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  • 26 septembre 2016. Discours de Ronan Dantec en ouverture du sommet Climate Chance

    Discours de Ronan Dantec en plénière d'ouverture du sommet Climate Chance, sommet mondial des acteurs du climat, à Nantes le 26 septembre.

     

     

    Madame la Présidente,

    Monsieur le Président du GIEC,

    Mesdames, Messieurs,

    Chers collègues et amis,

    Tout ou presque a déjà été dit sur la gravité de la crise climatique en cours. Ce mois de septembre aura encore battu en France de nouveaux records de chaleur et, au moment où nous nous réunissons, nous ne pouvons l’ignorer, de nouveaux réfugiés s’embarquent en différents points de Méditerranée, au péril de leur vie, pour fuir des contrées devenues inhabitables avec, dans les causes bien évidemment complexes de déstabilisation de ces pays, presque toujours aussi une part de dérèglement climatique.

    Les températures mondiales sont maintenant un degré au-dessus des moyennes de la période préindustrielle. Seulement un degré et déjà la multiplication des évènements extrêmes, les sécheresses, inondations, et autres cyclones, nous impactent fortement. Il est donc évident que si nous ne stabilisons pas le climat dans les prochaines décennies, et ce n’est pas du catastrophisme de l’envisager mais une simple lucidité, alors tout simplement, nos sociétés n’y survivront pas dans leurs modes d’organisation actuelle.

    En se mettant d’accord à Paris sur l’impératif de limiter les températures entre 1,5 et 2 degrés, la communauté internationale, à travers ses chefs d’Etat et de gouvernement, a affiché un consensus fort sur l’extrême gravité de la crise climatique, tourné la page du climato-scepticisme, même si malheureusement ici et là, quelques voix irresponsables s’égarent encore dans la négation du réel.

    Mais si le travail scientifique et la rapidité des phénomènes mesurés ont permis d’accroitre les prises de conscience, c’est un risque encore plus redoutable qui nous menace aujourd’hui, celui du climato-fatalisme : ce sentiment de se trouver face à une crise extrême mais aussi dans l’incapacité d’y trouver des solutions, cette impression qu’il ne sert à rien d’agir, de faire sa propre part puisque, de toute manière, l’autre, le voisin proche ou l’étranger lointain, ne fera pas la sienne. Ce climato–fatalisme est redoutable car derrière lui se dessine le repli des sociétés, la peur de l’autre, vécu de plus en plus comme une menace. Nous sommes à ce croisement, ce moment où nous choisissons d’investir collectivement notre énergie soit dans la production de panneaux photovoltaïques, soit dans la production de barbelés.

    Et ce climato-fatalisme a de quoi se nourrir, par exemple du fait que les contributions volontaires des Etats sur leurs réductions de gaz à effet de serre, les NDCs dans le jargon de la convention climat, sont loin d’être à la hauteur des efforts à faire pour stabiliser le climat.

    Notre responsabilité à tous est donc bien, et c’est la raison pour laquelle nous sommes réunis à Nantes, de poursuivre notre mobilisation pour crédibiliser un scénario de stabilisation rapide du climat, et donc aider les Etats à réévaluer, et ce dès 2018, leurs contributions volontaires.

    L’ambition est donc grande, certains la jugerons peut-être même disproportionnée, mais avons-nous d’autres choix si nous ne voulons pas nous contenter d’être les témoins d’un désastre annoncé ? Mais cette ambition n’est pas qu’un slogan de sommet, c’est aussi une méthode que nous avons cherchée à décliner dans le programme de ce Climate Chance.

    Premier objectif de ces 3 jours de débats : montrer que l’action de terrain, ça marche et ça se réplique. Le Climate Chance, c’est ainsi d’abord 75 ateliers qui vous offriront une vitrine de ce qui se fait de mieux aujourd’hui sur le terrain pour combattre le dérèglement climatique, sur les enjeux d’adaptation comme d’atténuation. 300 intervenants du monde entier, que je salue, ont fait le voyage à Nantes…et ils auraient pu être bien plus puisque cet appel mondial à contributions s’est soldé par près de 600 propositions. Je remercie d’ailleurs le comité scientifique du sommet pour avoir procédé à la nécessaire sélection des contributions. On nous demande souvent : « mais à quoi ça sert d’organiser un tel sommet, de dépenser des sous et de brûler en voyages des tonnes de CO2 (bien évidemment compensées ici) ? » La réponse est simple. Si dans les milliers de participants à ce sommet, plus de 3 000 de 62 nationalités, vous êtes ne serait-ce que quelques dizaines à rentrer chez vous avec une nouvelle action à mettre en œuvre, une politique publique à renforcer et à développer, alors déjà l’objectif sera atteint.

    Mais nous avons encore bien d’autres ambitions. Les forums du Climate Chance, avec ses 16 coalitions thématiques, qui dessineront ou adopteront à Nantes leurs feuilles de route 2016-2018, sont au cœur de notre projet. Lancé à Lyon lors du Sommet Climat et Territoires de juillet, et je salue tout particulièrement mon ami et co-président du Sommet de Lyon, Bernard Soulage, ces coalitions ont vocation à rassembler par secteur tous les acteurs impliqués, en s’articulant avec les initiatives lancées à Paris dans le cadre du Lima-Paris-Action Agenda. Elles se donnent pour objectif de mesurer le potentiel d’action, les actions à mener pour diffuser les meilleures pratiques, les messages à remonter vers les Etats et les structures internationales sur les blocages et les difficultés, et à contribuer ainsi à la réévaluation des contributions volontaires des Etats. Elles doivent aussi montrer les co-bénéfices qui naissent de l’action sur le climat : création d’emplois, qualité de vie, solidarités renforcées. Et c’est bien parce que nous voulons renforcer ce message positif que nous avons appelé ce sommet, et les suivants, « Climate Chance ». Les débats de Nantes devront donc aider chaque coalition à affiner dans sa feuille de route l’ensemble de ces objectifs. Nous sommes tous conscients que ce n’est pas juste en quelques jours que nous arriverons à atteindre tous les objectifs, ces coalitions doivent aussi trouver leur forme d’organisation dans la durée, mais déjà je salue les structures –ONG, réseaux de collectivités ou d’entreprises, qui ont accepté de prendre en charge ces animations, de s’inscrire dans l’état d’esprit de la démarche du Climate Chance.

    Car notre démarche est avant tout un état d’esprit, la volonté de rassembler sans exclusive, en refusant les patriotismes d’organisation, dans le respect des différentes sensibilités, tous les acteurs engagés dans la lutte contre le dérèglement climatique. Notre conviction profonde est que nous ne pouvons gagner cette lutte vitale contre le dérèglement climatique que si nous faisons communauté.

    Construire dans la durée cette communauté est bien l’ambition. Elle ne se décrète pas, elle se construit pas à pas. Il y a 3 ans, ici même, nous tenions avec quelques acteurs – 4D, ICC, Climates, ICLEI- un atelier pendant le sommet Ecocity pour discuter de la possibilité d’un texte commun entre acteurs non-étatiques, pour défendre un objectif spécifique de développement durable sur les enjeux urbains. La petite salle n’était pas tout à fait pleine mais, quelques mois plus tard, nous présentions pour la première fois dans le cadre des négociations onusiennes, un texte commun, pour défendre cet ODD, signé des organisations mondiales de collectivités, de jeunes, de femmes, ou de syndicats, par des grandes ONG ou de réseaux d’entreprises. Une dynamique était lancée, pas toujours accueillie favorablement d’ailleurs par nos interlocuteurs onusiens qui s’inquiétaient de cette entorse faite aux jeux très installés des lobbyings catégoriels, les entreprises d’un côté, les ONG de l’autre, les collectivités à part, mais elle n’était pas passée inaperçue et, en septembre 2015, l’ODD « Villes et communautés durables » était adopté. Nous avons récidivé en septembre 2014, avec le texte « Catalysing action », plus largement signé et présenté lors du sommet de mobilisation organisé par Ban Ki-moon par les acteurs non-étatiques, texte qui annonçait le Sommet de Lyon. En juillet 2015, nous étions donc plus de 1 000 à l’Hôtel de Région de Rhône-Alpes pour adopter tous ensemble une déclaration qui insistait sur les liens entre climat et développement et l’enjeu de l’approche territoriale, pour nous engager à agir, avec notamment l’engagement des élus présents à réduire de deux milliards de tonnes eq CO2 les émissions territoriales en 2020. Un an après, l’un des focus du Sommet de Nantes fera d’ailleurs le point sur les engagements pris à Lyon.

    C’est donc bien une démarche dans la durée que nous avons engagée, qui ne s’arrêtera pas à Nantes, mais a vocation à se prolonger au Maroc, en Amérique du Nord, en Australie…dans d’autres sommets et initiatives.

    Cette démarche impose donc de sortir de son propre pré-carré, de se confronter et de collaborer avec d’autres, de refuser les « entre-soi », c’est la clé de notre démarche, c’est probablement notre part d’utopie, en écho au multilatéralisme onusien, nécessaire et précieux, et qui compose chaque jour avec les tensions et affrontements de ses propres membres. Nous ne nions donc pas les divergences, les sujets qui opposent, ils se doivent toujours d’être évoqués. La lutte contre le dérèglement climatique questionne toutes nos habitudes, de vie quotidienne, de pratiques économiques, de développement des territoires. Il tente d’introduire des virus de coopérations dans des logiciels souvent marqués par la priorité à la compétition entre les individus, les entreprises ou les territoires. Les arbitrages ne sont pas toujours simples, les tensions inévitables. Nous les assumons en ayant invité ici tous et toutes, en connaissant leurs divergences. Et je ne suis pas théorique en l’évoquant. Rien qu’en Loire-Atlantique, je pense que cela ne vous aura pas échappé bien sûr, le risque climatique est au cœur de vifs débats, sur les choix de plateformes aéroportuaires, mais aussi d’avenir des productions électriques ou de réseaux de chaleur. Nul n’a, en participant à ce sommet, abdiqué ses convictions et ses luttes, mais peut-être que les échanges permettront aux uns et aux autres de mieux s’entendre, voire de renouer les fils du dialogue.

    La cadre de Climate Chance est fixé, place aux travaux en ateliers, dans les forums, et aux grands débats en plénières. Sur ce point, quelques précisions en conclusion. Tout d’abord sur l’aspect logistique, et je rends vraiment hommage aux équipes de la Cité des Congrès, de Nantes Métropole, de Transitions, et de tous nos partenaires, qui se sont énormément mobilisées, nous sommes d’abord victime du succès du sommet. Nous avons dimensionné le sommet sur 2500 participants, soit déjà le double de Lyon, et vous êtes beaucoup beaucoup plus nombreux à vous être inscrits, notamment les derniers jours. Donc merci pour votre bienveillance sur quelques moments d’attente et merci de tenir les horaires dans les participations aux différents rendez-vous car les salles seront vites pleines. Ensuite, nous sommes conscients des difficultés liées aux dates, et à l’extrême densité du calendrier international sur le climat. Aussi je vous demande d’excuser ceux de nos intervenants absents qui ont dû répondre à d’autres contraintes de dernière minute. C’est notamment le cas d’Hakima El Haite, qui se trouve dans l’obligation d’être ce matin à Tanger à un évènement royal et qui fait tout son possible pour rejoindre Nantes dans la soirée. Sur le fond, nous avons vraiment voulu produire un débat structuré entre responsables gouvernementaux, porteurs d’outils d’action, élus, chefs d’entreprises et responsables d’ONG, pour que sur ces grands enjeux climatiques la parole des acteurs non-étatiques soit mieux comprise et entendue. Ça sera aussi le sens de la déclaration finale qui sera présentée ce mercredi, soutenue par un nombre considérable de réseaux internationaux ou nationaux. Mais mercredi est autre jour.

    Car pour l’instant, encore merci d’avoir fait le voyage à Nantes, bienvenu au premier Climate Chance et bon travail à la communauté climat.

     

  • 26-28 septembre 2016. Climate Chance : Le sommet international des acteurs non-étatiques

    Climate Chance, sommet mondial des acteurs non-étatiques, qui se déroulera à Nantes, du 26 au 28 septembre prochain, s'annonce déjà comme un succès : à un mois de l’événement, plus de 1500 personnes inscrites et 60 nationalités représentées.
    Climate Chance est le plus grand rendez-vous de l'année et une dernière étape stratégique pour les acteurs non-étatiques avant la COP22 à Marrakech.

    De nombreuses personnalités participent à l'événement, notamment :

    Les deux championnes du climat : Hakima EL HAITE, ministre de l'environnement du Maroc et Laurence TUBIANA, ambassadrice chargée des négociations climatiques
    Ségolène ROYAL, présidente de la COP21, ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer
    Ou encore Hoesung LEE, président du GIEC.

    Vous trouverez ci-après les éléments d'information complémentaires, ci-joint ou en suivant les liens :
    - le dossier de presse de présentation du sommet
    - la présentation des 6 plénières
    - le programme complet du sommet
    - l'espace presse
    - le formulaire d'accréditation presse

  • 28 septembre. Climate Chance : Une mobilisation exceptionnelle de la société civile internationale et une déclaration commune pour appeler les Etats à renforcer l’action concrète

    Ci dessous le communiqué diffusé à l'issue du sommet Climate Chance qui se termine aujourd'hui à Nantes. Ce sommet a été incontestablement un succès avec plus de 3000 visiteurs de 62 nationalités. La 2ème édition aura lieu en 2017 au Maroc et des "Climate chance moments" ont vocation à essaimer dont Melbourne en 2017 à l'occasion du sommet Ecocity sur la ville durable.

    Vous trouverez également la déclaration de Nantes des acteurs du climat, adoptée ce jour au sommet Climate Chance. Cette déclaration est d'ores et déjà signée par les principaux réseaux mondiaux de collectivités, de syndicats, de jeunes, de femmes, d'ONG environnementales, d'entreprises ainsi que les priorités et enjeux communs des coalitions thématiques de Climate Chance.

    Climate Chance : Une mobilisation exceptionnelle de la société civile internationale et une déclaration commune pour appeler les Etats à renforcer l’action concrète

    Le sommet Climate Chance vient de fermer ses portes. Alors que la multiplication des phénomènes extrêmes souligne la rapidité du dérèglement climatique en cours, les représentants de la société civile internationale ont largement répondu présent à cette première édition, démontrant leur attente d’un tel moment d’échanges et de rencontres, mais aussi leur détermination à affirmer leur rôle incontournable dans la lutte pour le climat.

    Une fréquentation au delà de toutes les attentes

    “Climate Chance était un véritable pari, il est incontestablement réussi” se réjouit Johanna Rolland, Maire de Nantes et Présidente de Nantes Métropole. Collectivités, entreprises, ONG, associations, syndicats, organismes scientifiques... en tout, ce sont plus de 3000 représentants de la société civile de 62 nationalités différentes qui étaient au rendez-vous de cette première édition de Climate Chance, dépassant ainsi les attentes les plus optimistes. Pendant 3 jours, unis dans une dynamique collective, ils ont pu se rencontrer, débattre, échanger et mutualiser leurs expériences, les bonnes pratiques et les échecs, dessinant ainsi l’état de l’action à travers le monde en matière de lutte contre les dérèglements climatiques, mais soulignant aussi les opportunités naissant de ce combat résolu.

    17 coalitions thématiques en ordre de marche jusqu’en 2018

    Pour une plus grande efficacité, les actions de la société civile internationale doivent être inscrites dans une dynamique cohérente, durable et organisée. C’est la vocation des coalitions thématiques, qui rassemblent les acteurs mobilisés par secteur d'intervention (énergie, eau, transport, éducation, planification territoriale...). Ce sommet a été l’occasion de structurer et de renforcer les 15 coalitions existantes issues du Sommet de Lyon mais aussi de voir naître deux nouvelles coalitions: une coalition “Francophonie” et une coalition “Culture et climat”, chère au coeur de Nantes, visant à massifier les initiatives culturelles en faveur du climat qui émergent dans le monde entier.

    Chaque coalition dispose désormais d’une feuille de route claire jusqu’en 2018, résolument orientée vers l’action, avec l’objectif de contribuer à la réévaluation des engagements des Etats en 2018, étape indispensable pour tenir l’objectif de 2°C fixé dans l’accord de Paris. Aux Etats de nous proposer un cadre clair de coopération en vue de contribuer à ces réévaluations.

    La Déclaration de Nantes largement signée

    A six semaines de la COP22 de Marrakech, les acteurs non-étatiques, désormais en ordre de bataille, ont signé une déclaration commune sous le nom de “Déclaration de Nantes”. Dans celle-ci, ils exhortent les Etats à aller encore plus loin dans l’action pour atteindre les objectifs fixés lors de la COP21 et soumettent des propositions très concrètes pour y parvenir. “Le message est clair, indique Ronan Dantec, président de l’Association Climate Chance. On n’est plus dans le temps des déclarations, mais bien dans celui de l’action. Or c’est bien sur les territoires que l’action se passe. Les Etats ne peuvent pas faire sans la société civile. Climate Chance prouve que celle-ci est est disponible pour les aider à atteindre les objectifs”.

    Deux points émergent en particulier de cette déclaration: la volonté partagée des acteurs non-étatiques d’une approche décentralisée, avec des territoires moteurs de l’action climatique, et un accès aux financements facilités, notamment pour les pays du Sud.

    Fort du succès de cette première édition, Climate Chance s’installe désormais comme un rendez-vous incontournable de l’agenda climatique, avec une deuxième édition d’ores et déjà prévue au au Maroc à l’automne prochain.

  • 29 Septembre 2016. #Climat : « Les Etats ne peuvent pas agir sans la société civile », par Laetitia Van Eeckhot. Le Monde

    Synthèse très complète des trois jours de débat à Nantes lors du sommet mondial des acteurs non-étatiques, Climate Chance, et des messages communs qui en sont ressortis.

    Par Laetitia Van Eeckhout. Article à lire en ligne ici.

     Climate Chance, Nantes, plénière d'ouverture

    Hoesung Lee, président du Giec, lors de l'ouverture du Climate Chance Laurence Tubiana, championne du climat Hakima El Haite, Ministre déléguée auprès du Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement chargée de l’Environnement du Maroc

    « Il faut de l’action, de l’action, de l’action », a martelé Armand Béouindé, le maire de Ouagadougou (Burkina Faso), en ouverture du sommet Climate Chance qui a réuni à Nantes, du 26 au 28 septembre, plus de 3 000 acteurs non étatiques d’une soixantaine de pays engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique.

    Durant trois jours, collectivités territoriales, organisations syndicales, ONG, communauté scientifique et entreprises ont échangé, débattu, mutualisé leurs expériences, leurs succès et leurs difficultés.

    La ville d’Utrecht, aux Pays-Bas, qui promeut la voiture électrique et l’installation de panneaux photovoltaïques ; une communauté villageoise d’Éthiopie qui apprend à transformer les déchets en biogaz, évitant ainsi aux femmes de devoir ramasser du bois pour cuisiner ; le Costa Rica, surnommée la « Suisse de l’Amérique centrale », qui ambitionne d’être un pays neutre en carbone en 2021 ; la métropole catalane de Barcelone qui vise l’autosuffisance énergétique et le 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2050... Autant de projets qui témoignent du foisonnement des réalisations de terrain et des opportunités naissantes à travers le monde.

    Neuf mois après la Conférence climat de Paris (COP21) et à quelques semaines de la COP22 de Marrakech au Maroc, la première édition de Climate Chance s’est voulu un antidote au fatalisme. Car si l’agrégation des engagements volontaires des Etats laisse encore la planète sur une trajectoire de 3 °C, ces initiatives et solutions concrètes rendent crédible l’objectif de 2 °C fixé par l’accord de Paris, estiment les intervenants présents à Nantes.

    Organisés en autant de coalitions thématiques qu’englobe le sujet climat (les transports, l’énergie, l’habitat durable, la forêt...), les acteurs non étatiques se sont montrés déterminés à porter des propositions constructives et précises permettant aux Etats de procéder, dès 2018 – le point d’étape prévu dans le texte de l’accord de Paris – à une réévaluation à la hausse de leurs contributions.

    Méthode à confirmer

    Une détermination encouragée par Laurence Tubiana, l’une des deux « championnes du climat » (avec la Marocaine Hakima El Haïte) missionnées pour maintenir la dynamique enclenchée par l’accord de décembre 2015. Celle qui est pour quelques semaines encore ambassadrice chargée des négociations climatiques pour la France a salué la capacité des acteurs non gouvernementaux « à rendre les Etats plus courageux : c’est parce qu’il y a eu cette coordination fantastique des acteurs non étatiques que la COP21 a été un succès. Cette méthode est à poursuivre. »

    Pour le sénateur écologiste de Loire-Atlantique Ronan Dantec, porte-parole chargé du climat pour l’organisation Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) et l’un des instigateurs de ce premier sommet Climate Chance, le message est clair : « Aujourd’hui, nous voulons dépasser la reconnaissance et être dans la collaboration concrète avec les États. Le temps n’est plus aux déclarations, mais à l’action. Et les Etats ne peuvent pas faire sans la société civile. Car c’est dans les territoires que l’action se passe. »

    Dans leur déclaration finale, les acteurs non étatiques insistent sur cette nécessaire approche décentralisée de l’action climatique. Parce qu’elles concentrent un ensemble d’acteurs et parce qu’« elles sont beaucoup plus souples, plus agiles que les Etats », « les villes ont une responsabilité particulière. Elles sont des territoires de solutions, des accélérateurs de changement », insiste Johanna Rolland, la maire (PS) de Nantes.

    C’est vrai pour les villes du Nord mais tout autant pour les villes du Sud, qui aimeraient voir leur capacité d’intervention renforcée. « L’innovation peut naître de grands comme de petits projets. En tant que ville, on s’intéresse à des solutions pratiques dont on sait qu’elles auront un impact », souligne Jennifer Semakula Musisi, directrice exécutive de la capitale de l’Ouganda, Kampala, qui, dit-elle, encourage le recyclage des déchets en briquettes combustibles, solution se substituant au charbon tout en offrant une possibilité de revenu supplémentaire à ses habitants.

    « Pour accélérer la transition écologique, il faut arriver à responsabiliser les citoyens, appuie le maire de Séville, Juan Espadas, présent à Nantes. Les impliquer dans la recherche de solutions est le gage d’une évolution de leur comportement. Car au final, c’est eux qui décident... de se déplacer en transports en commun ou de continuer à prendre leur voiture, par exemple. »

    Pour les acteurs non étatiques, cette approche décentralisée ne va pas sans un accès facilité pour les collectivités territoriales, et notamment celles des pays en développement, aux fonds climat (fonds d’adaptation, fonds vert pour le climat, fonds pour l’environnement mondial...). Dans leur déclaration finale, ils exhortent les pays développés à tenir « concrètement » l’engagement pris en 2009 lors de la COP de Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars (112 milliards d’euros) par an pour le climat.

    « Crédibilité de l’accord de Paris en jeu »

    « Réunir les 100 milliards et clarifier son affectation sera un enjeu majeur de la COP22. Marrakech sera la COP de l’action et de l’innovation dans la feuille de route financière, a promis Hakima El Haïte, par ailleurs ministre déléguée de l’environnement du Maroc. Il en va de la crédibilité de l’accord de Paris. Les pays les plus vulnérables attendent des annonces... des allocations. » « Indispensables pour tous ces investissements qui concernent des publics vulnérables et sont peu rentables, ces fonds doivent être mis à disposition sous forme de dons et non de prêts », a insisté Claire Ferhenbach, directrice générale d’Oxfam France, relayant une conviction largement partagée par les acteurs non étatiques.

    De fait aujourd’hui, le financement actuel de l’adaptation au changement climatique permet essentiellement de soutenir des projets et des organismes nationaux de grande envergure, et délaisse le niveau local, jugé moins sûr. « Les gestionnaires de fonds restent dans une logique financière. Il faut pourtant amener les ressources au niveau local. Et ceci est possible sans que les fonds ne soient détournés, en impliquant les acteurs dans la définition des besoins, des solutions, comme des critères de performance et d’évaluation » insiste Luc Gnacadja, représentant du conseil d’administration du Fonds Local Climate Adaptative Living.

    Lancé par le Fonds d’équipement des Nations unies, ce programme subventionne, dans les pays les moins avancés, des projets d’adaptation de petite et moyenne taille visant au renforcement de la résilience au changement climatique : réhabilitation d’un puits permettant de réduire les distances à parcourir pour collecter l’eau, installation de cordons pierreux permettant de retenir l’eau et d’augmenter la capacité des terres à produire, installations de panneaux solaires, etc.

    L’apport est directement versé au territoire porteur du projet, et est rendu pérenne par un engagement du gouvernement à prendre à moyen terme la relève de ce transfert de ressources. « S’appuyer sur les acteurs et pouvoirs publics locaux qui sont les mieux à même de définir les priorités et les solutions est un gage d’efficience et de pertinence de l’investissement », insiste cet ancien ministre de l’environnement et du développement urbain du Bénin.

  • 3 décembre 2015. #COP21. Le moniteur.fr : La société civile engagée dans le changement climatique se donne déjà rendez-vous après la COP21

    «Climate Chance», le premier sommet mondial des acteurs non-étatiques engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique, se tiendra à Nantes, du 26 au 28 septembre 2016.

    Publié par Jean-Philippe Defawe (Bureau de Nantes du Moniteur) : ici

    Parce que les collectivités, les entreprises, les associations, les syndicats, les organismes scientifiques et les citoyens de tous pays sont au premier rang de la lutte contre le dérèglement climatique, Nantes, élue capitale verte de l’Europe en 2013, invite ces acteurs à se rencontrer pour partager les solutions concrètes qu’ils expérimentent avec succès sur le terrain. C’est ainsi qu’est née l’idée de «Climate chance», le premier sommet mondial des acteurs non-étatiques engagés dans cette lutte.

    «La COP21 n’est qu’un début: après le temps des négociations viendra celui de l’action. De l’action résolue. Climate Chance doit être un accélérateur de l’action pour le climat» a déclaré Johanna Rolland, Présidente PS de Nantes Métropole.

    Quelques mois après la COP21, la société civile tirera donc les premiers enseignements des engagements pris par les Etats et de leurs premières réalisations concrètes. A quelques semaines d’habitat III à Quito et de la COP22 au Maroc, ce sommet sera également l’occasion de délivrer les nouveaux messages communs des acteurs non-étatiques.

    «Lors du sommet Ecocity en 2013, nous avons démontré la capacité des acteurs non étatiques à travailler ensemble» explique Ronan Dantec, conseiller municipal EELV de Nantes et porte-parole climat de Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU). «Après le sommet de Lyon en juillet 2015, le rendez-vous de Nantes ancre dans la durée la collaboration entre acteurs non étatiques, sans la mobilisation desquels les états n’atteindront pas leurs propres engagements sur la réduction de gaz à effet de serre» ajoute-t-il.

    Focus


    Contributions

    Un appel à contribution sera lancé du 15 janvier au 7 avril 2016 auprès de tous les acteurs non-étatiques qui souhaitent présenter et partager leurs initiatives, innovations, bilans d’actions, réflexion... pour sélectionner les communications nourrissant les ateliers. «Les thématiques choisies – adaptation, coopération et planification territoriales, économie et emploi, forêts, transport, énergies... – seront toutes abordées avec les mots-clés d’une action réussie: Penser, Faire, Mobiliser, Financer» indiquent les organisateurs.

    Plus d’informations sur le site climatechance2016.com

  • 31 aout 2016. Article dans l'Opinion.fr sur l'après #COP21 et la longue route de la ratification

    " Ce n’est pas tant la rapidité de la ratification qui importe mais plutôt celle de mise en œuvre des actions, par exemple, sur les questions d’accès au financement et du prix du carbone ", juge Ronan Dantec. A Nantes, où se tiendra fin septembre, le premier sommet mondial des acteurs non étatiques engagés dans la lutte contre le dérèglement climatique, on devrait avoir une bonne idée de l’état des lieux dans ces domaines cruciaux.

    => Déjà plus de 1500 inscrits au Climate Chance, le sommet des acteurs non étatiques, 26 au 28 septembre à Nantes. Il est encore temps de vous inscrire ici !

     

    Accord sur le climat : la longue route de la ratification

    par Irène Inchauspé et en ligne ici

    Certains pays ne savent même pas qu’il faut ratifier le texte. Ils l’ont signé à Paris et pensent que les choses sont faites...

    Les faits - La ministre française de l’Environnement Ségolène Royal vient de souligner « l’urgence » à ratifier l’accord de Paris sur le climat, au terme d’une visite dans l’Arctique où l’impact du réchauffement est deux fois plus rapide que sur le reste de la planète.

    Le 22 avril, aux Etats-Unis, s’est tenu la cérémonie d’ouverture à la signature de l’Accord de Paris sur le Climat. Moins spectaculaire que celle des JO, elle était tout de même le point d’orgue des négociations de la « fameuse » COP21. Quatre mois plus tard, le 21 août, la ministre de l’Environnement, au terme d’un voyage en Arctique, a pourtant souligné « l’urgence absolue » à le ratifier.

    Seuls 22 pays l’ont fait pour l’instant et principalement de petits Etats insulaires. Ces derniers sont les plus concernés par le changement climatique : la fonte des glaces polaires induite par le réchauffement cause l’élévation du niveau des océans et l’érosion progressive de leurs côtes. Il faut donc absolument que l’effervescence constatée lors de la COP21, et confirmée le 22 avril 2016, se maintienne pour espérer une entrée en vigueur rapide de l’accord.

    Scénario catastrophe de Kyoto. Il s’agit d’éviter le scénario catastrophe de l’accord de Kyoto, dont la ratification a pris plus de huit ans. A l’époque, Bill Clinton n’avait pas transmis au Sénat américain le texte pour ratification. « Or la constitution des Etats-Unis est très claire : un accord international ne peut entrer en application sans être ratifié par le Sénat, quelle que soit l’ambition du Président, avis à tous les négociateurs climat ! » écrivent Christian de Perthuis et Raphaël Trotignon, dans leur livre Le climat, à quel prix ?.

    Un avis que Barack Obama semble ne pas avoir suivi... Sa principale mesure en matière climatique, le Clean Power Plan, est actuellement remise en cause par une procédure judiciaire engagée par 27 Etats, principalement républicains, des groupes industriels liés à l’activité charbonnière, et différents lobbies. « Le ralliement de Michael Bloomberg, très impliqué dans les questions climatiques, à Hillary Clinton est très important, juge cependant Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique. Si cette dernière est élue, il n’y aura aucun problème sur la ratification du traité, un moyen sera trouvé pour y parvenir ».

    Si les Etats-Unis signent, la Chine devrait suivre. A eux seuls, ils totalisent 38 % des émissions de gaz à effet de serrer ; et pour entrer en vigueur, l’Accord de Paris doit être ratifié par au moins 55 pays représentant 55 % des émissions. Pour Ronan Dantec, le risque serait plutôt en Europe. « Les prochaines négociations du paquet européen “énergie-climat” qui devaient être dirigées par les Britanniquess, vont être très dures. Il faudra être très vigilant » prévient-il.

    Pour compliquer un peu plus le tableau, les principaux artisans de l’accord de Paris, Laurent Fabius, Ban Ki Moon, Christina Figueres et Laurence Tubiana, ne sont plus, ou ne seront bientôt plus aux commandes. Le premier, qui a voulu dans un premier temps cumuler les fonctions de président du Conseil constitutionnel et de président de la COP21 a dû abandonner cette dernière à Ségolène Royal. Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU quittera son poste à la fin de l’année, tandis que Christina Figueres, chargée des négociations climatiques pour l’organisation, ne vise pas une prolongation de son mandat. Laurence Tubiana, jusqu’alors négociatrice en chef du Quai d’Orsay sur les questions climatiques, s’est portée candidate pour la remplacer. A priori, cela pourrait être utile pour accélérer la ratification de l’accord. Mais les relations entre Ségolène Royal et Laurence Tubiana ne faciliteront pas les choses.

    « Ce n’est pas tant la rapidité de la ratification qui importe mais plutôt celle de mise en œuvre des actions, par exemple, sur les questions d’accès au financement et du prix du carbone », juge Ronan Dantec. A Nantes, où se tiendra fin septembre, le premier sommet mondial des acteurs non étatiques engagés dans la lutte contre le dérèglement climatique, on devrait avoir une bonne idée de l’état des lieux dans ces domaines cruciaux.

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