Etaient présents : Pascal DURAND, secrétaire national, Elise LOWY et Jean-Philippe MAGNEN, porte-parole, José BOVE, député européen, Yannick JADOT, député européen, François De RUGY, député, co-président du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Ronan DANTEC sénateur, Sandrine BELIER députée européenne et Elen DEBOST, secrétaire régionale Pays-de-la-Loire.
(L’Express, Par Marie Simon)
Notre-Dame-des-Landes: un « non-sens » pour EELV qui table sur l’arrêt du projet
Après un week-end de manifestations contre l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes,
EELV fait le point et met la pression au gouvernement Ayrault. Objectif: mettre un coup d’arrêt à un « non-sens délirant ».
Pendant que l’UMP se déchire, Europe Ecologie Les Verts (EELV) met en scène son unité et met la pression sur le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. A l’occasion d’une conférence de presse organisée mardi à Paris, le parti « prend acte avec satisfaction » de la mise en place d’une commission de dialogue et de la suspension temporaire du défrichement. Il exige en parallèle que « les opérations de police soient arrêtées et que les forces de police se retirent » du site, afin que le « débat puisse se dérouler dans des conditions sereines ».
Mais les Verts ont-ils les moyens de leur ambition? « La force de la loi doit reprendre le pas sur la loi de la force », veut croire Pascal Durand, paraphrasant le ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Clin d’oeil appuyé aux alliés socialistes, alors que le projet d’aéroport cristallise les divisions au sein de la majorité gouvernementale.Certes un report ou un délai sont envisageables, mais sans doute pas l’abandon pur et simple de « l’Ayraultport ». N’est-ce pas un caillou gênant dans la chaussure gauche de François Hollande? Pas du tout, répondent en choeur les responsables d’EELV. « Chacun est dans son rôle », tempère Pascal Durand, secrétaire national du parti, soucieux de ne pas « se laisser enfermer dans un face-à-face avec le PS » et de ne pas présumer des conclusions de la commission.
Pour l’heure, Durand joue l’unité. « Parti, militants et élus sont associés pour porter la contestation contre le projet de transfert de l’aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes (NDDL) », résume-t-il, accompagné d’un groupe d’élus locaux, nationaux et européens. Certains portent encore le badge « Non à l’aéroport », à peine revenus de Loire-Atlantique où les manifestants ne désarment pas face aux forces de l’ordre.
Une partie d’EELV s’est réunie ce mardi matin pour réaffirmer sa volonté de rouvrir le débat sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Tous espèrent que le projet de construction d’aéroport peut encore être stoppé. Ils l’affirment, veulent le croire, et vont tenter d’en convaincre François Hollande. Le sujet pourrait en effet venir pimenter leur rencontre avec le président, prévue mercredi à 18h à l’occasion des consultations du président sur les conclusions de la commission Jospin. Pascal Durand a écrit une lettre à François Hollande pour l’avertir de cette possible digression aérienne.
Obtiendront-il à l’Elysée une oreille plus « ouverte » qu’à Matignon, dont le locataire, Jean-Marc Ayrault, transforme parfois la discussion « en deux monologues », selon l’expression de Pascal Durand? C’est qu’il fut aussi un maire de Nantes très attaché à ce projet, voire intransigeant selon ses détracteurs…
Reprendre le débat à zéro, ou presque
« Des interrogations subsistent. » Ces quelques mots glissés dans le communiqué du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ex-maire de Nantes très attaché à ce projet, offrent une fenêtre de tir bienvenue, souligne le sénateur de Loire-Atlantique Ronan Dantec. « Tant mieux, c’est un mot d’ouverture qui n’était pas d’actualité encore récemment. Listons ces interrogations et soyons vigilants. » L’attention d’EELV se portera notamment sur la composition de cette future commission de dialogue, sur sa feuille de route et sur sa méthode de travail. « Il ne peut pas y avoir de date butoir », note par exemple le député européen José Bové.
« Nous avons tout intérêt à ce débat, estime son confrère Yannick Jadot, car il va nous permettre de démontrer que ce deuxième aéroport est un projet irrationnel, un non-sens délirant, une aberration économique autant qu’écologique. » Loi sur l’eau et compensation des zones humides, emprise au sol supérieure à celle de Roissy selon leurs calculs, non-saturation de l’aéroport actuel de Nantes, nuisances sonores réductibles, coût de l’opération en période de crise, recours possibles au Parlement européen… EELV prépare un arsenal d’arguments techniques sur lesquels un effort de pédagogie sera nécessaire.
L’objectif est d' »éviter que le gouvernement et le groupe Vinci ne passent en force comme ils ont voulu le faire en entamant le défrichement et en déployant des forces de l’ordre mi-novembre », explique Sandrine Bélier, en rappelant qu’une commission d’enquête devait remettre quelques jours plus tard ses conclusions et souligner que des zones d’ombre devaient être levées avant le début des travaux. Pour la députée européenne, « quand la première dalle de béton sera posée, il sera trop tard, le retour en arrière et la remise en état seront impossibles. »