10 400 citoyens profanes s'adresseront aux dirigeants du monde le 6 juin

Le « débat citoyen planétaire sur l'énergie et le climat », placé sous l'égide du secrétariat de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, se veut une contribution à « la construction d'une démocratie mondiale ». Dans une négociation climatique qui se joue entre les Etats, quel écho sera donné aux opinions publiques ?

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Ce sera la plus grande consultation citoyenne jamais organisée : le 6 juin prochain, se tiendra le « débat citoyen planétaire sur l'énergie et le climat », organisé dans 82 pays de cinq continents et 15 îles, dans le but de « porter la voix des citoyens du monde » à la 21ème conférence des parties (Cop21) sur le climat, qu'accueillera Paris-Le Bourget en fin d'année (30 novembre – 11 décembre). Au total, 104 débats se tiendront de par le monde, des îles Fidji à la côte Ouest américaine en passant par le Népal, qui a tenu à maintenir la manifestation en dépit de la désorganisation du pays consécutive aux séismes du 25 avril et du 12 mai derniers.

Rapport aux décideurs

Dans chaque site participant, un panel de 100 personnes, représentatif de la population du pays, répondra, après une formation accélérée aux sujets climatiques, à une trentaine de questions, dont les réponses alimenteront un rapport destiné aux décideurs. Les questions porteront, par exemple, sur le niveau de baisse des émissions de gaz à effet de serre attendu des Etats, sur la fréquence à laquelle les engagements devront être revus, sur l'échelle de gouvernance la plus pertinente de mise en œuvre des politiques climatiques ou encore sur le bien-fondé d'une participation des pays en développement à l'effort de maîtrise des rejets, indique Björn Bested, directeur des relations internationales du Danish Board of Technology. Ce dernier salue « la réelle opportunité ainsi donnée aux citoyens de trouver leur place dans les négociations ».

La fondation danoise avait piloté les deux précédentes consultations mondiales, sur le climat en 2009 (en amont de la Cop 15 de Copenhague) et sur la biodiversité (avant la Cop 11 d'Hyderabad) en 2012. Elle coordonnera le débat mondial du 6 juin prochain, aux côtés de la Commission nationale du débat public (CNDP), l'autorité administrative indépendante chargée d'informer la société française sur les grands projets d'aménagement et d'équipement et d'en relayer les avis, et de l'agence Missions publiques, spécialisée dans la concertation. « A partir d'un matériau de vulgarisation, des citoyen(ne)s profanes livreront leur avis sur les enjeux de la Cop, qui seront mis en discussion dans les sphères de décision », explique Yves Mathieu, co-directeur de Missions publiques.

Inspiration présidentielle

« Les citoyens du monde peuvent et doivent s'inviter dans les négociations internationales, seule leur mobilisation au plan mondial permettra de trouver le meilleur accord à Paris », affirme Christian Leyrit, président de la CNDP. Les conclusions débat seront accessibles, dans les six langues des Nations Unies, sur le site internet de l'opération. Elles seront aussi communiquées, le 10 juin, aux négociateurs représentant les Etats, réunis à Bonn en intersession.
Les recommandations émises par les citoyens seront également présentées, le 1er juin, lors du sommet « Climat et territoires », organisé à Lyon par la région Rhône Alpes et une trentaine d'associations (autorités locales, ONG environnementales, entreprises et syndicats). « Le compte-rendu du débat citoyen planétaire sera l'un des points sur lesquels François Hollande appuiera son discours » d'ouverture du sommet, indique le président (PS) de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne. A travers le débat citoyen mondial puis le sommet des acteurs non-étatiques de Lyon, « Paris marquera une étape nouvelle dans la manière d'aborder les grandes conférences internationales », observe Ronan Dantec, sénateur (EE-LV) de Loire-Atlantique et porte-parole de Cités et gouvernements locaux unis sur le climat.

FOCUS

Quatorze débats en France

Quatorze régions (1) organiseront un débat, le 6 juin prochain. Les régions ont déjà utilisé la méthode du « World Wise Views », promue par le Danish Board of Technology, lors de la tenue, le 25 mai 2013, des débats sur la transition énergétique. Dans le cadre de leurs accords de coopération, neuf régions soutiennent aussi la tenue de débats similaires dans les pays du Sud (Rhône-Alpes appuie ainsi les régions de Tunis et de Saint-Louis du Sénégal).
« La mobilisation des territoires, acteurs non-étatiques comme société civile, est l'une des clés de la réussite de la Cop 21, souligne l'Association des régions de France dans un communiqué. Même si un accord multilatéral satisfaisant est trouvé à Paris, il ne pourra être efficacement mis en œuvre sans la contribution des dynamiques d'acteurs sur le terrain. En outre, cet accord n'entrera en vigueur qu'en 2020 et les acteurs non-étatiques agissent dès maintenant. »

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