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À J-50 de la COP 22, favorisons l'implication de la société civile et des territoires pour avancer vite et bien

La lutte contre le réchauffement climatique est désormais une impérieuse obligation pour éviter que le 21e siècle ne s'abîme dans une succession de crises sociales et environnementales. L'actualité le rappelle chaque jour, l'urgence est réelle, les défis sont connus : le dérèglement climatique est source de nouveaux déséquilibres, avec le risque de migrations de réfugiés climatiques, de nouvelles fractures entre le Nord et le Sud, et d'inégalités accrues dans nos territoires... L'Accord de Paris sur le climat, signé le 22 avril dernier à New-York par près de 170 Etats, suite à la COP21, n'est évidemment pas une fin, mais un début : sans dynamique d'actions fortes, à la hauteur des efforts de réduction d'émissions que nous demande la communauté scientifique, l'espoir qu'il suscite pourrait laisser place à un dangereux climato-fatalisme.

Prendre en compte le rôle déterminant de la société civile dans l'action climatique

Pour accélérer les efforts d'atténuation et d'adaptation, l'action climatique ne doit pas être vécue comme un fardeau, mais au contraire comme une formidable opportunité d'innovation, de progrès technologique et industriel, de créations d'emplois et de renforcement de la cohésion sociale. Cela implique des changements structurels de notre modèle de société et un mode de gouvernance adapté aux enjeux, impliquant davantage la société civile.

Car sur le plan de la lutte pour le climat, elle a un toujours un temps d'avance. Son rôle a été primordial dans la prise de conscience de ces enjeux climatiques. Elle porte souvent les solutions concrètes dans les territoires. L'action au quotidien des villes, des associations, des ONG, des syndicats, des entreprises, et bien sûr de nous tous en tant que citoyens, est tout à fait déterminante pour peser sur les engagements pris par les États... et pour que ces engagements soient tenus.

Villes et territoires aux avant-postes de la dynamique d'atténuation

Comme cela a été souligné en 2015 lors des sommets mondiaux de Paris et de Lyon, les territoires, notamment, ont un rôle clef comme espace pertinent pour une approche cohérente de l'action publique en faveur du climat. Amenées à accueillir une part de plus en plus majoritaire de la population mondiale, villes et métropoles ont une responsabilité particulière à assumer, car elles concentrent capacités économiques et d'innovations. Dans un monde en pleine mutation, elles sont des espaces de solution, des accélérateurs de changement, à même de nous faire prendre le chemin des transitions écologique, numérique, démographique.

C'est vrai pour les villes du Nord mais tout autant pour celles du Sud, qui doivent voir leur capacité d'intervention renforcée. C'est à cette échelle, dans une volonté d'alliance des territoires, entre le nord et le sud, l'urbain et le rural, entre les agglomérations et les régions, au bénéfice de tous, que nous devons fédérer les énergies, accompagner et renforcer les acteurs locaux, de manière plus souple, plus réactive, plus efficace que la seule action des États.

La dotation financière des territoires au cœur des enjeux de l'après COP 21

Pour atteindre cet objectif, le rôle des territoires doit être mieux reconnu par les États. Cela passe par une confiance renforcée grâce d'un côté à des méthodologies fiables pour évaluer l'action des collectivités locales, de l'autre l'instauration de cadres solides et pour financer l'action.

A cet égard, nous soutenons en France le principe d'une dotation financière nouvelle et additionnelle pour les intercommunalités et les régions, leur permettant d'engager activement leurs plans climat, qui relèvent dorénavant d'une compétence obligatoire depuis les lois de décentralisation et de transition énergétique de 2015. Financée par l'augmentation attendue des recettes de l'Etat liées à la montée en puissance de la contribution climat-énergie, elle pourrait atteindre un milliard d'euros par an.

En n'étant versée qu'aux intercommunalités et régions ayant adopté et mis en œuvre leurs PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial) et SRCAE (Schémas Régionaux Climat Air Energie), cette dotation serait un puissant levier de mobilisation, de développement rapide d'actions locales concrètes et ambitieuses, sans lesquelles, faut-il le rappeler, la France ne peut tenir ses propres engagements internationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L'accès facilité aux financements climats est un outil incontournable de l'action climatique et une priorité qui doit être inscrite à l'agenda de la COP 22. Car c'est bien cela l'enjeu de l'après COP21 : mobiliser tous les acteurs, partir de leurs initiatives concrètes et les mettre en résonance, permettre leur généralisation afin que tous ensemble, nous construisions un scénario crédible pour stabiliser la hausse des températures, renforcer la résilience des territoires et faire de la lutte contre le réchauffement climatique une chance pour imaginer un futur plus solidaire et durable.

Johanna Rolland et Ronan Dantec sont organisateurs du Sommet Climate Chance, qui réunira, à Nantes, du 26 au 28 septembre, collectivités, entreprises, associations, syndicats, organismes scientifiques et la société civile internationale.