Discours d’ouverture du sommet Climate Chance sur les énergies renouvelables en Afrique.

À l’occasion du 6e sommet Climate Chance Afrique, organisé avec la ville de Cotonou les 27&28 octobre, c’est un honneur d’accueillir près de 1000 personnes autour des enjeux de développement des énergies renouvelables en Afrique.

Messieurs les ministres,
Abdoulaye Bio TCHANE, ministre d’État, Représentant le Chef de l’État : discours d’ouverture du Sommet
Raphaël AKOTEGNON, ministre de la Décentralisation du Bénin
José Dider TONATO, ministre du Cadre de vie et du Développement durable, ministre de l’énergie

Monsieur le maire de Cotonou, cher Luc Atropko,
Cher Luc Gnacadja, monsieur le ministre, un titre qui se garde même quand on n’en n’a plus la charge,
et monsieur le vice-président de Climate Chance, et là, il en a toujours la charge,
Monsieur le directeur de l’association internationale des maires francophones, Frédéric Vallier,
Et madame la vice-présidente de cités Unies France, chère Michèle Rubirola,
Mesdames et messieurs les ambassadeurs et ambassadrices,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les maires et élus locaux,
Mesdames et messieurs, les acteurs économiques et représentants des ONG,
Chers amis,
 
C’est un plaisir renouvelé pour le président de Climate Chance d’ouvrir un sommet Climate Chance Afrique, Le 6ème du nom. Il vient deux ans après celui de Yaoundé où nous avons collectivement adopté, Luc Gnacadja en fut l’artisan, la feuille de route sur l’habitat durable en Afrique. Il vient 8 ans après Agadir où nous avions, avant la COP de Marrakech, publié une déclaration des acteurs non étatiques sur les priorités d’action climatique, qui reste à ce jour-là plus largement signée de l’histoire des négociations sur le réchauffement, avec près de 1000 organisations signataires.
 
Si je débute mon intervention par ce rappel de l’histoire des sommets africains organisés par Climate Chance, c’est pour souligner, avant que nous ne commencions nos travaux, qu’un sommet, ce n’est pas juste un moment ensemble, même s’il est toujours important de se rencontrer et d’échanger de visu, de faire communauté, un sommet Climate Chance c’est un temps collectif qui doit participer du débat international, qui légitime des propositions collectives qui doivent ensuite influer sur les décisions prises dans les instances de la gouvernance mondiale, interpeller et convaincre les principaux dirigeants mondiaux. 
Dans le cas présent, ce sommet s’inscrit à quelques jours de la COP de Belem au Brésil, 10 ans après la COP de Paris, qui avait suscité un vrai espoir de remettre le monde sur une trajectoire crédible de stabilisation du climat mondial sous les 1,5 degrés de réchauffement.
 
1,5 degré d’augmentation des températures par rapport à la période préindustrielle, +1,5 degré, c’est l’augmentation mesurée à la surface du globe en 2024, année la plus chaude jamais enregistrée. Il n’aura donc fallu que 10 ans pour franchir cette limite, les scientifiques nous avaient pourtant alerté sur les risques de ce dépassement. Mais, toujours à sa soif d’énergies fossiles, notre monde rechigne à changer de modèle, et prend le risque de sacrifier son avenir à ses désirs et besoins réels de développement immédiat.
 
Cette contribution au réchauffement global, vous le savez, concerne peu l’Afrique, qui ne représente que 4% des émissions mondiales, et de moins en moins l’Europe, qui ne représente plus que 9% de ces émissions, y compris en y intégrant les émissions de fabrication des biens importés. 
 
Europe + Afrique, c’est aujourd’hui seulement 1/6ème des émissions mondiales, mais ce sont par ailleurs les deux continents plus vulnérables face aux conséquences du réchauffement climatique. L’Europe, parce qu’elle se réchauffe plus vite que le reste du monde, l’Afrique parce qu’elle est particulièrement exposée sur ses productions agricoles.
 
Nous avons donc un intérêt commun évident à renforcer nos coopérations, à nous faire entendre ensemble sur la scène internationale.  C’était le sens de la déclaration de Marseille du précédent sommet Climate Chance sur le renforcement de la coopération entre l’Europe et l’Afrique sur l’adaptation au réchauffement climatique, largement signée par tous les grands réseaux d’acteurs non-étatiques des deux continents. Face au défi climatique, nous avons destins liés. L’Europe, historiquement leader dans les négociations climatiques sur la scène internationale, a besoin du poids politique de l’Afrique pour l’accompagner, pour peser sur les conclusions de ces négociations. Mais elle doit aussi plus fortement accompagner les pays africains dans leur transition. Ils ont aussi besoin, je ne vous apprends rien, de financements directs, de prêts à taux réduits qui permettent le retour sur investissement, de données fiables et d’échanges de technologie.
 
C’est particulièrement vrai dans le domaine des énergies renouvelables, c’était le débat de ce matin. Malheureusement, la voie dans laquelle s’engagent aujourd’hui nombre de pays occidentaux n’est pas celle du renforcement de la coopération avec l’Afrique. Il nous faut convaincre que le repli sur soi, la baisse des fonds internationaux dédiés au partenariat sont un mauvais calcul de court terme qui se retournera contre nous tous.  La déclaration de Cotonou dont nous allons débattre pendant deux jours sera un outil précieux dans ce sens.  Sa légitimité viendra du nombre de ses signataires, de la diversité des réseaux et organisations qui la soutiennent, et de la qualité des débats que nous aurons avec vous pendant ces deux jours.
 
Je le redis, accélérer le déploiement des  énergies renouvelables en Afrique, c’est aider au développement du continent, faciliter l’accès à l’énergie pour tous, dans les zones rurales comme dans les quartiers d’habitat informel. C’est aussi éviter que les émissions de CO2 du continent n’augmentent alors que la consommation d’énergie fossile est la raison principale du réchauffement.
 
Mais le sommet de Cotonou ne se limite pas à ce premier enjeu. Sur l’adaptation au réchauffement climatique l’Alliance des Villes Côtières d’Afrique de l’Ouest verra le jour ici, sous l’impulsion de Luc Atropko, le maire de Cotonou, et en lien avec la Maison du Climat. Les sujets sur lesquels cette alliance aura à intervenir sont nombreux et nous en débattrons durant le sommet : que ce soit la montée des eaux, l’avenir de la pêche côtière, les pollutions, etc.
 
Je salue la présence d’une délégation de la ville de Nice, et évidemment, cette alliance s’inscrira dans le cadre de l’Alliance mondiale lancée à Nice, par le Maire Christian Estrosi, pour des plaidoyers communs, et en lien avec les grands réseaux de collectivités présents ici, l’AIMF, CGLU ou ICLEI.
 
Enfin, on ne peut pas parler de climat sans parler de biodiversité, tous les enjeux sont liés. Ainsi, dans le cadre de la coalition sur les corridors de biodiversité en Afrique dont Climate Chance assure le secrétariat, nous aurons des ateliers passionnants sur les solutions fondées sur la nature, sur l’agriculture régénérative, sur les financements innovants, et sur l’avenir de l’éléphant en Afrique de l’Ouest.  Ce dernier atelier sera l’occasion de rassembler tous les acteurs mobilisés sur cet enjeu, y compris les ivoiriens. Même si j’ai bien noté que les guépards du Bénin, qualifiés pour la coupe d’Afrique des nations, seront sans pitié pour les éléphants de Côte d’Ivoire. Mais là, c’est du football plus que de la biodiversité. Je m’éloigne, mais renforcer le dialogue entre acteurs pour peser ensemble, avoir des actions plus cohérentes et coordonnées, c’est la raison d’être de Climate Chance, et nous sommes très heureux de modestement contribuer à cette action clé qu’est la sauvegarde des populations d’éléphants d’Afrique de l’Ouest, aujourd’hui très menacées.
 
Je voudrais vous dire en conclusion à quel point nous sommes convaincus à Climate Chance de l’importance de cette coopération entre l’Europe et l’Afrique, que nos destins sont liés, et plus par notre avenir commun que par notre histoire passée. Quand nous avons créé Climate Chance, avec d’éminents acteurs de l’action climatique, anciens ministres, directeurs et secrétaires généraux de grandes associations internationales de collectivités, de dirigeants d’entreprises, d’ONG, avec dès le départ des personnalités africaines et européennes, nous étions tous déjà animés par cette conviction. Dix ans plus tard, alors que nous subissons chaque jour davantage les conséquences du réchauffement, notre conviction de la nécessité de ce projet et de ces plaidoyers communs est encore renforcée. Et je voudrais donc conclure par ces mots de Luc Gnacadja, membre fondateur de CC, qui nous dit que nous avons besoin d’un pacte euro-africain de la mutualité. Cher Luc, je crois qu’avec ce sommet, nous y contribuons. 

Je vous remercie

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