Article sur une initiative soutenue de longue date par Ronan Dantec pour qui "le football est un bien commun et pas seulement un produit marchand" [...]

Article de Arnaud Bevilacqua sur le sitre de La-croix.com

Une proposition de loi pour porter la voix des supporteurs

Vingt-deux parlementaires de gauche et de droite souhaitent déposer avant l'été une proposition de loi sur la représentation des supporteurs dans les instances du football.

Cette initiative est née de la réflexion du Conseil national des supporteurs de football (CNSF), fruit du rapprochement entre associations de supporteurs.

En France, les supporteurs de football n'ont pas bonne presse. Ils sont tour à tour assimilés à des « hooligans » ou bien à des clients consommateurs d'un spectacle sportif. En lutte contre ces clichés réducteurs, certains se sont organisés pour obtenir une reconnaissance et faire entendre leur voix dans les instances du football, Fédération française de football (FFF) et Ligue professionnelle de football (LFP) notamment.

Le Conseil national des supporteurs de football (CNSF), qui regroupe différentes associations dont « À la nantaise », très bien implantée en Loire-Atlantique, a convaincu un groupe de 22 parlementaires de gauche et de droite (1) de déposer une proposition de loi pour imposer une représentation des supporteurs de football. L'idée principale est de leur permettre d'« être reconnus comme des acteurs essentiels de ce sport, capables de se responsabiliser autour d'idées citoyennes ».

LES « ASSISES DU SUPPORTÉRISME »

« Il s'agit d'adresser par cet acte politique un signal aux instances du football français car il est temps qu'elles évoluent, explique Ronan Dantec, sénateur Europe Écologie-Les Verts de Loire-Atlantique, très engagé sur ce sujet. Quand des associations responsables essayent de s'organiser, de dialoguer et mènent une vraie réflexion sur le football populaire, il faut savoir les entendre. »

En février dernier, Ronan Dantec a parrainé les deuxièmes « Assises du supportérisme » au Sénat en présence de Thierry Braillard, secrétaire d'État aux sports. Invitées, les instances nationales du football français n'ont pas souhaité participer. Les politiques, eux, malgré l'image dégradée des supporteurs, s'intéressent de plus en plus à cette problématique.

DES PARTISANS DU DIALOGUE

« L'intérêt politique est significatif, assure Nicolas Hourcade, sociologue à l'École centrale de Lyon, spécialiste des mouvements de supporteurs. Parmi les parlementaires qui souhaitent déposer la proposition de loi, on retrouve des femmes et des hommes politiques qui ont travaillé sur le rôle des supporteurs à l'occasion d'un rapport parlementaire ou au ministère des sports, comme Marie-George Buffet. L'association « À la nantaise » localement et le CNSF ont aussi mené un travail de pédagogie pour sensibiliser le monde politique à l'intérêt d'une gouvernance plus démocratique du football. »

Pour ces partisans du dialogue, ce qui n'exclut pas une « nécessaire politique de fermeté et de répression », la présence des supporteurs dans les instances et les clubs « sera le gage d'une plus grande transparence et d'une plus grande durabilité du football français ».

« Le football est un bien commun et pas seulement produit marchand, avance Ronan Dantec. Ce sport possède une dimension sociale et doit conserver sa base populaire. On peut par exemple s'interroger sur le prix des places au stade. Il faut essayer de trouver une régulation commune et pour cela créer des espaces de dialogue. »

ARNAUD BEVILACQUA


(1) Dont François de Rugy, député de Loire-Atlantique (EELV), Jean Glavany, député des Hautes-Pyrénées (PS), Bruno Retailleau, sénateur de Vendée (UMP) ou Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne (DLF).

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