. Abordable, simple, mais solide.
Vous a-t-il déjà parlé de l’après-mai 2012 ?
Il compte sur moi. Il me l’a dit plusieurs fois. C’est toujours passionnant de participer à une aventure telle que celle que pourrait vivre la gauche à partir de 2012. C’est exaltant même. Mais je mesure la difficulté de la tâche compte tenu de la situation économique, financière et sociale. La noblesse de l’engagement politique, c’est d’assumer, surtout quand c’est difficile. C’est là qu’on mesure vos capacités. Mais, tant que les élections ne sont pas gagnées et par respect pour les électeurs, je refuse catégoriquement de me lancer dans des hypothèses sur un éventuel poste à l’Assemblée nationale ou au gouvernement. Il faut d’abord mener la campagne. Je me concentre là-dessus.
Si vous devenez ministre, envisagez-vous de rester maire ?
Si, par pure hypothèse d’école, on me propose une responsabilité nationale, et si je l’accepte, je ne laisserai pas tomber Nantes. Il n’est cependant pas souhaitable d’être, comme Alain Juppé à Bordeaux, maire d’une grande ville et ministre.
Avez-vous déjà envisagé de briguer un 5e mandat ?
Pour les élections municipales de 2014, je n’ai encore rien décidé. Je crois avoir été utile à Nantes et je crois pouvoir l’être encore. Mais mon devoir est de transmettre à la nouvelle génération la capacité d’exercer des responsabilités. J’ai été attentif en 2008 au renouvellement de la liste. Aujourd’hui, 50 % des adjoints sont nouveaux dans cette fonction. Une dizaine de personnes émergent. Certaines sont moins connues que d’autres, mais toutes ont de grandes qualités. Quel que soit mon choix en 2014, la question de la relève sera posée. Et, je le rappelle, mon seul souci est la transmission. On peut faire le parallèle avec le contrat de génération défendu par François Hollande et l’appliquer au monde politique.
Comment envisagez-vous cette relève ?
Je ne veux pas de compétition entre les prétendants. Cela doit se régler harmonieusement. Les élus me font confiance et ils savent qu’au moment de décider le choix se portera sur le plus apte et le mieux placé pour prendre la suite. Je souhaite naturellement qu’il ou elle soit socialiste.